nostalgie des maisons de la presse

Quand j’avais treize ou quatorze ans, on trouvait encore des bouquins de cul dans les maisons de la presse – en tout cas, dans celle de ma toute petite ville, perdus entre deux éditions de poche de Stephen King et un bouquin de régime.

Et c’est donc là que j’ai volé – oui, volé, parce que j’étais trop coincé pour oser acheter un tel truc – mon premier porno : je ne me souviens plus du titre ni de l’auteur, mais il faisait en tout cas partie de la collection Confessions Érotiques, dirigée par Esparbec, et je n’ai certainement pas oublié son intrigue : une jeune fille envoyée en colonie de vacances devient la souffre-douleur de toute une bande de délurées. Une scène notamment m’a hanté : l’héroïne, après une séance particulièrement salée, à genoux devant la porte séparant sa chambre d’une autre, observe par le trou de la serrure une de ses persécutrices se branler avec un crayon. À la fin, l’adolescente jouit tellement fort que le crayon, planté encore dans sa chatte, bouge tout seul, tel un objet doué de volonté propre, ou tel une bite autonome, une bite sans corps mais pleine de vie – et la voyeuse se branle bien sûr à son tour, et jouit elle aussi.

Rien qu’à vous raconter cette scène, l’émotion de l’époque me saisit à nouveau. Alors vous pouvez imaginer ma joie quand, en 2008, vingt ans après cette période qui pour ma sexualité a été encore plus importante et fondatrice que mon dépucelage, La Musardine m’a demandé d’écrire des romans pour la collection Les Érotiques d’Esparbec, puis de m’occuper de l’animation de la page MesHistoirePorno !

Et depuis ce temps révolu (quand nous avons déménagé, pris de panique à l’idée que mes parents découvrent ma collection, je m’en suis débarrassée un matin, en allant au collège, les abandonnant en pile au coin d’une rue ; le soir, repassant par la même rue et constatant qu’ils ne s’y trouvaient plus, j’éprouverais un drôle de pincement au cœur : ma première rupture, et les bouquins pornos que j’achèterais au fil des années suivantes, qu’ils soient bons ou mauvais, n’auraient plu cette saveur spéciale du premier amour), chaque fois que j’ai entre les mains un Média 1000, l’odeur des pages agit sur moi comme la fameuse madeleine de Proust – cette senteur de vieux papier, qui me semble infinitésimalement différente de celle d’une Série Noire ou d’un J’ai Lu – et me réveille davantage que le plus puissant des aphrodisiaques !

  1. Ross Blackwell le à
    Ross Blackwell

    Hello,
    Do you have some explanation / promo in English?

    Thank you

    1. Auteurs Musardine le à
      Auteurs Musardine

      well, no, sorry

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