Salut à tous et à toutes !
Peut-être que vous vous demandez s’il existe des « trucs » pour écrire une bonne histoire de cul ?
Si vous envisagez de poster des textes sur MesHistoiresPorno, ou de proposer un manuscrit à La Mauvaise Herbe, sachez que non : il n’existe aucune tactique qui marcherait à tous les coups pour rendre une histoire passionnante ou une scène érotique excitante. En revanche, si vous observez quelques règles simples mais indispensables, vous augmenterez nettement vos chances de captiver votre auditoire et de le faire bander ou mouiller !
Voici pour vous aider une série de cinq articles. (Pour lire les deux précédents, cliquez ici et ici). Après avoir parlé de la concision et des personnages, et avant d’aborder la manière d’écrire une scène de cul – je devais parler de ça aujourd’hui mais finalement ce sera pour la prochaine fois – je voudrai vous entretenir de la notion d’intrigue et de respect du genre.
(Euh, je parle bien de genre littéraire, hein, pas de genre au sens biologique du terme !)
L’INTRIGUE
En fiction, certains textes fonctionnent simplement sur une situation, d’autres sur une intrigue. Si la situation de départ est extrêmement originale, dense et fertile en possibilités de développement, elle peut suffire. Mais – et c’est un défaut que je rencontre dans beaucoup de manuscrits qui me sont soumis – certains auteurs commettent l’erreur de se beaucoup trop reposer sur une mise en place qui leur semble bien plus riche qu’elle ne l’est en réalité. En conséquence, leur livre ressemble davantage à une succession de sketches pornos reliés par un vague fil rouge qu’à un véritable roman, et le lire ne présente aucun intérêt, ou très peu.
C’est pour cette raison qu’avoir recours à une intrigue est important. Une intrigue, c’est tout simplement la réponse à quatre questions évidentes :
— Que veulent les protagonistes ?
— Quels obstacles se dressent entre leur objectif et eux ?
— Quels moyens vont-ils employer pour en triompher ?
— Y parviendront-ils ?
La réponse à ces quatre petites interrogations en apparence anodine, c’est tout simplement votre histoire ! Si vous vous tenez fermement accroché à ce schéma simplissime, vous limiterez énormément les risques de caler en chemin, de vous trouver à mi-course sans plus savoir quoi dire, ou d’enfiler les scènes de cul comme d’autres les perles, avec monotonie et platitude. Et puisqu’on parle ici de littérature porno, les réponses à ces questions tourneront évidemment surtout autour du désir, du plaisir, de la libido et des fantasmes.
LE GENRE
En porno, comme dans d’autres genres (polar, SF, horreur, etc.), il n’existe pas cinquante mille canevas d’intrigues. Je ne sais plus qui a affirmé que la totalité des westerns tournés au cinéma reposent sur une dizaine de structures narratives en tout et pour tout et qu’il n’y avait pas besoin de plus. Eh bien, non seulement ce type (vous connaissez son nom ? Écrivez-moi !) avait raison, mais en plus ce qu’il prétend est exact pour toute la littérature. Connaître et savoir utiliser les codes et les stéréotypes du genre dans lequel on veut écrire, c’est d’une part bien utile pour gagner du temps, et d’autre part essentiel pour éviter de commettre des bourdes.
Vous allez me dire : mais si moi je veux exprimer ma sensibilité profonde et unique à travers un scénario à l’originalité folle ?
D’abord, si vous imaginez pouvoir raconter une histoire qui ne l’a jamais été depuis cinq mille ans que la littérature existe, chapeau, vous avez un moral d’acier, j’aimerais être comme vous.
Et ensuite (plus sérieusement), la littérature, c’est assez comparable à la cuisine, sur ce point : il y a d’un côté les grands chefs, qui inventent des plats, comme Paul Bocuse, et de l’autre les recettes traditionnelles, comme par exemple le bœuf bourguignon.
Je crois que la littérature de genre s’apparente davantage au bœuf bourguignon qu’à Paul Bocuse. Attention ! Je ne suis pas en train de vous expliquer que l’un est plus facile et moins « noble » que l’autre : il s’agit plutôt de deux disciplines différentes, chacune présentant ses propres exigences.
Et je ne vous demande pas non plus de suivre à la lettre la recette du bœuf bourguignon, comme un brave et bête petit soldat. Le bœuf bourguignon, après tout, chacun a sa manière de l’accommoder, chacun possède ses variantes et son style. Mais nous sommes tous d’accord pour considérer que si les morceaux de bœuf ne sont pas fondants, et que la sauce n’est pas onctueuse et épaisse, le plat est raté.
Une intrigue de genre, c’est pareil : on peut la triturer dans tous les sens, mais si elle n’obéit pas à un certain nombre de codes et de passages obligés, elle tombe à plat et le livre avec elle, et la bite du lecteur s’effondre elle aussi, et la chatte de la lectrice s’assèche tel un triste ruisseau au cœur de la Lozère et au milieu de l’été. La capacité professionnelle de l’auteur, ou la maîtrise de son artisanat, comme vous préférez, consiste donc en premier lieu à identifier vers quel type d’intrigue se dirige son récit, et à en posséder une connaissance assez grande pour pouvoir l’utiliser bien et s’y sentir à l’aise.
Et cette capacité, cette maîtrise, comment s’acquièrent-elles ? C’est très simple : en écrivant beaucoup, tout le temps, et en lisant encore plus. Un écrivain qui ne lit pas est un écrivain mort, créativement parlant.
Si vous voulez écrire de la littérature porno, lisez-en ! Plein ! De la bonne, de la mauvaise, des chefs-d’œuvre et des croûtes, de l’ancienne et de la contemporaine ! Lisez tout ce qui vous tombe sous la main et décortiquez, tentez de comprendre pourquoi ça marche ou pourquoi ça ne marche pas, essayez de repérer les schémas, les outils, les structures.
Et garnissez-en votre boîte à outil.
Ce que vous décrivez comme arc narratif commun pou à peu près l’ensemble des récits écrits ressemble au « monomythe » décrivant le parcours d’un héros dans sa quête (dans notre cas, avec sa quequette, ahahah, hum, désolé) et sa transformation. Ici la page Wikipedia en anglais sur le sujet : https://en.m.wikipedia.org/wiki/Hero%27s_journey
Sinon, oui, il faut lire lire lire (et encore lire) et ne pas hésiter à tuer froidement ses créations, pour ne pas les trimballer plus tard et être libre de créer ailleurs autre chose. Une sorte de tueur sans gage (sans gag !)… Être sans pitié avec soi-même en somme et ça, beaucoup n’en ont pas l’égo assez résistant
La question que je me pose c’est si des textes terriblement érotiques peuvent devenir de grands textes. Mes recherches et lectures récentes m’indiquent que oui, bien sûr !
Je ne décris pas un arc narratif, je donne la définition la plus minimaliste de ce qu’est la fiction, et on trouve la source chez Aristote 🙂