conseils d'écriture (4/5)

Salut à tous et à toutes !

Peut-être que vous vous demandez s’il existe des « trucs » pour écrire une bonne histoire de cul ?

Si vous envisagez de poster des textes sur MesHistoiresPorno, ou de proposer un manuscrit à La Mauvaise Herbe, sachez que non : il n’existe aucune tactique qui marcherait à tous les coups pour rendre une histoire passionnante ou une scène érotique excitante. En revanche, si vous observez quelques règles simples mais indispensables, vous augmenterez nettement vos chances de captiver votre auditoire et de le faire bander ou mouiller !

Voici pour vous aider une série de cinq articles. (Pour lire les trois précédents, cliquez ici, ici et ici). Après avoir parlé de la concision, des personnages, de l’intrigue et du genre, j’en viens enfin au cœur du sujet : LA SCÈNE DE CUL.

Dans certains manuscrits que je reçois, et dans certains textes qui sont postés sur MesHistoiresPorno, je constate un écueil récurrent auquel les auteurs peuvent se heurter. Cet écueil peut se manifester de deux manières différentes et trouve son origine dans un problème déjà évoqué au cours de mon premier article : mal connaître son personnage est le meilleur moyen de foirer ses scènes de cul.

Les rater, ça ne veut pas dire mal les écrire (ça, on en parlera la semaine prochaine). Ça veut dire les imaginer sans tenir compte de la libido du personnage.

Quelle est la conséquence ? Eh bien, une scène de cul mal pensée n’est pas vivante, et donc pas intéressante, et donc risque fort de ne pas être excitante. Il existe principalement deux manières de mal penser une scène de cul :

La première, la plus naïve, c’est de ne pas penser du tout. C’est alors sa propre libido et ses propres fantasmes que l’auteur met généralement en scène. Conséquence : toutes les séquences porno se ressemblent. Les gestes, les envies, les orgasmes et même le vocabulaire sont identiques d’un protagoniste à l’autre, se suivent, se répètent au fil des chapitres et le lecteur et la lectrice finissent par ronfler et par réveiller tout le voisinage avec des bruits beaucoup moins sexy que prévus. Mauvais plan.

La seconde, la plus vicieuse (pas dans le bon sens du terme, hélas !), c’est de penser à la place du lecteur et de se demander ce qui l’exciterait, quelles sont les scènes érotiques qui en ce moment fonctionnent, et tenter de les fourrer dans la culotte de ses protagonistes en faisant fi de toute sincérité et de toute originalité.

Mais, évidemment, dans les deux cas on se plante. La pornographie ne consiste ni à se demander ce qui nous excite, ni à tenter de deviner ce qui excite le public, mais à s’efforcer de découvrir ce qui excite les personnages.

Et on en revient au premier article : IL FAUT LES CONNAÎTRE ! Il faut savoir ce qui les fait grimper au rideau, ce qui leur coupe les jambes, quels sont leurs tabous, leurs frustrations, leurs fantasmes inavouables, leurs secrets, leur expérience, leur vocabulaire, leur degré d’aisance et de honte vis à vis du cul, etc. Bref, tout ce qui constitue une vie sexuelle.

Et il n’est pas question, évidemment, de créer pour chaque personnage une petit fiche récapitulative dans laquelle on empile gratuitement des informations choisies plus ou moins au pif. Il est question au contraire de comprendre le personnage, de comprendre l’histoire qu’on veut raconter, et de faire en sorte que l’intrigue soit centrée sur l’évolution sexuelle des protagonistes et soit en cohérence avec ce dont on veut parler dans le livre.

Bien sûr, il ne faut pas confondre ce qu’on raconte et ce dont on parle. Ce qu’on raconte, c’est l’histoire, les péripéties ; ce dont on parle, c’est le propos du livre. Par exemple, mon roman Chaudasse ! raconte l’histoire d’une nana obsédée et exhibitionniste, et parle de la difficulté à aimer quand on est une post-adolescente soumise aux injonctions parfois difficiles à concilier de la société moderne et de ses propres pulsions.

C’est ce que font les personnages, et ce qui se passe dans leur tête, qui va servir de moteur et de véhicule pour exprimer tout ça. Et puisque nous sommes dans un roman porno, les scènes de cul ont évidemment une importance cruciale : elles doivent à la fois permettre à l’histoire (ce qu’on raconte) d’avancer, et aux thèmes (ce dont on parle) de se développer et s’approfondir, tout en nous en apprenant davantage sur les personnages et sur leurs rapports. Idéalement, chaque nouvelle scène de cul devrait faire progresser au moins un de ces éléments.

Et bien sûr, elles doivent être excitantes et donner envie de se branler.

Et ça, c’est aussi une question de vocabulaire et de rythme – mais nous en parlerons la semaine prochaine !

D’ici là, portez-vous bien et n’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions, des remarques et des commentaires.

Christophe Siébert

  1. Intransigeant le à
    Intransigeant

    Oui, il y a une dimension psychologique fondamentale. Même sans connaître les ressorts, le lecteur saura que ça ne marche pas… non il ne le « sais » pas, il le ressent ! Alors, j’avoue que je suis intrigué par ce « pitch » du livre : le roman érotique comme révélateur d’une part de la société ? Pourquoi pas ? Ce qui rend les choses beaucoup plus profondes et intéressantes, pour moi en tout cas. Sans érotisme aucun, cela me rappelle ce roman de Bernanos et cette jeune fille objet des désirs masculins dont elle ignore tout de se méfier… Ce qui est bien moins excitant dans le cas présent mais tout aussi révélateur, l’envers du désir, quand il est subi et craint.

    1. Auteurs Musardine le à
      Auteurs Musardine

      De mon point de vue, toute littérature est révélatrice de quelque chose. Le choix du genre (porno, SF, polar, horreur, « littérature blanche », etc.) n’est donc que le choix des moyens, des outils, pour faire naître dans l’esprit du lecteur cette révélation.

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