Entretien avec Nicolas Stoecklin, auteur de La Princesse des chantiers

Salut à tous et à toutes ! La Princesse des chantiers, de Nicolas Stoecklin, notre dernier titre de l’année aux Nouveaux Interdits (le prochain paraîtra en février), connaît le meilleur démarrage de la collection depuis son lancement. Pour fêter ça, Nicolas Stoecklin a accepté de répondre à quelques questions.

Et si vous voulez découvrir les premières pages de son livre, c’est par ici que ça se passe : https://www.meshistoiresporno.com/accueil/11782-5564-la-princesses-des-chantiers.html#/16-product_type-papier

C’est parti, entretien !

— De quoi parle La Princesse des chantiers ?

— C’est l’histoire d’une quadragénaire croqueuse de jeunes hommes (et parfois de jeunes femmes) qui profite de son poste pour assouvir ses désirs. Parallèlement, elle est soumise à certains fantasmes masochistes qui la poussent vers un jeune voyou plutôt dominateur. Le principal sujet est la complexité de la libido et plus précisément la dualité entre le besoin de contrôler sa sexualité et l’envie de s’abandonner à ses rêves secrets.

— Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai à La Musardine : pouvez-nous nous évoquer votre parcours ?

— Oui, mes premiers ouvrages datent du début des années 2000 (pour les interdits et un « confessions érotiques »). J’avais été très impressionné par la série Darling, d’Esparbec, avec l’envie de me lancer à mon tour. Un peu plus tard, j’ai proposé trois ouvrages pour Sabine Fournier avant de commencer l’élaboration d’un univers dystopique BDSM / Dark Fantasy.

— Je crois que vous signez de votre vrai nom. Est-ce que le fait d’écrire des romans pornos change quelque chose à vos rapports avec les gens (autres écrivains, entourage, etc.) ?

— Effectivement. Une grande partie de mon entourage (familial, amical et même professionnel) est au courant de mes frasques littéraires. Je n’en parle que si on me lance sur le sujet, ce qui reste assez rare. De fait, cela ne change pas grand-chose à mes relations quotidiennes.

Écrivez-vous uniquement de la pornographie, ou bien opérez-vous dans d’autres genres ?

— Je n’écris pas uniquement de la pornographie, mais également de la SF et de la Fantasy, sous un pseudonyme (Nicolas Motnueq). J’écris également des histoires BDSM plus poussées sous un autre pseudo (Bright Gémini). En terme d’écriture, il n’y a pas de réelle différence entre la pornographie et le reste. Une intrigue, des personnages et des dialogues. Je cloisonne cependant entre les différents genres, ce qui fait que je ne me pose pas la question de savoir si tel ou tel livre sera porno ou non. Le processus est dans l’autre sens. J’ai envie d’écrire une histoire porno, quel en sera le scénario ?

— Pour quelle raison écrivez-vous des bouquins de cul ? Uniquement pour le plaisir de procurer une satisfaction immédiate au lecteur, ou bien y a-t-il d’autres raison qui vous font travailler dans ce genre littéraire ?

— C’est une question pour un psy. Comme tous les auteurs, j’écris bien sûr pour partager quelque chose avec les lecteurs. Le sexe est quelque chose de fascinant à bien des égards et il reste un sujet tabou ou honteux pour beaucoup de personnes.Y a-t-il quelque chose de plus personnel, intime et égoïste que les fantasmes ? Comment chacun peut-il concrétiser ses rêves les plus noirs, souvent sans les évoquer ouvertement ? Voilà des questions qui sont très souvent en filigrane dans mes scénarios.

— Êtes-vous écrivain à plein temps ou bien avez-vous un métier alimentaire ?

— J’ai un métier alimentaire qui m’a d’ailleurs permis de découvrir de nombreux « mondes » différents. Je m’impose un rythme d’écriture. Au minimum une page par jour, mais cela peut aller jusqu’à quatre ou cinq quand je suis en repos.

— La Princesse des Chantiers est aussi un très beau portrait de femme. Votre héroïne est riche, complexe et très ambiguë. Préférez-vous mettre en scène des personnages principaux féminins ou masculins ?

— Merci. Comme presque tous mes personnages, Narcia est « calquée » sur quelqu’un de réel que je côtoie régulièrement. Je n’ai pas de préférence particulière. Les femmes sont souvent moins directes, plus ambiguës. Mais j’aime tout autant mettre en scène des personnages masculins que féminins. Il faut sans cesse flirter avec des archétypes sans tomber dans la caricature.

— Quels sont vos thèmes préférés en pornographie ? Vous imposez-vous des limites ? Vous auto-censurez-vous ?

— Je considère l’écriture comme un espace de liberté et un moyen d’évasion. Ce que je préfère dans la pornographie, c’est le BDSM sous toutes ses formes. Notamment la notion de contrainte secrètement consentie et celle du pouvoir illusoire. Sous mon pseudo Bright Gémini, je traite de toutes les orientations sexuelles (hétéro, gay, lesbien, domina, trans), je ne m’impose donc pas de réelle limite. Ce sont plutôt des cloisonnements entre mes différents univers.

— D’où viennent vos idées ?

— L’inspiration est une chose éthérée. Elle peut venir d’une image, d’une scène de film ou de la vie réelle, d’un morceau de musique ou d’un passage dans un livre, pas forcément porno d’ailleurs. Je m’impose une règle : ne jamais utiliser directement mes fantasmes (disons qu’ils sont largement dilués dans chaque histoire). Pour les personnages, comme je l’ai dit, je prends comme base des vraies personnes, connaissances ou célébrités. Pour les scénarios, ce sont assez souvent des faits divers, des légendes urbaines ou une anecdote qu’on m’a racontée. Et pour les scènes, je m’appuie sur mon expérience personnelle. C’est la recette principale.

— Qu’est-ce qu’une scène de cul réussie selon vous ? Quels sont vos méthodes, vos ingrédients secrets, vos « petits trucs » ?

— Plus qu’une bonne description, je pense que c’est de parvenir à faire passer les émotions et sensations des participants qui donne une scène de cul réussie. Les dialogues sont également d’une importance primordiale. J’utilise souvent des onomatopées dans mes scènes porno. Sinon, parmi les petites astuces, focaliser sur un personnage plutôt qu’une vue d’ensemble est généralement le gage d’une scène réussie. L’auteur devient alors « acteur » dans la scène qu’il écrit.

— Dans un roman érotique, qu’est-ce qui est le plus difficile à écrire ? Les scènes de cul, ou bien les autres scènes ?

— Personnellement, je ne vois pas de différence entre les deux. Peut-être la redondance du vocabulaire pour les scènes de cul pose-t-il parfois problème. Mais la langue française est heureusement très riche.

— Avez-vous des rituels d’écriture ?

— Oui. Un café et toujours installé à la même place. Pas de bruit de fond.

— Faites-vous lire vos manuscrits à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de l’envoyer à votre éditeur ?

— Jamais concernant la Musardine. Concernant mes autres pseudos : étant en « auto-édition », il m’arrive régulièrement de faire lire mes premiers jets à un ami également auteur qui me donne son avis avant que je lance la phase d’édition.

— Combien de temps mettez-vous à écrire un roman ?

— Cela dépend de la longueur du roman. Pour un ouvrage comme La Princesse des Chantiers, tout le process prend environ trois mois.

— Quels sont vos rapports avec votre public ?

— Je n’ai pas beaucoup de rapports directs avec mon lectorat. Je reçois des mails, bien sûr, à travers mon site et j’y réponds à chaque fois. J’évite les réseaux sociaux pour des motifs très personnels. Et oui, j’ai des fans et lecteurs fidèles pour tout ce qui est publié sous Bright Gémini. Ces textes beaucoup plus ciblés.

— Quels sont vos futurs projets ?

— Pour la Musardine, peut-être l’écriture d’un nouveau roman un peu plus long. Pour mes autres noms de plume, énormément de choses.

Donnez nous votre avis !

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *