Pour découvrir le résumé et les premières pages du Choix d’Estelle, cliquez ici : https://www.meshistoiresporno.com/transgenre/12007-5665-le-choix-d-estelle.html#/25-product_type-format_papier
Bonjour Stéphane Calice, pouvez-vous nous résumer en quelques mots l’intrigue de votre livre, et les sujets que vous avez voulu traiter ?
En quelques mots c’est assez difficile, mais c’est un jeune homme qui sort des sentiers battus sexuels pour aller gouter à l’homosexualité et au BDSM un peu malgré lui. Il s’ensuit des rencontres et des expériences de découverte avec des gens qui savent profiter de son envie de soumission.
Les thèmes que je voulais aborder sont : est-on un homme avant d’être un animal sexuel? Notre prédétermination de genre et de posture prend-t-elle le pas sur nos attirances sexuelles? Sommes-nous soumis avant d’être hétérosexuel ou homosexuel? Mais ce n’est pas un livre de philo hein!?! Mes thèmes favoris étaient la soumission, le BDSM, le sexe et la domination, le travestissement et tellement d’autres.
Le Choix d’Estelle est votre premier roman. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir écrivain ?
Je ne me présenterai pas comme un écrivain, peut-être un apprenti? Mais j’ai toujours aimé écrire, jouer avec les mots, raconter des histoires. Quand j’étais petit déjà je racontais des histoires à mes amis pendant des heures. J’ai toujours aimé être seul et laisser mon imagination divaguer. J’ai décidé de me lancer dans un roman qui me permettrait aussi de sublimer quelques frustrations en quelque chose de positif. Je suis heureux en mariage depuis vingt ans et père d’un enfant, certains fantasmes le resteront à jamais et il est assez agréable de les poser sur le papier, cela soulage en quelques sortes.
Ce premier roman publié est-il votre premier essai ou bien d’autres textes dorment dans vos tiroirs ?
C’est mon premier texte aussi long effectivement, mais j’ai 3 ou 4 projets que je compte bien écrire dans les deux ou trois années à venir. Polar et porno, je trouve que ces thèmes se marient merveilleusement bien. Avant cela m’impressionnait beaucoup de devoir écrire un tel volume, mais maintenant je me sens plus à l’aise avec l’exercice.
Parlez-nous de l’écriture de votre roman.
Cela s’est fait un peu par hasard, j’ai commencé à échanger par écrit avec des amateurs de mes thèmes de prédilection, sur des sites spécialisés. Par appétence, par attirance. J’avais lu Histoire d’O et cela m’a donné envie d’en savoir plus.
À force d’écrire avec plein d’amateurs éclairés, je me suis aperçu que les descriptions que je faisais leur faisaient échos. Ils me demandaient la suite, ou me disaient que j’écrivais bien. Du coup je me suis mis à écrire des scènes pornos entières, sans vraiment mettre en place de contexte ou sans présenter les personnages, ou très succinctement.
Au bout d’un moment je me suis retrouvé avec plusieurs « chapitres » et j’ai eu envie de les relier entre eux, puis de donner du corps aux personnages. À un moment donné, j’ai été en possession de suffisamment d’éléments pour travailler la trame de fond et créer de toutes pièces les éléments manquants.
J’ai adoré ça. Plus j’avançais, plus j’écrivais vite et avec ferveur.
J’ai mis énormément de temps car comme un idiot, j’ai perdu la moitié du livre à cause d’une erreur de sauvegarde informatique… Le bug stupide de l’ordinateur qui s’arrête et dont le disque dur est définitivement mort.
J’ai mis plusieurs années mais c’était le premier et je n’ai eu le temps d’écrire que le matin, une petite heure au calme avant d’aller travailler. Parfois j’avoue que j’ai même écrit au bureau… Pendant mes pauses ou pas…
Le personnage principal du Choix d’Estelle est très complexe et ambigu. Pouvez-vous nous raconter la manière dont vous l’avez conçu ?
J’avoue ne pas savoir répondre à cette question. Je ne l’ai pas vraiment conçue, il/elle est né(e) tout(e) seul(e) dans mon esprit. J’ai eu envie de donner vie à ce personnage ouvert et avide de découvertes sexuelles. J’ai pris des bribes de moi que j’ai amplifiées et mixées avec d’autres caractéristiques qui apparaissaient toutes seules au fur et à mesure que mes mains écrivaient. Son ambiguïté est due à son indécision. Ce n’est pas le personnage qui décide de tout et qui dirige sa vie sans jamais douter, au contraire, c’est une personne un peu perdue et qui se laisse porter dans son univers de fantasmes.
Quels sont vos thèmes préférés en pornographie ?
Que c’est dur cet exercice de l’interview ! C’est tellement difficile de parler de soi de cette manière.
Les thèmes que je préfère en pornographie sont tellement nombreux que cela va plus vite de parler de ceux que je n’aime pas.
Je n’aime pas ce qui est interdit par la loi pour commencer, donc tout ce qui me plait est réalisé entre adultes consentants.
Sinon j’aime tout le reste, avec une forte appétence pour les rapports BDSM. J’aime tout ce qui s’y rapporte, les rapports humains que je trouve très excitants dans ces conditions, le fétichisme de la lingerie, les hauts talons, le bondage, les punitions, et tout le reste. Pas trop hard tout de même, j’ai du mal avec le sang par exemple.
Pour mon premier livre, non je ne me suis imposé aucune limite, au contraire, j’ai lâché les chevaux si vous me permettez l’expression. il s’avère que mon personnage avait choisi une voix que j’ai exploité du début à la fin, mais il y en a tellement d’autres.
D’où viennent vos idées ?
Une grande partie de mon inspiration vient de fantasmes personnels. Les fantasmes sont comme des individus à part entière, ils naissent, vivent changent, vieillissent, parfois meurent puis renaissent de leurs cendres. C’est fantastique de les poser sur papier pour les laisser vivre leurs vies. Bien sûr ils se nourrissent de ce que nous vivons et de nos expériences, mais effectivement l’observation du monde par la lorgnette de la vidéo ou le panorama de la lecture par exemple les fait grandir et évoluer.
La plupart des fantasmes que j’avais étant enfant ont évolué au point de devenir méconnaissables. D’autres sont restés strictement identiques. On dit que les gens ne changent pas, je pense que c’est faux, les gens qui ont peur ne changent pas, les autres évoluent.
La lecture des écrivains que j’affectionne me donne beaucoup d’envies et d’idées. J’y trouve une source d’inspiration inépuisable.
J’évite aussi de parler de sujets que je ne connais pas, donc à défaut de les vivre moi-même (et je pense que ma femme serait contente de le savoir…) je me renseigne énormément sur Internet. C’est un fantastique puits sans fond de culture. Tout existe sur Internet, vous aimez le fétichisme des chaussettes en laine de couleur violette portées par des femmes en surpoids? ça existe. Donc il est très facile de se renseigner sur les us et coutumes tant que sur le vocabulaire correspondant. Je suis devenu très pointu sur le sujet du BDSM alors que je n’ai que très peu pratiqué.
Qu’est-ce qu’une scène de cul réussie selon vous ?
Une scène de cul réussie selon moi est un moment de lecture ou le livre ne peut vous échapper des mains, un moment ou le cerveau et le corps se rejoignent dans une excitation inexplicable et parfois gênante. J’ai surpris ma femme en sueur un jour en lisant une bd de Manara, elle était clairement troublée mais n’a jamais réussi à me dire ce qui l’avait troublée exactement. Je pense sincèrement que c’était diffus, une ambiance générale, un trait de dessin extraordinaire, des corps beaux, des lèvres pulpeuses et voraces. Tout y était pour la faire chavirer.
Je n’ai pas vraiment de méthode, je laisse mes mains naviguer sur le clavier puis après je change ce qui ne me plait pas, mais il y a tout de même quelque-chose que je fais à chaque fois. Je commence par ce qui me semble la substantifique moelle, puis après je délaye. Un peu comme je le ferais avec de la gouache, plutôt qu’avec de l’aquarelle, ou on est obligé de partir du clair pour aller au foncé.
Lorsque je tiens une bonne scène de cul, j’essaye de la penser comme une femme, plus longue, plus lente, plus étalée et distinguée. Je ne dis pas que les hommes sont plus « bourrins » mais un peu quand même. Avez-vous déjà comparé un film porno réalisé par une femme avec ceux réalisés par des hommes? La différence est frappante. Je crois que je préfère la vision des femmes, plus insidieuse dans l’excitation, plus pérenne.
Dans un roman érotique, qu’est-ce qui est le plus difficile à écrire ? Les scènes de cul, ou bien les autres scènes ?
Le plus difficile à écrire dépend de mon état d’esprit. Parfois je suis excité par la scène de cul que je suis en train de broder, et alors les images et les mots jaillissent malgré moi. D’autres fois, mon personnage qui m’échappe fait des choses qui ne m’excitent pas et alors c’est plus compliqué, il faut lui laisser libre champ sans m’interposer. Estelle m’échappe souvent dans ce livre, et c’est d’ailleurs ce que j’ai appris avec ce premier essai. Les personnages ne font pas ce que vous avez prévu, ils vous échappent, l’histoire vous échappe, et je trouve cela extraordinaire.
J’aime beaucoup aussi l’écriture des autres scènes car elles permettent de mettre en place les éléments qui donneront du corps à la suite. C’est là que l’imagination est mise à rude épreuve. Je suis très admiratif d’auteurs comme Fred Vargas par exemple (encore une femme) qui parviennent à tisser des histoires d’une complexité absolue, en créant des personnages qu’on finit par avoir l’impression de connaitre dans leurs moindres détails comme quelqu’un de notre propre famille.
En fait je crois que j’adore écrire, et tous les exercices liés me mettent en joie même quand ils sont durs.
Faites-vous lire vos manuscrit à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de l’envoyer à votre éditeur ?
La seule personne qui avait lu une grande partie de ce premier livre était ma belle-mère. C’était elle qui m’avait conseillé de lire Histoire d’O. Elle nous a quitté depuis mais je sais qu’elle est heureuse de voir que j’ai eu la chance d’être publié. Pour le prochain, je le confierai à ma femme et à un ou deux amis proches.
Quels sont vos futurs projets ?
Mes futurs projets sont en cours, un roman mélangeant polar et porno, mes deux thèmes de prédilection.
J’ai déjà une trame assez précise de ce que je souhaite obtenir, maintenant il faut trouver le temps de laisser les mains courir sur le clavier…