ARTS PREMIERS

J’ai visité le musée des arts premiers par une après-midi glaciale de fin janvier. J’avais une semaine de vacances, et je me baladais dans la ville, avec une liberté que je n’avais pas encore expérimentée. Cinéma, musée, je prenais mon temps, et je mangeais à midi dans de petits restaurants. C’était agréable d’avoir cette liberté, cette aisance…

Le musée était calme, il n’y avait quasiment personne en cette fin d’après-midi. Il était immense, une grande bâtisse blanche qui avait servi d’ambassade autrefois avant d’être reconvertie. S’y étalaient de multiples manifestations d’arts primitifs, de l’Asie à l’Océanie en passant par l’Afrique. Peintures, masques, statuettes. J’ai été sidéré, je l’avoue, par leur beauté, leur singularité, et leur puissance. Les regarder, c’était éprouver des émotions très fortes.

Je suis arrivé devant cette photo, agrandie à la taille d’un poster, qui faisait quasiment tout un mur. Elle couvrait tout un mur. Je crois bien que, dès que j’ai posé mon regard sur elle, j’ai éprouvé une intense fascination. Elle dégageait un érotisme torride. Quelque chose de vraiment troublant, sans la moindre obscénité.

Difficile de dater la photo. Elle était d’un autre temps, et ne datait certainement pas d’hier. Si j’avais du émettre une hypothèse, j’aurais dit les années 30. Ca tenait à une ambiance, une atmosphère, une qualité de photo, aux objets visibles aussi. En tout cas un temps qui n’existait plus. Tout ce qui composait la photo avait du d’ailleurs disparaitre, dissous dans le néant par le temps. Si le bâtiment existait encore peut-être, ce n’était sans doute pas le cas de la personne mise en scène, et du mobilier. Il y avait eu ce moment, moment de triomphe et de gloire, celui d’exister et de penser qu’on peut être plus fort que le temps, et il avait été réduit en poussière, ça serait vrai aussi pour moi. Ne subsistait que cette photo, ce témoin d’un moment.

J’étais par contre convaincu que la statue, elle, se portait bien, faite pour durer. Elle était certainement encore de ce monde. Mais où ? Pas dans ce musée, en tout cas, je ne l’avais vue nulle part.

Me reculant, j’ai pris le temps de détailler le poster et de m’en remplir. Il était composé de deux éléments centraux, qui constituaient deux axes. Une jeune femme, j’aurais dit qu’elle avait une trentaine d’années était assise sur un divan. Quasiment nue, avec juste ce qu’on pouvait assimiler, vu sa forme et sa dimension à un short noir. Elle était torse nu, révélant une poitrine pas vraiment développée, mais pas inexistante non plus, marquée par deux tétons qui, parce que la pièce était peut-être fraiche, étaient tout dressés, visiblement durs. Elle avait les cheveux coupés courts, à la garçonne, ce qui me laissait penser que la photo avait été prise dans les années 30. Elle avait une silhouette fine, épaules et bras fins, mais aussi un très joli minois, bien dessiné. Autour de son cou, un épais collier fait de grosses perles de verre surplombait sa poitrine.

La tête redressée, elle fixait avec un sourire auquel on pouvait donner beaucoup de sens et de nuances, ironie, affection, une statue, qui était posée sur le bras du divan et la dominait.

C’était une magnifique statue de bois qui représentait un personnage africain. Elle était dans la tradition de l’art africain, tel que j’avais pu le voir ailleurs, traits et corps déformé, caricaturé, allongé ou réduit. Un visage très long, un corps aux membres plutôt courts. Un nez épais, des paupières lourdes. La statue était droite, mais son visage tourné vers le ciel, dans un mélange, semblait-il, de provocation, de triomphe et de joie dans son regard qui, bien que figé, semblait terriblement vivant.

Il existait un extraordinaire rapport entre la femme et la statue. La statue semblait clairement dominer la jeune femme, et pas que par sa position sur le bras du divan. Et la jeune femme se laisser dominer.

Le temps passait. Je me suis arraché de ma fascination, prenant toutefois une photo du poster avec mon téléphone portable.

C’est le soir même, quand je me suis retrouvé tout seul, que j’ai regardé à nouveau le cliché. Il me fascinait, et je me suis endormi dessus sans m’en rendre compte.

Il y a eu un moment, dans la nuit, où je me suis retrouvé projeté dans cet univers. La photo qui était sur l’écran de mon téléphone portable, même si celui-ci était en veille, était sans doute un passage.

La fille était bien là avec la statue, mais la situation n’était pas celle de la photo. Elle buvait un verre d’alcool, qu’elle venait de se servir, à un mini-bar dans un coin de la pièce, qui avait la forme d’une mappemonde, comme c’était la mode à une époque.

Je voyais beaucoup mieux la pièce à présent, dans son intégralité. Je pouvais profiter de chaque détail, comme je le voulais. J’étais conscient toutefois d’avoir un temps imparti qui ne serait pas immense, une sorte de limite qui s’imposait à moi. Elle était vaste et haute de plafond, et son mobilier, une table, le divan, des fauteuils, une armoire, une commode, disaient clairement les années 30. La porte-fenêtre, qui donnait sur un balcon, était entrouverte. Je me suis glissée à l’extérieur. La nuit était délicieusement douce. On devait être en début de soirée. J’ai pu distinguer une longue avenue, des immeubles épais, hauts de plusieurs étages, et au bas de ceux-ci des commerces, fermés, sauf pour des restaurants. Des odeurs de nourriture flottaient dans l’air. Des passants avançaient en discutant. Paris, une ville de province ? Si j’étais sûr de la période temporelle, je ne l’étais pas du lieu.

Je suis revenu dans la pièce. D’évidence, elle ne me voyait pas, j’étais invisible.

J’ai réalisé que la statue avait évolué depuis la photo. Elle était, pour aussi incroyable que cela puisse paraître, mais je l’acceptais sans mal, tout comme j’avais accepté de basculer dans cet univers, vivante. Son bois n’était pas rigide, mais une matière souple, animée, vivante. Elle pouvait parler, bouger, s’exprimer. Son regard était extraordinairement vivant, il glissait sur ce qui l’entourait. J’ai même eu un moment le sentiment qu’il me voyait, parce qu’il s’attardait sur moi, mais il s’est finalement détourné pour venir se poser sur la jeune femme.

Ce que la photo ne disait pas, c’était qu’entre ses jambes, il y avait une queue, et que celle-ci se durcissait et s’allongeait sous mes yeux, jusqu’à devenir une verge monstrueusement dressée, longue et épaisse, qui venait se coller contre son ventre, avec une paire de couilles en dessous, et un gros gland fendu en deux dont suppurait un liquide.

Enlève ton short.

Il avait une voix spéciale, comme je n’en avais jamais entendu, grave et profonde, chaude, troublante et fascinante, hypnotique sans doute. Est-ce pour cela que la jeune femme a obéi sans hésiter. Il m’a semblé plutôt qu’il existait entre eux un lien profond et trouble que je ne percevais pas encore très bien. Elle s’est redressée, et elle a fait descendre son short, dévoilant son intimité. Elle avait, on était dans une période où l’épilation était un contexte même pas envisageable, une toison brune extrêmement fournie, qui couvrait son pubis en descendait autour de son sexe, encadrant l’ouverture de celui-ci, dont sortaient deux lèvres bistres. Elle avait un corps fin, des jambes bien dessinées, des fesses rondes et fermes Une jolie fille, sur laquelle la statue posait un regard sans ambigüité. Se laissant retomber sur le divan, elle s’est d’abord offerte à son regard, avant de tendre la main vers le membre dressé. Sa verge était là, épaisse, palpitante, mais dans cette étrange matière, du bois qui avait pris vie, sombre et souple, de l’ébène métamorphosé.

Elle s’est mise à le caresser doucement de la main, parcourant toute la surface du membre avec un savoir-faire évident. Il a poussé un étrange grognement de satisfaction. Ce n’était sans doute pas la première fois qu’elle le caressait ainsi. Je voyais bien qu’il existait entre eux une profonde complicité, basée sur des jeux sexuels répétés.

La statue, arquée en arrière, se laissait masturber. La verge de bois gonflait encore, dilatée à l’extrême, et une sorte de sécrétion huileuse coulait du méat, se répandant sur le bois, le faisant luisant, mais aussi sur la main de la jeune fille. Son visage exprimait une félicité sans égal. Il poussait des grognements fréquents qui ont fini par se transformer en un râle plus long. Quelque chose qui est monté des tréfonds de lui-même, de puissant, qui évoquait un grondement qui serait monté des entrailles de la terre à l’occasion d’un cataclysme. Il a craché de multiples jets d’une semence blanche, dont il avait semble-t-il des réserves inépuisables, arrosant tout ce qui l’entourait, le divan, le parquet, le visage et le corps de la jeune femme, et lui-même. Jeune femme qui semblait ravie de l’expérience.

Ca a été à ce moment-là que je me suis senti happé par la réalité, celle dans laquelle je vivais habituellement en tout cas. Il y a eu un retour dans un passage, quelque chose de difficile à expliquer, sombre, froid, et rapide, et je me suis retrouvé sur mon lit, chez moi. Il était quatre heures du matin. J’avais quitté les années 1930 pour 2020.

Un rêve ? Pourtant, ça m’avait semblé très réel. J’étais convaincu qu’il s’agissait vraiment d’un passage d’un univers dans l’autre. Et que je reviendrais sur ces mêmes lieux. Sans doute parce qu’ils m’obsédaient.

Dans la journée, j’ai regardé à nouveau le cliché que j’avais enregistré dans la mémoire du téléphone. Mon regard était différent maintenant. Ce lieu, dont le ou la photographe n’avaient capturé qu’une partie, je le connaissais et je pouvais reconstituer les éléments manquants.

Je me demandais pourquoi il s’offrait à moi ainsi. Peut-être parce qu’il avait senti que je l’appréciais.

Une fois ma journée terminée, un collègue m’a proposé d’aller prendre un pot ensemble, avec d’autres personnes, au café du coin. J’ai refusé une offre que j’aurais acceptée en un autre temps. Je n’avais qu’une hâte, rentrer chez moi et me trouver avec la photo. La regarder au moins, même si je ne basculais pas dans ce monde. J’espérais que la nuit me le permettrait.

C’est sur le chemin du retour que je me suis arrêté au magasin de reproduction. J’ai présenté la photo que j’avais prise au musée à la personne à l’accueil en lui demandant si elle serait capable de tirer un poster à l’identique de l’original, ou dans un format proche. Elle a récupéré la photo, l’a mise sur clef USB et a inséré celle-ci dans le port USB d’une grosse machine à impression. Le poster est sorti en grand format. Je l’ai examiné. Il n’y avait pas vraiment de différences d’avec l’original. Je m’en suis fait faire trois autres, que je pourrais installer chez moi pour les retrouver sur mon chemin quand je me déplacerais dans l’appartement.

Cette nuit-là, je suis reparti dans cet autre espace-temps. J’ai la certitude à présent qu’il ne s’agit pas d’un rêve, mais bien d’un basculement dans un autre monde.

J’ai retrouvé les lieux. La statue. Elle était bien là, figée pour l’instant. J’ai tourné autour d’elle, l’examinant. Sa queue s’était rétractée, reposant sur ses couilles. 

La fille est arrivée. On était plus tôt, en fin d’après-midi, et le jour commençait doucement à décliner. Elle rentrait sans doute du travail. Elle avait un sac à main, qu’elle a laissé glisser sur le sol. Elle était enveloppée dans un manteau qu’elle a déboutonné. A son arrivée, la créature s’est réanimée, comme une réaffirmation du lien fort qui existait entre eux. Dessous elle avait une robe rouge, fluide, qui coulait sur elle, s’arrêtant au niveau du genou.

Ahh, la journée a été longue. C’est pas une sinécure tous les jours de faire la compta d’un grand magasin. Et toi, ta journée s’est bien passée ? Tu ne t’es pas trop ennuyé ? Je vois que tu bandes ! J’ai envie de sexe… C’est bon tous les soirs de rentrer et de commencer par ça. Ca me permet d’oublier un travail que je trouve souvent pesant… Enfin, il faut bien gagner sa croute.

La statue a poussé une sorte de gloussement, disant sa satisfaction de la retrouver et que oui, il bandait. Sa queue s’allongeait, reprenant les dimensions de la veille.

Elle l’a attrapé, et l’a amené avec elle, en se laissant glisser dans un fauteuil club, profond, avec des accoudoirs hauts et épais. Elle l’a déposé sur celui de gauche. La statue devenait plus vivante de seconde en seconde. Elle s’est penchée pour soulever la robe de la jeune femme, d’un mouvement ample, dévoilant son corps jusqu’au dessus du nombril, sa chair blanche, et la culotte qui masquait ses parties intimes. Une lueur s’était allumée dans le regard de la jeune femme, la fatigue, la lassitude effacées par le désir de sexe. Elle a soulevé ses hanches pour permettre aux mains de bois de lui enlever sa culotte. La statue avait des mains faites de trois doigts, épais, mais ces trois doigts étaient largement suffisants pour attraper le fin tissu et le tirer le long de ses jambes. La culotte est restée accrochée à une de ses chevilles. J’ai retrouvé sa toison fournie, cette chair bistre, ces lèvres qui sortaient d’elle. J’ai bien vu son excitation, aujourd’hui plus qu’hier, parce que ses lèvres étaient gonflées et son clitoris pointait. Elle devait, dans la journée, fantasmer ce qu’elle allait faire le soir avec la statue, et son excitation gonfler à mesure que l’heure tournait.

Il s’est laissé glisser au milieu du fauteuil après qu’elle ait écarté les jambes, de manière à lui offrir son bas-ventre, se laissant aller au fond du fauteuil en même temps qu’elle projetait son bassin en avant, avec un petit soupir. Avec avidité, la statue a plongé sur elle.

Je voulais voir et je me suis déplacé. Elle est en tout cas partie très vite sur la route du plaisir.

C’est bon ce que tu me fais. Continue comme ça.

Yeux mi-clos, elle s’est pâmée, se mordillant l’index.

Heureusement que tu es là quand je rentre et que tu me baises ! Ca me fait du bien ! J’ai bien fait de te ramener d’Afrique ! Le chamane m’avait bien dit que tu étais magique ! Je n’imaginais pas à quel point !

Je me suis approché. Je demeurais invisible pour l’un comme pour l’autre. Je voulais voir, d’un désir sans doute malsain de voyeurisme. Une statue de bois, une jeune femme, très proches. Une situation sans doute étrange, mais dont j’acceptais l’étrangeté. Comme celle qui m’avait conduit ici, dans un autre espace-temps.

Il parcourait le sexe de la jeune femme avec une langue comme je n’en avais encore jamais vue. Elle était à la démesure de cette statue. Une langue immense, très longue. Ce n’était certainement pas la première fois qu’il agissait de la sorte. Il avait un savoir-faire indéniable, tournant sur ses chairs avec avidité, lent à certains moments, rapides à d’autre, ne négligeant aucune partie. Au-delà de sa technique, on sentait bien qu’il y mettait toute sa force et toute son âme, avec une réelle volonté de lui donner du plaisir. La jeune femme se laissait totalement aller à son plaisir, qui déboucha sur un orgasme qui s’étendit, ne paraissant pas devoir prendre fin, alors qu’agitée par des spasmes, elle libérait un liquide abondant, qui trempa le tissu qu’elle avait posé sous ses fesses, et jaillit sur la statuette, faisant briller l’acajou.

J’ai rebasculé dans l’autre monde. J’ai compris par la suite que quand j’allais dans les années trente, et pourquoi, je n’en savais rien, j’avais droit à une tranche de six heures dans notre monde, même si là-bas la durée était autre et me semblait plus courte.

Chaque nuit à présent, je basculais dans cet univers qui me fascinait et dans lequel je me sentais à l’aise. J’y retrouvais la ravissante brune et la statue. A chaque fois, j’élargissais le champ de mes recherches. C’était comme un cercle concentrique, qui serait devenu plus vaste à chaque visite. J’ai pu me risquer dans l’appartement, en visiter les pièces, puis explorer l’immeuble, et croiser des personnes qui l’habitaient.

La statue tenait une grande place dans la vie de la jeune femme. Elle était le seul compagnon d’une personne qui était isolée, mais qui ne vivait pas forcément mal son isolement. Elle avait noué avec lui une relation intense, exclusive, sans paraître souhaiter autre chose. Elle avait trouvé son bonheur au fin fond de l’Afrique, dans une créature à qui un sorcier avait donné la vie. Elle était un fidèle compagnon qui lui donnait du plaisir.

Je me demandais qui avait pris la photo et comment elle était arrivée au musée. La meilleure chose à faire, c’était sans doute de se rendre sur place et de poser la question. Ce que j’ai fait. Je me suis adressé à une jeune femme qui était à l’accueil et j’ai posé nettement la question.

Je suis très intrigué par la magnifique photo avec la statue Africaine et la jeune femme dénudée. Vous auriez des informations ?

La jeune femme, serviable, s’est emparée d’un épais catalogue et a fait quelques recherches. Ne trouvant sans doute pas les réponses, elle a disparu dans une pièce à l’arrière… Je l’ai entendue discuter avec quelqu’un, avant de revenir.

On n’a absolument aucune idée de l’origine de cette photo. Il s’agit d’un legs, d’un collectionneur, une pièce parmi des dizaines d’autres. Je vais me renseigner. Laissez-moi vos coordonnées.

J’ai eu la réponse que je souhaitais, une semaine après avoir posé la question. Les responsables avaient eu le souci de me répondre.

Vous êtes Monsieur Larrey, m’a demandé la voix que j’ai reconnue.

C’est bien moi.

Je suis Marie-Marguerite Tanvel, du musée des arts primaires. J’ai la réponse à la question que vous m’avez posée il y a une semaine. On a retrouvé une trace. C’est d’ailleurs très curieux. La photo a été prise en 1932. Et la personne qui l’a prise est quelqu’un qui est votre homonyme.

Je n’ai même pas été surpris.

On n’a par contre aucun renseignement sur la statue, son origine. C’est tout ce que je peux vous dire. Pas plus que sur la jeune femme.

Ce que vous m’avez dit est déjà beaucoup.

D’une manière assez évidente, basculer dans cet autre univers m’a fait comprendre à quel point mon existence était banale, pour ne pas dire médiocre, et elle m’apportait peu. Un travail de clerc de notaire peu enrichissant, une routine, dans laquelle je m’ébattais dans réel horizon. Le monde dans lequel je basculais toutes les nuits, même si je n’y étais qu’un simple spectateur, m’apportait une intense satisfaction, un bonheur que je n’avais connu auparavant.

Ce monde, je ne finissais pas de l’explorer, je m’éloignais de plus en plus, même si je revenais toujours à mon point de départ, parce que j’avais compris qu’il était un point de passage entre les deux univers.

Beaucoup de gens se trouvent une passion, un hobby pour compenser leur existence. Pour moi, sans aucun doute, c’était ce monde.

Et moi qui n’avais pas de vie sexuelle, je trouvais plaisant de les voir faire l’amour. C’était sans nul doute du voyeurisme, mais chacun a le droit d’avoir ses plaisirs. J’avais les miens.

La statue était dans cette pièce. Elle était toutefois souvent dans d’autres pièces de ce qui était un grand appartement. Elle, elle lisait, elle cousait, elle mangeait, mais elle venait toujours, à un moment, rejoindre la statue, quand elle avait envie de sexe. Apparemment assez fréquemment.

Elle l’avait attrapé une après-midi, alors qu’il pleuvait dehors, et elle l’avait posé sur le bras du canapé. Elle avait fait, dans un mouvement troublant, remonter sa robe à ses épaules. Dessous, elle était totalement nue. Elle l’avait enlevée sans hésitation. J’aimais le dessin de son corps, je le connaissais bien maintenant.

Elle s’est basculée à quatre pattes sur le divan, s’offrant à la statue, mais aussi à mon regard, simplement belle ainsi. Elle a tourné la tête vers lui, lui a souri, alors qu’il poussait une sorte de petit couinement.

Allez, viens, fouille-moi.

Elle s’était mise clairement à sa portée. Totalement abandonnée, lui offrant, là, pile sous ses yeux, sa croupe, offerte, ouverte par sa position, les plissements de son anus tout aussi visibles que sa vulve gonflée en haut de ses cuisses, qui s’ouvrait comme une fleur, laissant voir, au-delà de lèvres bistres et gonflées, un intérieur qui était de la même teinte.

Sa verge avait gonflé sous mes yeux, à l’image de ce qu’elle était toujours, longue et épaisse. Suffisamment en tout cas pour glisser en elle. Sous mes yeux fascinés de voyeur, il est venu poser la tête de son sexe sur ses lèvres, puis est lentement rentré en elle. La vulve a glissé, centimètre après centimètre, alors qu’elle se cambrait, jouissant de cette pénétration. Sur la face de la statue, se lisait une intense satisfaction, alors qu’il la pénétrait avec une lenteur calculée.

Je me suis demandé, un instant, comment il allait pouvoir fourrer sa queue entièrement en elle. Mais la nature fait sans doute des miracles, ou l’élasticité d’un vagin. Il s’est quasi totalement planté en elle, la remplissant comme elle n’avait sans doute jamais été remplie, sauf par lui. Ses couilles de bois pendaient près de la croupe blanche.

Il a redressé la tête, reprenant la position qui était à la sienne à la base. Son plaisir s’exprimait dans cette position, mais aussi dans ce cri qui lui était si particulier.

Il s’est mis à bouger dans son ventre, dans un rythme d’abord lent, puis qui est devenu plus rapide, pour ne pas dire frénétique, dans les minutes qui ont suivi. La ravissante brune éprouvait elle aussi un plaisir intense, cambrée, tendue vers le membre comme pour le faire rentrer encore plus en elle. Elle partait petit à petit dans la perte de contrôle et la jouissance. Ses jus intimes coulaient à flots, arrosant ses aines, ses cuisses, et trempant le bois de la queue qui la fouillait. Elle s’est mise enfin à jouir, la queue plantée en elle, tremblant et hoquetant, se vidant de ses jus comme si elle n’avait encore rien libéré. Il a laissé sa queue plantée en elle, conscient que c’était elle qui lui procurait de la jouissance. Quand il est sorti d’elle, il est venu glisser dans son sillon fessier, ouvrant sa croupe, amenant sa tête là où il naissait. Libérant une quantité de sperme, aussi forte que les liquides de la brune. Je n’avais jamais vu autant de semence sortir d’une queue, fut-ce celle d’une statue, marquant sa chair.

Il s’est passé quelques temps encore avant que je ne réalise que je voulais rester ici. Rien ne me rattachait, finalement, au monde auquel j’appartenais depuis 28 ans…Ici, je me trouvais à l’aise. Surtout, j’avais compris que je pouvais explorer, sans limites, ce monde nouveau. Le temps passé dans l’autre monde s’allongeait. Je pouvais très bien décider de ne pas revenir, puisque ma volonté jouait un rôle dans ma volonté de retour.

J’ai alors fait le choix de rester là-bas.

Renoncer au monde d’où je venais m’a permis, je l’avais subodoré, de m’incarner dans l’autre monde. Je me suis retrouvé dans la cuisine avec la jolie brune. C’était le matin, elle était en peignoir, et elle prenait son petit déjeuner. Pour la première fois, elle m’a VU.

Sur un ton léger, elle m’a jeté :

Ce soir, quand je rentrerai, je voudrais que vous me baisiez tous les deux, la statue et toi. Tu crois que ce sera possible ?

Bien sûr, j’ai répondu, premier échange entre nous.

Allez, je vais m’habiller, il faut que j’y aille.

Elle est venue se pencher sur moi, ses lèvres sont rentrées en contact avec les miennes, avant qu’elle ne glisse sa langue dans ma bouche, à la rencontre de ma langue, pour un baiser bref mais intense. Elle est partie s’habiller, j’ai regardé sa silhouette traverser le living, quand elle s’est éclipsée cinq minutes plus tard. Elle m’a envoyé un baiser de loin.

Quand elle a été partie, je me suis glissé dans le living. La statue était là. D’abord immobile, elle s’est animée.

Salut, mon pote, elle m’a jeté d’une voix grasseyante. Alors t’es content de venir avec nous ?

Tu…

Elle, elle te voyait pas. Moi, si. Le monde est magique. J’en suis bien la preuve.

Je me suis approché du balcon, apercevant sa silhouette au loin. La journée promettait d’être belle. Une nouvelle journée commençait pour moi.

Ce soir là, la conservatrice du musée, accompagnée de son assistante, s’arrêta devant la photo, alors qu’elle traversait le musée pour partir.

C’est curieux… Cette photo…

Oui ?

Elle…

Elle avait l’impression de tenir quelque chose au bout de sa mémoire, mais que ce quelque chose lui échappait totalement.

J’ai l’impression que… Oh, non, je dois me tromper.

Les deux femmes continuèrent leur route.

Si elle avait pu formuler les choses clairement, elle aurait dit que la photo avait changé.

Et c’était bien le cas.

Là où il y avait eu la jeune femme et la statue maintenant, on voyait une image modifiée, avec, en partie dans l’ombre, un homme d’une trentaine d’années, avec un sourire curieux sur le visage, mélange d’ironie et de satisfaction.

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