Salut, je m’appelle Judy, j’ai 25 ans, je suis une belle rousse aux yeux verts d’un mètre soixante-dix, bien gaulée – enfin c’est ce qu’on dit de moi – plutôt pulpeuse, un joli minois avec des lèvres légèrement charnues.
Et que du naturel !
N’allez pas croire que je suis de celles qui s’amusent à se faire injecter un petit truc par-ci ou encore un autre par là – pour finir t’en a tellement fait que tu ressembles plus à une poupée gonflable en silicone qu’à une jeune femme normale – car moi je me fous de ce que l’on pense de moi et en plus j’ai une sainte horreur des aiguilles.
Je vis avec Jean. Le beau Jean. On s’est rencontrés il y a tout juste cinq ans. Je devrais plutôt dire que c’est lui qui m’a trouvée. Il faisait du lèche-vitrine depuis un petit moment dans ma rue, dans le quartier rouge d’Amsterdam aux Pays-Bas.
Cette rue il l’avait parcourue des centaines de fois dans tous les sens et puis un jour, après avoir pris son courage à deux mains, il était venue me lécher. Enfin, il était venue lécher la mienne, de vitrine.
Ah oui, j’allais oublier de vous dire ! C’est quoi cette histoire de vitrine ? Ben… en fait… je travaillais juste derrière, non je ne la nettoyais pas, faut pas exagérer non plus, y a des entreprises spécialisées pour faire ça, moi j’y attendais mes clients.
Qu’est-ce que je vendais ?
Des fruits ?
Noooon, là vous êtes froids.
Des légumes ?
Noooon, vous êtes toujours aussi froids.
Des miches de pain ?
Là vous êtes plus chauds… et même très chauds… si vous enlevez le mot pain.
Non seulement je vendais des miches, les miennes en l’occurrence, mais en plus, pour quelques billets supplémentaires, je vous livrais tout le stock, la totale.
Je tapinais, quoi ! Pour être plus claire.
Oui je sais, y a mieux comme départ dans la vie mais nous ne sommes pas tous obligés de faire de longues études non plus ou d’avoir une vie bien rangée pour exister.
Prenez, moi, par exemple.
Fille de bonne famille. Un père directeur de banque et une mère avocate, y a quand même pire pour démarrer dans la vie.
Et bien ça ne m’avait pas empêchée de finir derrière ma vitrine, comme mes poupées de porcelaine lorsque j’étais petite. Ça c’est une vision conformiste des choses. Maintenant si je vous dis que c’est grâce à cette éducation que j’avais pu finir prostituée alors là ça remet en cause la hiérarchisation de vos valeurs. Et oui, il n’y a rien de bien ou de mal, tout dépend de l’angle sous lequel on regarde.
A cause de cette éducation mon frère Luke a fini expert-comptable. Tu parles d’un rêve ! Toujours vêtu de costumes tristes avec des petits souliers vernis et son attaché-case à la main à courir d’un client à un autre, alors que moi le client je l’attendais tranquillement, une tasse de thé à la main, pas besoin de speeder.
Jean avait donc fini par faire son choix. Moi.
J’avais entrouvert ma porte vitrée, il m’avait suivie derrière le rideau rouge. De l’autre côté j’y avais un lit et un petit cabinet de toilette.
Je m’étais assise sur le lit, Jean était resté debout, tout timide.
— Bonjour, tu peux t’asseoir si tu veux, lui avais-je dit.
— Non je préfère rester debout pour le moment, qu’il m’avait répondu.
— C’est la première fois que tu paies pour avoir une relation ? Lui avais-je demandé.
— Oui, c’est ma première fois tout court, m’avait-il dit tandis qu’une couleur pourpre envahissait son visage.
Tiens un petit puceau ! C’est pas tous les jours qu’on a le privilège d’initier un novice.
— Tu as quel âge ?
— 24 ans, avait-il balbutié.
— Et tu fais quoi dans la vie, à part faire les cent pas dans ma rue depuis des jours ? Oui j’avais remarqué ce grand niais qui n’avait pas l’air bien futé.
— Je viens d’avoir mon diplôme d’ingé et je suis venu faire la fête avec des amis, ils sont d’ailleurs pas très loin dans un coffee shop, le Kadindky.
— Et toi, tu ne fumes pas ?
— Non, c’est pas trop mon trip. Je suis venu chercher un autre moyen de décoller, se surprit-il à dire avec un aplomb qui ne lui était pas coutumier.
— Et tu viens de frapper à la bonne porte !
Judy se leva et se déshabilla, un peu trop rapidement à son goût, il aurait préféré un effeuillage dans les règles de l’art mais il savait en même temps que cette situation était bien loin des standards habituels.
— Je te laisse me mater cinq minutes monsieur l’ingénieur et après on met le couvert ! Je ne vais pas pouvoir y passer la journée.
***
Elle s’allongea sur le lit. Sa toison rousse contrastait et attirait le regard sur sa peau laiteuse. Ses seins lourds donnaient de la rondeur à son corps musclé. Il sentit sa gorge se serrer, il commençait sérieusement à manquer d’air.
— Viens, assieds-toi là, lui dit-elle en tapotant sur le rebord du lit.
Il s’exécuta. Elle lui prit la main et la guider sur sa poitrine. Son cœur battait calmement sous ses doigts qui tremblaient de son inexpérience. Il la caressa tendrement et porta ses lèvres sur ses tétons qu’il se mit à suçoter comme un nouveau né. Ils avaient une saveur sucrée de vanille, certainement des fragrances de parfum dont elle s’enduisait les seins machinalement le matin au moment de la toilette.
— Touche-moi… maintenant, lui dit-elle.
Elle guida sa main entre ses cuisses qu’elle venait d’écarter. Elle sentit ses doigts gauches la parcourir et s’attarder sur son vagin dont il explorait petit à petit les cavités. Cette maladresse commençait à l’exciter et à la faire vibrer.
Il sentait bien que quelque chose se passait au bout de ses doigts. Ils les porta à son visage et en huma l’odeur qui s’y était imprégnée.
Son sexe s’était tendu et lui faisait un mal de chien, serré dans son jean qu’il se décida enfin à ôter. Il ne savait trop quoi faire.
Allez, viens là mon petit puceau, on va voir ce que tu as entre les jambes. Mais il est mignon comme tout ce p’tit popol ! Si ce n’est pas un sacrilège de garder cette petite chose craintive à l’écart des joies de la vie. Judy va remédier à cela.
Judy s’assied sur le lit. Elle se pencha sur son sexe dressé pour l’honorer de sa bouche. Tout en le masturbant sa langue titillait son frein puis ce furent ses lèvres qui l’enveloppèrent telle une housse de protection.
Il prît conscience de cette sensation nouvelle et ondula instinctivement le bassin pour s’enfoncer plus profondément dans cette moiteur mais malheureusement son manque d’expérience – il fût tout de suite pris de soubresauts d’extase – l’obligea rapidement à cracher plusieurs jets qu’elle avala goulûment.
— Viens maintenant, lui dit-elle en s’allongeant de nouveau.
Il ne se fit pas prier et s’enfonça en elle en gémissant. — Comme tu es douce ! Son sexe coulissait facilement dans une humidité chaleureuse et souple. Il s’engouffra dans cette fournaise comme un homme ivre qui aurait abusé d’un bon vin. Son esprit divaguait, les flammes du désir lui léchaient son membre et le reste de son corps, il avait du mal à se concentrer tant il était envahi d’une multitude de sentiments étrangement excitants.
Elle l’accompagna de ses hanches pour mettre un terme à cette séance. C’est bon, on ne va pas y passer la journée non plus !
Cinq minutes plus tard ils se séparaient.
— Bonne fin de séjour à Amsterdam joli cœur !
— Je m’appelle Jean.
— Et bien au revoir Jean. Moi c’est Judy.
***
Toute ma jeunesse je l’ai passée à Angers dans une maison bourgeoise, celle de mes parents. Nous n’habitions pas très loin du château du roi René si bien que j’en connaissais les moindres recoins. Avec mes camarades, après l’école aux beaux jours nous nous cachions régulièrement dans ses jardins derrière les buis ou les ifs. On y jouait au gendarme et aux voleurs puis en grandissant la nature de nos jeux avaient évolués. Nous y avions appris à découvrir nos corps, à nous caresser maladroitement et à échanger nos premiers baisers.
Mes parents faisaient partie du gotha mondain local et recevaient régulièrement à la maison. Maires, préfets, médecins, curés ou encore juges pour ne citer qu’eux défilaient à tour de bras dans notre demeure.
Enfant tous ces gens m’amusaient car j’avais droit à une parade de personnalités hautes en couleur dont les phrasés évoquaient un degré élevé d’érudition que seuls les membres de certaines castes atteignaient au bout de plusieurs années d’immersion dans ce monde.
Plus tard je compris que ces comportements, ces ronds de jambe n’avaient d’autre intérêt que de flatter la vanité de mon père pour mieux obtenir les faveurs de ma mère, avocate au barreau d’Angers ou plutôt avocate aux barreaux d’Angers devrais-je dire.
Car en matière de barreaux elle savait y faire la bougresse ! Le fond de son palais avait dû voir plus de bites qu’un urologue n’en verrait jamais dans toute sa vie. Mon père n’était pas en reste non plus car il participait activement à ces soirées mondaines, soit à mater sa femme dans ses ébats soit à s’occuper de ses invitées.
Un soir que mes parents recevaient, je m’étais retrouvée malgré moi dans une des chambres du deuxième étage à regarder, stupéfaite et captivée à la fois, ma mère pomper le pénis de Monsieur le préfet alors que Madame Bachelet, la femme du pharmacien lui léchait les fesses. Tout ça à cause du curé, le père Antoine, qui plein comme une huître, ne m’avait pas reconnue et m’avait entraînée de force dans cette pièce.
Hyper instructif cette immersion dans un monde d’intellectuels en pleine conversation philosophique.
— Tu l’as sens ma grosse queue ! Oui putain que c’est bon. Tu aimes ça, hein ? Suce-moi salope.
— Humpf
— T’en veux encore plus, hein ?
— Oui… c’est bon.
Finalement c’était pas si compliqué de philosopher. Pour argumenter Il suffisait juste d’être grossier et de faire faire des trucs bizarres aux autres. Y avait pas plus simple comme raisonnement.
Non je devais forcément me tromper, ce devait être beaucoup plus subtile que ça en avait l’air. Vraiment trop forts ces intellos !
Voyant la croupe dénudée de Madame Bachelet exposée à la vue de tous, le père Antoine avait vite rejoint ce trio infernal qui lui promettait bien plus de douceur que cette jeune inconnue qui lui avait griffé tout l’avant-bras alors qu’il la tirait de force dans l’escalier.
A quatorze ans j’avais déjà un caractère bien trempé. Il n’était pas question que l’on m’impose quoi que ce soit. Mon frère, de deux ans mon aîné, l’avait appris un jour à ses dépens lorsque je lui avais décroché une bonne droite dans la mâchoire suite à une petite altercation. Allez savoir pourquoi, Il voulait absolument me faire rentrer dans la niche de Cosak, notre labrador ! Mais moi je n’étais pas une chienne. Pas encore…
J’en avais profité pour approfondir mes connaissances sur les relations sociales. Je m’étais faufilée derrière le paravent qui se trouvait près du seuil de la chambre et m’étais installée bien confortablement sur un petit tabouret. J’avais assisté à un spectacle fort surprenant mais très instructif.
Monsieur le curé s’était glissé derrière la Bachelet. Elle avait dû sentir sa présence car elle s’était redressée et il avait saisi son somptueux derrière dans ses mains. Ses fesses larges et volumineuses s’étaient mises à onduler sur un air de musique qu’elle seule avait en tête, ses énormes seins plaqués contre les omoplates du préfet. Il avait alors fait tomber son pantalon et, son slip sur les chevilles, sa flûte avait eu l’air prête à jouer quelques notes. Laissant l’autre couple poursuivre son échange elle s’était allongée le dos sur le sol ciré et l’avait accueilli avec toute la générosité et la bonté qui la caractérisaient.
Toutes jambes écartées, elle s’était mise à glousser sous les coups de reins du missionnaire venu prêcher la bonne parole et dont le cierge allumé par tant de candeur lui chauffait le bas du ventre. Il pratiquait le culte phallique et maniait sa chandelle avec grâce et célérité.
— Tu as été une vilaine petite fille cette semaine, Monsieur le curé va te con-fesser.
Il se retira et lui appliqua de petites tapes sur le vagin.
— Oui j’ai été très vilaine, mon père. Si vous saviez à quel point. Il faut me punir.
Ma mère s’était mise à quatre pattes sur les coudes et était venue vérifier de plus près le châtiment appliqué, son préfet collé aux basques. Pour être plus exact il avait le visage enfouit dans son train arrière, les mains agrippées sur ses hanches et semblait se délecter de la voir dans cette position.
Père Antoine lui administrait maintenant de grandes claques.
Je ne pouvais pas tout voir avec précision depuis mon poste d’observation mais j’imaginais aisément que sa foufoune devrait être en feu, les chairs rougies et gonflées.
Ma mère, qui ne voulait certainement pas être mise à l’écart de ce qui se passait, vint se positionner à califourchon sur le visage de Madame gros nichons, son préfet avait suivi et s’était mis à la sodomiser alors qu’elle se faisait lécher le minou. Elle faisait face au curé qui lui mordillait les tétons bien ancré entre les cuisses de sa pécheresse.
Tout ce beau monde s’agitait, râlait et geignait dans de profonds bruits de gorge.
Une forte odeur de sueur et de sexe se répandait dans la chambre et commençait à me donner la nausée. J’en avais assez vu et en profitais pour m’éclipser sur la pointe des pieds.
Ma mère n’en n’avait jamais rien su, ne m’ayant pas vue, trop préoccupée à élever son art.
Le jour de mes dix-huit ans j’avais pris quelques effets, les avaient fourrés dans un sac et j’avais quitté tout ce beau monde. Je n’avais que le bac en poche mais je ne souhaitais pas devenir comme eux, si instruits, si riches et finalement si creux, si vides, si superficiels.
9h48 je prenais le TGV à la gare Saint-Laud.
15h et deux correspondances plus tard j’arrivais à Bruges en Belgique.
Je coupais définitivement tous liens avec ma famille.
Pourquoi Bruges me direz-vous ?
Un souvenir de première au lycée du Sacré Cœur. Nous avions étudié Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. J’avais trouvé cette histoire d’un romantisme fou et je m’étais dit alors, qu’un jour, j’irai réveiller cette ville morte.
En fait cette ville était beaucoup plus agitée que ce qu’en disait mon livre – en même temps le texte datait du XIXème siècle et c’est vrai que depuis le monde avait beaucoup évolué – les gens allaient et venaient comme dans n’importe quelle grande ville d’Europe, les voitures klaxonnaient, les ambulances déboulaient toutes sirènes dehors dans un brouhaha étourdissant, une vrai ville quoi.
J’avais passé trois années à visiter ses rues, son beffroi, à longer ses canaux et à flâner sur le quai du rosaire pour finalement poursuivre mon chemin jusqu’à Amsterdam.
Amsterdam c’était Bruges mais avec un côté plus artistique, plus énigmatique, plus érotique.
Amsterdam était la seule ville au monde à avoir deux musées de l’érotisme, le plus grand étant celui sur le Damrak, l’autre se trouvant dans le Red light district (mon fameux quartier rouge).
Je ne sais pas si c’est l’ambiance dans laquelle j’avais été élevée mais en devenant une jeune femme j’appréciais de plus en plus ces phénomènes qui éveillaient le désir sexuel ainsi que ses diverses représentations, en particulier culturelles et artistiques.
C’est très simple j’étais au bon endroit.
Comme à Bruges j’avais rapidement trouvé un job de serveuse dans un restaurant du centre, puis au bout d’un an j’en eu un peu marre.
Je m’étais alors creusée la tête pendant plusieurs semaines pour savoir ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie, puis un jour, j’eus une révélation au détour d’une rue.
J’avais entrepris depuis plusieurs jours d’aller visiter le musée de l’érotisme situé dans le quartier rouge. Lorsque je m’y rendis je passais devant un bon nombre de vitrines occupées par des femmes légèrement vêtues. Elles me faisaient penser à des poupées mises sous verre pour être préserver du monde extérieur mais je compris très vite l’objet de leur présence.
Moi aussi je voulais faire partie de ces Barbue et pouvoir être convoitée de tous ces Ken qui déambulaient du matin au soir dans les rues. Mon jour de chance était venu !
Sans tarder j’avais pris des renseignements auprès d’un PIC (Prostitution information Center), un centre d’information sur la pratique de la prostitution, puis j’avais quitté tout aussi rapidement mon emploi de serveuse et m’étais installée derrière une belle vitrine prise en location. Fini les allers-retours en salle à en avoir mal aux pieds pour un salaire de misère, à faire des heures la semaine et encore plus les week-ends sans avoir le temps de prendre soin de moi. J’allais m’élever socialement.
Papa si tu me voyais. Tu serais si fière de moi, je suis devenue une vraie mondaine comme maman. Je passe mes fins de journées les cuisses écartées ou la bouche pleine et en plus j’y mets tout mon cœur.
Cela faisait donc presque trois ans que j’honorais la mémoire de ma mère lorsque Jean était entré dans ma vie.
Je revis Jean le lendemain puis le surlendemain mais aussi les jours suivants. Il ne retourna pas à Paris après avoir fêté son diplôme à Amsterdam mais il resta à mes côtés jusqu’à ce que, ayant suffisamment usé de son influence, il réussisse à me convaincre d’arrêter ce job.
Dommage ça me plaisait bien de jouer à être madame l’avocate.
Jean m’emmena vivre à Annecy où il avait obtenu un poste d’ingénieur chez Salomon.
Cette ville, je m’y plus tout de suite.
Je retrouvais dans son centre les canaux que j’affectionnais tant. Véritables réseaux qui irriguaient mon existence comme le sang dans mes veines, ils apportaient les nutriments essentiels à mon équilibre.
Aujourd’hui, nous habitons un petit deux pièces rue de l’île au dessus d’un salon de coiffure pour dames.
Nous avons pris nos habitudes dans le quartier et passons régulièrement nos vendredis soirs au Finn Kelly’s Irish Pub, un pub irlandais.
Il faut dire qu’avec nos physiques nous faisons illusions. Moi, rousse comme je vous l’ai déjà dit et Jean quant à lui est très grand, bien bâti, châtain aux yeux bleu – un bleu océan dans lesquels vous vous noyez au premier plongeon – avec une barbe virant sur le roux.
Kilian le patron du pub – son vrai prénom est Jean-Pierre mais allez savoir pourquoi il aime bien se faire appeler Kilian, peut-être un rapport avec la bière George Killian’s – la quarantaine, une belle barbe de viking, un peu bedonnant, nous avait tout de suite adoptés.
— Salut les irlandais ! Welcome home les amis. Il aimait bien administrer une grande tape dans le dos de Jean comme pour lui signifier qu’ils étaient faits du même bois.
L’intérieur de son bar était une réplique à l’identique du Celt, un pub du centre-est de l’Irlande dont Jean-Pierre, ou plutôt Kilian, était tombé amoureux quelques années plus tôt lors d’un voyage. Il en avait récupéré les plans, avait réuni les fonds nécessaires et s’était installé faubourg des Annonciades. Sombre et boisée, l’atmosphère y était chaleureuse avec ses tentures au plafond à l’effigie de marques de bières, ses petits fanions d’équipes de rugby accrochés aux murs et ses tonneaux sur lesquels nous consommions lorsque le bar n’était plus accessible les soirées de match.
Et puis il y avait au fond de l’établissement une pièce à l’étage accessible par un petit escalier de bois.
The darts games room. La salle des jeux de fléchettes, une petite pièce – Notre pièce – où étaient accrochés trois armoires de style rétro. Une verte, une blanche et une orange, aux couleurs de l’Irlande. Nous nous étions pris de passion pour ce jeu rustique qui accompagnait nos pintes de bière, le temps d’une soirée.
Jean était très adroit, moi un peu moins mais ça ne m’empêchait pas de le battre parfois.
Nous ce que nous préférions c’était le cricket, la variante certainement la plus ludique de ce jeu mais aussi celle qui laissait le moins de place au hasard.
Il y avait toujours un petit groupe d’habitués que nous retrouvions et avec lesquels nous nous confrontions. Les gars contre les gars, les filles contre les filles ou encore en équipes mixtes, ces joutes acharnées donnaient une dimension supplémentaire à l’atmosphère de ces soirées .
De temps à autres un serveur ou une serveuse venait voir si nous n’avions pas besoin de refaire le niveau de nos chopines.
Une fois, un nouvel élément s’était intégré au groupe, un soit-disant cousin d’un habitué qui venait de je ne sais où mais qui avait une bonne tête.
Au moment de passer commande, la serveuse lui avait demandé :
— Et toi le nouveau, qu’est-ce que j’te sers ?
— Une bonne rousse ! lui avait-il répondue tout sourire en reluquant mes fesses rebondies qui tendaient insolemment le tissu de mon jean.
Jean avait remarqué son regard insistant mais n’en avait pas fait cas.
— Guinness, Kilkenny, Beamish, Hooker ou Kilian’s ?
— Une Hooker bien sûr ! Il s’était passé la langue sur les lèvres tout en continuant de me mater.
Je retirais mes fléchettes du disque de liège, deux sur le dix-sept et une pleine bulle, et me déplaçais en direction de Jean. Nos regards se croisèrent, il fit un mouvement de tête pour désigner l’inconnu, je lui répondis par un mou qui disait – pourquoi pas – et Jean me sourit l’air de dire – je vais lui montrer qui est le boss.
Il interpella le nouveau.
— Ça te tente une petite partie ?
— Ben… pourquoi pas.
— Judy, ça ne t’ennuies pas si je lance avec…
— Romain, je m’appelle Romain.
— Si je lance avec Romain et ensuite promis on reprend notre partie.
— OK ça me va, pas de problème, lui répondis-je.
— Alors c’est moi qui choisis le jeu, déclara Romain.
— Et qu’est-ce que tu choisis ? lui demanda Jean.
— Un 501 double out, ça te va ? Allez je te laisse l’honneur !
Jean prit ses fléchettes et se dirigea vers le pas de tir.
Jean me sourit. Je compris qu’il était hyper confiant. Je lui rendis son sourire en lui faisant les yeux doux.
— Qu’est-ce qu’on parie ? questionna Romain.
Jean qui s’apprêtait à effectuer son premier lancé arrêta net son mouvement et se retourna.
— Quoi, tu veux parier ? Mais je n’ai rien à parier moi. Dix euros, peut-être encore à la rigueur, c’est tout ce que je dois avoir sur moi.
— Dix euros ! Tu parles d’un pari, t’as rien de plus stimulant ? T’as bien une mise qui en vaille la peine quand même. Moi je te propose cent euros.
— Cent euros ? Désolé mais je vais devoir renoncer à cette partie.
Assise sur mon tabouret, j’aurai bien aimé que Jean lui donne une bonne leçon à ce Romain mais je n’avais pas grand chose non plus dans les poches.
Romain vint se coller contre Jean et lui murmura à l’oreille :
— On peut parier ta copine si tu veux, je suis sûr que ça pourrait la brancher.
Je regardais Jean en fronçant les sourcils, l’air interrogatrice.
Il me fit un signe de tête l’air de dire t’inquiète pas, je gère.
Sûr de sa maîtrise il entama la partie. Trois triples vingt en haut au centre, ça démarrait très fort.
Loin d’être impressionné Romain tapa une bulle intérieure, un dix-huit et un vingt. Soixante-trois points.
Ils bataillèrent encore quelques lancés, Jean passa devant et Romain revint dans la course.
Jean mit les bouchés doubles et pris nettement l’avantage. Il voulait en finir, ce jeu avait assez duré. Décontractée je l’encourageais du regard lorsque soudain mon visage se décomposa. Romain venait de rentrer trois bulles plein centre. Quatre-cent quatre-vingt dix-sept points alors que Jean n’en était qu’à trois cent quarante.
Je vis la sueur perler sur le front de Jean qui n’osait plus me regarder, je ne l’avais jamais vu aussi tendu. Il essaya de faire de son mieux mais, certainement perturbé, ne fit que que quatre-vingt treize points.
— A mon tour, dit Romain. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas été autant en veine ! Une vraie chance de cocu, c’est bien comme ça qu’on dit non ?
Sa suffisance m’exaspérait. Je n’avais jamais croisé quelqu’un autant persuadé de sa valeur. Je crus deviner que je n’étais pas la seule. Jean n’arrêtait pas de prendre de petites gorgées de bière pour se donner de la consistance.
Romain s’approcha de la ligne tracée au sol, tourna la tête dans ma direction et lança sa première fléchette sans regarder la cible. Celle-ci fendit l’air et vint se planter sur le chiffre deux mais hors cible. Je lui souris, l’air narquois. Me fixant toujours, la deuxième prit la même direction et finit au même endroit. Je hausse les épaules pour lui faire comprendre qu’on ne peut pas gagner à tous les coups. Il passe la pointe de son troisième projectile sur sa langue et le lance d’un coup sec.
Double trois. La pointe était venue s’enfoncer juste au dessus des deux fléchettes précédentes. Mon sourire s’efface. Jean reste prostré comme hypnotisé par le regroupement de ces trois pointes.
— 501, double et … out ! Déclara Romain qui sur le mot out venait de pointer son index en direction de la sortie en me défiant du regard.
Je n’essayais même pas de protester, Jean ne supporterait pas que son honneur soit une deuxième fois bafoué. Je descendis de mon tabouret et me dirigeais près du juke-box qui jouxtait l’entrée.
L’appareil jouait Don’t leave me now de Supertramp. Je me souvenais ma mère me dire qu’elle avait adoré ce groupe dans sa jeunesse, qu’elle en avait acheté et usé toutes les k7.
Ne me laisse pas maintenant…
— Je viens avec vous, déclara Jean tout juste sorti de son mutisme.
— Intéressant … rajouta Romain en se frottant les mains.
Nous nous dirigeâmes au fond d’un petit couloir du rez-de-chaussée, à l’intérieur des toilettes handicapés. L’endroit spacieux était propre et sentait la lavande, il ne devait pas être souvent utilisé.
Romain, le pantalon sur les cheville, près de la rampe de maintien, attendait le fruit de son pari, la récompense pour laquelle il s’était battu.
Je m’approchais de lui, suivit de près par Romain. Je m’agenouillais sur le carrelage froid, approchais mon visage de son bas-ventre et lui ôtais son caleçon. Pour mieux voir ce qui allait se passer ou tout simplement pour surveiller que tout se passerait bien Jean s’était mis sur le côté.
— Tu me la copieras celle-là !
— Mais j’étais sûr de gagner. Je te jure.
— Ouais n’empêche que c’est pas toi qui a fini avec un pénis dans la bouche. T’as vu comme il était monté ce con? La prochaine fois tu réfléchiras à deux fois avant de m’embarquer dans des trucs comme ça.
— Excuse moi Judy, tu as raison, je n’avais pas à prendre de décisions sans t’en parler.
— Pour être tout à fait honnête avec toi – je lui glissais un coup d’œil taquin – ça ne m’a pas tout à fait déplu au final.
— Et moi qui culpabilisais de t’avoir fait subir ça. Tu serais même bien allée plus loin si je n’avais pas été là, hein petit coquine ?
— Faut voir, qui sait… peut-être que oui, peut-être que non.
— Ah tu me fais pas marcher c’est ça hein ? Et moi en plus je cours comme un idiot.
— Peut-être que oui, peut-être que non.
— Puisqu’on en est aux confidences, moi aussi j’ai un peu kiffé de te regarder le sucer.
— Je ne te connaissais pas ce côté voyeur.
— Je viens de le découvrir moi aussi ou bien c’est l’effet de la nouveauté.
— On pourra réitérer l’expérience si tu veux Jean, je veux bien faire ça pour te faire plaisir.
— Pour Me faire plaisir ou pour Te faire plaisir ?
— Pour nous faire plaisir…
Les semaines et les cibles se suivaient, nous nous offrions de temps à autres un petit extra avec un ou une inconnue. Nous pouvions parier plusieurs cibles sur un même week-end. Ça ajoutait un petit plus à nos soirées car nous ne programmions jamais rien et faisions en fonction des circonstances ou de nos envies. Le scénario variait peu. L’un de nous deux abordait la personne, lui proposait de façon anodine un pari qui par la suite s’orientait sur un acte consenti.
Toutes les routes mènent à Rome et Romain était apparu un jour dans nos vies comme par magie – nous nous demandions parfois si nous ne l’avions pas inventé et s’il avait réellement existé – et nous avaient dirigés dans cette voie. Il avait été le guide qui nous avait ouvert l’esprit, un élément déclencheur de nos pulsions.
— Tu te rends compte qu’on aura bientôt joué une centaine de cibles depuis ce jour avec Romain.
— Toi et tes statistiques, tu n’es pas ingénieur pour rien ! T’es sûr de ça ?
— Encore deux et on y arrive. Qui l’eut crut !
— Pour la centième il faudrait marquer le coup, faire un truc de spécial.
— On va y réfléchir …
PRÉPARATIFS
Jean est fier de son idée. Il en avait parlé à Richard son pote et collègue qui travaillait au service conception. Une des têtes pensantes du bureau H, le bureau qui créait les prototypes de skis – du coup il avait toujours une imagination débordante.
Il lui avait fournit une pièce de bois, de l’acajou de Cuba, un bois dont l’essence rouge foncée était de toute beauté.
Sa mission était simple : réaliser un barell – la zone de prise en main d’une fléchette – en bois d’acajou mais en modèle XXL. Son objet devait avoir un diamètre d’environ six centimètres et une longueur approximative de quinze centimètres de façon à obtenir une fléchette surdimensionnée avec une courte pointe et complétée du shaft et du flight (les parties supérieures qui aident la fléchette à maintenir sa trajectoire).
Aujourd’hui il vient constater le résultat de son travail.
— Regarde Jean, je te l’ai poli comme tu me l’avais demandé.
— C’est quoi ce que tu as mis dessus pour qu’il soit autant lustré ?
— Ah ça, c’est un vernis bio écologique et résistant à l’humidification. Ce vernis est utilisé sur les jouets en bois dans le Jura pour que les petits puissent les porter à leur bouche sans crainte.
— C’est pas mal ça ! Bon ben nickel, t’as fait du super bouleau. J’espère que cet objet plaira à Judy.
— Oh je n’en doute pas une minute.
De mon côté j’avais eu beau y réfléchir longuement je ne savais toujours pas trop quoi lui offrir. Alors j’avais pris ma tablette sur les genoux et je m’étais mise à parcourir différents sites web sur internet jusqu’à ce que j’eus le déclic. Je trouvais un article sur un sextoy révolutionnaire qui procurait du plaisir aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Le Vibr’ensemble. Il ressemblait à un gros ver flexible avec une tête à chaque extrémité.
Faites l’amour à trois, disait le slogan publicitaire ! J’en avais déjà l’eau à la bouche.
Ma décision était prise, je commandais immédiatement l’objet convoité et le recevais trois jours plus tard.
LE JOUR J
Aujourd’hui c’est vendredi mais un vendredi bien particulier. je suis un peu nerveuse mais je sais que tout va bien se dérouler. Je n’ai pas bien dormi et j’ai fait des cauchemars toute la nuit. Dans mon sommeil je voyais des cibles géantes accrochées au mur du Finn mais ces cibles avaient une particularité, les chiffres situés en périphérie effectuaient des rotations aléatoires et imprévisibles. Tout était basé sur la chance et non sur l’adresse du lanceur. Vous pouviez viser le dix-huit en haut à droite de la cible mais le temps que la fléchette atteigne son objectif le dix-huit s’était transformait en deux. La partie devenait alors ingérable et mon adversaire me demandait d’ôter un vêtement à chaque fois que je faisais un lancé inférieur au sien, comme dans un strip-poker, si bien que je me retrouvais rapidement entièrement nue, exposée au regarde tous.
Ce matin j’ai pris un petit déjeuné léger, Jean est déjà parti travailler, puis je me suis habillée et j’ai chaussé mes baskets. Direction le bord du lac pour mon jogging quotidien. J’aime bien ce moment de la journée où, les écouteurs vissés sur les oreilles, je fais le vide du trop-plein d’idées accumulées durant la nuit.
Ah oui j’ai oublié de vous dire !
Depuis que nous sommes à Annecy j’ai arrêté de travailler. Je me suis lancée dans l’écriture. Je n’ai encore rien publié de sérieux mais j’y crois. Est-ce la proximité de l’église Saint-François de Sales si chère à Jean-Jacques Rousseau ou la beauté de cette ville, je ne le sais pas mais ici je me sens inspirée.
Je profitais donc de mon jogging matinal pour trier les informations stockées dans mon cerveau et de retour à l’appartement je notais ce que je voulais garder.
La journée s’était déroulée tranquillement jusqu’au retour de Jean vers dix-neuf heures. J’avais fait un peu les boutiques, je m’étais achetée, entre autres, de la lingerie affriolante noire et rouge dont un porte-jarretelles, un soutien-gorge à balconnets et une culotte fendue.
Je savais que Jean apprécierait cette attention. Il aimait me regarder déambuler dans des tenues légères. Parfois, juste pour lui faire plaisir, je me promenais dans notre appartement en sous-vêtements ou bien nue avec une minuscule nuisette en mousseline noire transparente qui ne cachait rien de ma chute de reins. Il se délectait alors du spectacle lorsque je faisais mine de me baisser pour ramasser un objet que j’avais maladroitement laissé tombé (oups ! Quelle sotte je faisais) ou lorsque je venais me coller à lui, mon bas ventre pressé contre son visage tandis que je levais les mains pour prendre un plat dans le meuble haut de la cuisine. Il ne pouvait s’empêcher de me ceinturer de ses bras puissants afin de me témoigner de la montée de désir suscité par mon petit manège .
Mais ce soir c’était ZE partie, la centième, le grand show.
On allait manger léger, se préparer tranquillement et filer au Fynn vers vingt heures trente.
Nous avions invité quelques amis pour l’occasion, pour la plupart rencontrés lors de nos soirées au pub, ainsi que Romain qui m’avait laissée un bon souvenir, surtout en bouche.
Vers vingt et une heures tous nos amis étaient arrivés, prêts à en découdre devant les cibles. Nous avions programmé l’ordre de passage des différentes équipes mixtes, chacune d’elles effectueraient au minimum trois épreuves (301 et 501 double out et une enculette, une variante du cricket) et les trois équipes qualifiées pour la finale se départageraient enfin sur un killer.
Les parties se succédaient, nous étions dans la course, Jean était au top ce soir, rien ne semblait l’arrêter. Il enchaînait les triples comme jamais ce qui compensait mes quelques maladresses et nous propulsa en phase finale.
Romain et sa copine Adriana, une bimbo d’une trentaine d’années que nous n’avions jamais vue jusqu’à présent faisaient également une équipe du tonnerre. Ils avaient remportés tous leurs duels haut la main.
Un troisième couple, des quinquas, Franck et Corinne, des bikers tatoués de la tête aux pieds toujours vêtus de cuir s’étaient aussi hissés jusqu’en finale.
Jean prit la parole.
— Mes amis, nous connaissons maintenant les finalistes. Le couple qui gagnera cette finale orientera la suite de cette soirée et ses dauphins devront se plier à leurs exigences. Chaque joueur commencera par lancer une fléchette de sa mauvaise main pour définir son numéro personnel et la partie pourra commencer. La partie se terminera lorsqu’il n’y aura plus qu’un couple en vie. Je vous souhaite à toutes et tous une excellente partie.
Tout le monde semblait extrêmement excité. La bière coulait à flot, même ceux qui avaient perdu prenaient faits et causes pour une des équipes restées en lice.
Nous commençâmes la partie.
Jean atteint tout de suite les trois points nécessaire prend la place du killer. Il visa volontairement les numéros des bikers qui passèrent en négatif et furent considérés comme morts. Il fit ensuite subir le même sort à Romain et à madame bimbo dont le décolleté s’était approfondi sous l’effet des vapeurs causées par le stress.
Nous avions réussi notre coup et en étions pas peu fiers.
— Judy, j’ai un petit cadeau pour toi. Jean sortit de derrière le bar une boîte en bois, semblable à un écrin d’une bouteille d’un spiritueux de prestige et me la tendit.
Je fis glisser le couverte de la boîte et découvris une fléchette en bois rouge minutieusement usinée sur laquelle était gravée cette phrase “cent cibles mais toujours sensuelle”. Je regardais Jean dans les yeux, une larme coula sur ma joue.
— Moi aussi j’ai quelque chose pour toi. Il découvrit alors mon objet, intrigué.
— Ne t’inquiète pas, je vais te montrer comment ça fonctionne.
Les couples vaincus comprirent le message et quittèrent la pièce calmement, seuls les couples finalistes composeraient le tableau final.
Je prenais les choses en mains et demandais à nos amis de se dévêtir, seules les femmes conserveraient leur lingerie.
Jean s’exécuta et attendit assis sur un tabouret près du bar.
Je lui ôtais mon cadeau des mains et me l’introduisais, écartant mon string fendu, la première extrémité au niveau de mon clitoris et la seconde le long de mon vagin.
Je demandais à Corinne de s’allonger sur le dos et à Adriana de se mettre à quatre pattes au dessus d’elle tête-bêche.
— Toi Romain, viens faire goûter ton sexe à Corinne. Je suis sûre qu’elle va apprécier. Quant à toi Franck, viens te positionner face à Adriana, je pense qu’elle va savoir quoi te faire.
— Corinne ?
Notre ami Romain aurait pu te laisser lécher le minou d’Adriana mais comme il vient de s’y introduire tu peux savourer ses bourses en attendant.
Je les regarde, avide de leurs réactions. Ils ont l’air de bien s’entendre ces quatre là. Les corps des quinquas ne sont pas en reste, ils sont beaux sous leurs tatouages aux couleurs vives qui se déforment selon les positions adoptées. Franck semble comme hypnotisé par le buste hypertrophié de la bimbo, faut dire que sa compagne a de tous petits nichons en harmonie avec son corps filiforme.
Je viens de mettre en fonction l’objet que j’avais logé dans mon bas ventre en appuyant sur son extrémité la plus large. Je demande à Jean de me rejoindre.
Je m’allonge près des cibles un peu à l’écart de nos amis, ma culotte commence à vibrer, les petits moteurs ronronnent à plein régime tandis que mon souffle se fait plus court.
Lorsque Jean me pénètre, les vibrations du sex-toy s’amplifient, son sexe presse l’objet contre la paroi de mon vagin. Des sensations envahissent son pénis mais aussi mon clitoris dont le petit capuchon se met à bander et effectivement nous faisons l’amour à trois. La moindre terminaison nerveuse de nos deux sexes est alimentée par cette objet : un super conducteur digne de tests dans une cage de Faraday.
Jean est sur le point de jouir, nos amis intrigués par ses râles de plus en plus forts sont venus nous rejoindre. Ils nous frôlent, nous caressent et nous enveloppent de leurs bras telles des pieuvres en eau profonde.
Il se dégage de nos assaillants, me laissant à leur merci. Alors que leurs langues rampent sur mon corps sans défense, que leurs doigts s’immiscent en moi et que tous mes orifices se retrouvent obstrués Jean refait surface, ma fléchette géante en main tel un guerrier Massai prêt au combat.
Il en a ôter la pointe meurtrière, elle ressemble maintenant plus à une ogive désarmée qu’à une fléchette.
Il se fraie un chemin jusqu’à mon corps et constate que mon sex-toy est maintenant entre les cuisses de Corinne qui tenait absolument à l’essayer.
L’entrée de ma vulve est gluante, toute mouillée par mes sécrétions vaginales. Jean y introduit délicatement la tête de son ogive et lui fait faire des va-et-vient.
Une forte chaleur irradie la zone de l’impact, son essai nucléaire s’avère être un succès. L’onde de choc se propage dans tout mon corps et ma tête commence à imploser elle aussi. Je ne sais pas pourquoi mais je revoie ma mère, heureuse, en train de se donner à ses amis devant mon père fier de sa beauté et de son savoir-faire. Mon cadeau va et vient en moi, la phrase gravée disparaissant complètement pour réapparaître quelques instants plus tard tel un message dans une bouteille à la mer submergée par les flots du désir.
Puis c’est l’extase, l’orgasme le plus intense de ma vie, mon corps se dissout en fines particules.
Lorsque les spasmes cessent, une éternité plus tard, de mes lèvres béantes il n’apparaît plus que la fin du message gravé sur le bois précieux de mon cadeau, un seul mot : elle.