DANIEL ET LE MAITRE D’APPRENTISSAGE
PARTIE 3
Ca faisait très longtemps que je n’avais pas mis de costume. La cérémonie était à onze heures du matin. Sur le coup de neuf heures, j’ai commencé à me préparer. Il fallait que je me rende dans la banlieue de T…Une cinquantaine de kilomètres. L’autoroute, le périph, sortir au bon endroit, basculer sur la banlieue. La zone où René vivait depuis sa retraite.
–Ca va aller?, m’a demandé mon épouse, avec sollicitude, quand je suis apparu dans le living.
–Forcément, le costume me va toujours. Je ne pensais pas que ça serait le cas.
Corinne me connaissait bien. Elle savait que je plaisantais toujours, mais que, dans certains cas, la plaisanterie masquait de l’émotion. René m’avait formé, pris sous son aile. Il était en grande partie responsable de ce que j’étais devenu. J’avais une dette envers lui. Et je n’étais pas le seul.
Et puis bien sûr, il y avait eu sa première femme.
–Tu veux que je t’accompagne ?
–Ca va aller, rassure-toi.
Corinne avait rencontré plusieurs fois René, il était venu chez nous, mais elle ne l’avait jamais apprécié. Elle détestait ce machisme qui ne cherchait pas vraiment à se dissimuler, et ce côté franchouillard qu’il avait, jusqu’à la caricature. Elle le voyait toujours arriver à reculons, soulagée quand il partait, et quand j’allais chez lui, elle ne m’accompagnait jamais.
J’ai pris la voiture, évidemment une voiture de la marque pour laquelle j’avais travaillé si longtemps et entrepris mon périple vers l’église qui accueillerait la cérémonie d’adieux. Les souvenirs sont remontés. Comment aurait-il pu en être autrement?
Il m’est apparu clair, pendant le diner, qu’elle avait jeté son dévolu sur moi. Un regard sans équivoque, et puis son pied, qu’elle avait déchaussé, et qui venait caresser mes jambes, et s’égarait sur mon bas-ventre, faisant durcir ma queue.
Juste avant que je ne parte, sur le coup de minuit, j’étais près de la porte, René m’a dit :
–Ah, au fait, j’ai un cadeau pour toi. Je vais le chercher, il est dans mon bureau.
Elle était tout près de moi. Elle m’a défait, mettant à nu une queue qui était restée dure toute la soirée même si j’avais déjà joui, et elle s’est mise à la masturber très rapidement dans le but de me faire jouir à nouveau. Je n’ai pas tenu très longtemps, et j’ai balancé des jets de sperme copieux, même si j’avais joui une heure et demi plus tôt, qu’elle a retenus dans sa main refermée sur mon gland. Bien que ca se soit passé très rapidement, l’orgasme n’en a pas été moins fort. Elle m’a soufflé :
–Tous les après-midis, je suis à la maison. Si tu as un moment pour passer. Il rentre très tard.
–Je finis à trois heures.
Elle a amené sa main à sa bouche et elle s’est mise à laper le sperme que sa paume contenait.
Son mari est réapparu avec un gros carton enveloppé d’un papier cadeau. Je l’ai déchiré sous le regard de son épouse, découvrant un modèle réduit d’un des véhicules commercialisés par le garage. Un cadeau qui symbolisait sans doute mon intégration, un cadeau précieux en tout cas, car ces modèles réduits valaient une fortune.
Il m’a fallu le temps de la réflexion avant de revenir la voir. Elle en avait d’ailleurs sans doute totalement conscience. En moi s’affrontaient passion et raison. Ce qu’on voit souvent représenté dans les dessins animés par un ange et un diablotin. Et c’était vrai que j’étais partagé entre l’attrait irrésistible que représentait pour moi une femme extraordinairement sensuelle, désirable, qui promettait des moments de plaisir intenses, du sexe comme je n’osais même pas l’imaginer, et la raison, le fait que je trahirais un homme qui m’avait tout donné.
Ce qui a sans aucun doute fait basculer la balance, et a détruit tous mes scrupules, ça a été la soirée du vendredi soir.
Le matin, j’avais été dans le bureau de René lui annoncer que j’avais résolu un problème latent sur une voiture. Sans doute parce que maintenant, je faisais réellement partie de l’équipe, en plus du magnifique modèle réduit, j’ai eu droit à une proposition :
–Tous les vendredis soir, sur le coup de vingt heures, on organise une petite sauterie dans la salle de réunion. Tu es invité…C’est l’occasion de passer un bon moment après les tensions de la semaine.
Ses paroles ont fait forcément écho à ce que m’avait dit son épouse. Ceci dit, sans doute parce que j’étais naif, j’avais du mal à le croire. Je le voyais d’une manière sans doute trop éthérée, j’ai compris qu’il n’était au final qu’un être humain, avec ses qualités, des défauts, et une recherche du plaisir que je ne partageais pas forcément, ou sur une gamme peu semblable à la sienne. Même si j’étais sans doute mal placé pour critiquer, moi qui étais obnubilé par son épouse.
Je suis bien venu à l’invitation. Je savais à peu près à quoi m’attendre, et je n’ai pas été déçu.
Ce qui était sans doute positif, dans cette réunion, c’était que les classes sociales se mélangeaient. Le directeur de l’agence, le chef d’atelier, deux commerciaux, deux mécanos…Dans la grande salle de réunion, il y avait des boissons, beaucoup de boissons, de la nourriture. Il y avait aussi et surtout une demi-douzaine de filles. J’étais peut-être dans un jugement hatif, mais au premier regard posé sur elles, on comprenait bien qu’elles n’étaient pas là pour faire réparer leur voiture. Elles étaient jeunes pour la plupart, la fraicheur leur tenait lieu de beauté, il y avait des blondes, des brunes, des rousses, une métisse, une asiatique, et leurs tenues définissaient clairement leur statut social, robes courtes et très décolletées, tailleurs avec vestes ouvertes sur des débardeurs sous lesquels elles étaient nues, et jupes fendues très haut, escarpins ou bottes avec des talons fins et hauts, cuissardes, beaucoup de maquillage. Elles ne pouvaient que déclencher le désir des hommes qui les payaient pour ça.
Quand je suis arrivé, d’ailleurs, il y avait ce basculement entre un début que j’imaginais plutôt soft, une prise de contact, de la discussion, quelques verres et le sexe.Une ravissante brune, avec un très joli visage et une frange, une robe noire et longue soulignant sa silhouette sans failles, était assise sur une chaise, et elle avait devant elle deux gars, deux mécanos qui exhibaient leurs queues raides. Avec un sourire sur le visage, elle en masturbait un tout en suçant l’autre, avec habileté et conscience. Sur sa gauche, l’asiatique était pliée en deux devant une table, jupe retroussée, une culotte blanche aux genoux, et elle se faisait fouiller par une queue gorgée de sang qui allait et venait dans son sexe. D’où j’étais, je voyais ses fesses cambrées et la queue qui allait et venait en elle, enveloppée d’un préservatif.
Ca m’a troublé, mais je n’aurais pour rien au monde participé à cette petite fête.
Mon maitre d’apprentissage me tournait le dos, et je me suis retiré avant que son regard ne croise le mien. Ca m’aurait mis mal à l’aise. Je voulais garder de lui une autre image que celle d’un homme qui cherchait le plaisir sans grande conscience.
En tout cas subsistait et, est longtemps restée cette interrogation : alors qu’il avait une femme qui pouvait tout lui donner, et qui avait tout, comment avait-il envie d’aller voir ailleurs ?
Mais je n’avais sans doute pas les clefs pour répondre à cette question. Ca tenait sans doute à une relation dont je n’étais pas le témoin, une usure certainement…
Sans doute qu’après cela, mon image de lui a été dégradée.
En tout cas, et c’est une évidence, ça m’a fait franchir le pas. Le lundi après-midi, j’ai fini sur le coup de quinze heures.Il me fallait une demi-heure pour me rendre chez elle. Ce que j’ai fait sans aucun remods, sans aucune culpabilité. Je ne savais d’ailleurs même pas si elle serait là.
J’ai fait le choix de me garer plus loin que chez eux. Il y avait un bout de parking sauvage le long d’un champ. Je me suis mis là, et j’ai gagné leur maison à pied.
J’ai sonné à l’interphone. Elle a débloqué le portail et je suis rentré.