— C’est tragique.
— Tu peux le dire.
— Je plains la famille.
— Mais tu plaisantes ? Tu ne peux pas leur faire voir un truc pareil.
— Il le faudra bien.
— Mais non, le commissaire ne le permettra pas.
— Ça fait combien de jours maintenant ?
— Trois jours qu’elle a été enlevée, et voilà que l’on reçoit cette vidéo surréaliste.
Jocelyne Marasco a disparu depuis soixante-douze heures, kidnappée par un groupuscule inconnu qui réclame à la famille, au nom de la morale, de l’argent. Du fric, le mari en a un peu, mais « notaire » n’est pas capitaine d’industrie. Ils auront du mal à récolter les fonds, c’est sûr.
— On se demande : pourquoi elle ?
— T’as raison, elle fait un peu femme ordinaire. La bonne cinquantaine, bourgeoisie de la région, tranquille, sans histoires…
— Mais cette vidéo, quand même, tout à fait surprenante.
— On marche sur des œufs !
La preuve de vie, si particulière, qu’ils viennent de recevoir atteste du sérieux de la bande de malfrats. La manière de procéder est ignoble ; et perverse. Éclairer Jocelyne sous un angle moral défavorable – du moins à leurs yeux – est une tentative de se dédouaner et de s’octroyer le beau rôle. L’équipe d’enquêteurs, entourant le commissaire Luigi Da Ponte, ne s’y trompe pas. Au-delà du genre procès autocritique, les gars veulent du pognon et s’offrir du bon temps, le reste c’est du flan. Il faut faire avancer l’enquête, ne pas traîner, et tenir le secret le plus longtemps possible. Imaginez la contagion d’enlèvements sur le même thème : la mise en scène de votre vie intime.
Comme il est essentiel de scruter le moindre détail, Da Ponte désigne deux gars sûrs occupés au visionnage de la vidéo. Le stress est palpable. En haut lieu on exige un résultat rapide. Cette affaire pue !
Le film commence sur un grand journal déplié, on y a entouré la date au marqueur rouge, façon de vous situer dans le temps. La gazette est arrachée par une personne dont on ne voit que les mains gantées. Apparaît la victime, nue, assise sur un sofa. Elle se présente :
— Je suis Jocelyne Marasco, et je viens d’être enlevée.
— Écarte les jambes putain, et montre bien ta chatte. Allez !
Jocelyne, apeurée, s’exécute. C’est la première fois que les enquêteurs ont affaire à un truc pareil.
La voix masculine reprend :
— Tu vas nous expliquer ta vie de pute, et n’hésite pas sur les détails, sinon…
— Oui… oui…
— Écarte mieux les jambes ! Et maintenant, vas-y !
— Tout ceci a commencé il y a quelques années. Je…
— N’arrête pas.
— Avec mon mari, nous vivions une certaine routine. Sexuelle je veux dire… J’étais morose, assez fatiguée et finalement j’attendais qu’arrive quelque chose de nouveau. L’été approchait et Armand, mon mari, s’était mis en tête de louer un bungalow situé dans un camping de bonne qualité. Le bien possédait une salle de bain, certes, mais on aurait dit qu’Armand avait décidé d’y passer la vie. Je m’étais donc résignée à me baigner dans les douches du camping. Cette fameuse après-midi, je m’y suis rendue seule et, après avoir fermé ma cabine, je me suis déshabillée tranquillement. J’ai entendu une personne arriver et occuper la cabine d’à côté, mais je n’y ai pas pris garde et j’ai commencé ma douche. Je me suis savonnée, c’était agréable et stimulant. Ensuite, tout en me rinçant je me suis mise à diriger le jet d’eau vers certaines zones de mon corps, si vous voyez ce que je veux dire… Quoi qu’il en soit, mon sexe était ouvert et mon clitoris, sous l’action du jet d’eau, s’est mis à gonfler. Je me sentais libre et belle et j’ai vraiment profité du moment. Ensuite, il m’a semblé que, de la cabine voisine, des bruits me parvenaient. J’étais si bien que je ne me suis pas inquiétée et j’ai continué mon affaire encore longtemps. J’ai enfin cessé ma douche et j’allais sortir de la cabine quand j’ai aperçu des trous dans la cloison. Je me suis dit que si je pouvais voir dans la douche d’à côté on pouvait tout autant me voir dans la mienne. Et lorsque je suis sortie, un peu gênée, un homme quittait le bâtiment et m’a regardée ; j’ai su directement qu’il m’avait épiée. Un jeune gars assez bien bâti, je n’en croyais pas mes yeux. De me voir espionnée par ce voyeur aurait pu me déplaire, mais je dois avouer que ça m’a fait l’effet inverse. J’ai aimé. Aussi bien, le lendemain j’y suis retournée à la même heure. Je me suis installée et rapidement il s’est introduit dans la douche d’à côté. J’ai remarqué que le trou de la cloison s’assombrissait ; il était donc-là, en position, en train de me reluquer. Mince, j’étais la reine du monde. Vous savez, pour une femme de mon âge, qu’un jeune se fasse un plan sur vous ça vous fait monter l’adrénaline. J’ai fait mon show, j’ai été langoureuse au possible, je me suis caressé les seins avec délectation, mon corps, mes fesses, j’ai été bonne et j’ai adoré. Les jours suivants nous avons remis le couvert ; je faisais mon strip et lui se branlait, la cloison tremblait, il me chuchotait des saletés : « Fais-moi l’amour, salope, je te mets la bite entre tes nichons, vas-y ! Branle-toi, montre-moi ton gros clito et agite-le ! » Il ne m’a jamais touchée en réalité, je ne connais rien de lui, ni son nom ni quoi que ce soit d’autre, mais une fois cette sorte de liaison terminée, une fois les vacances finies, ça m’a drôlement manqué.
— Tu es perverse, sale pute, traînée.
Jocelyne ne répond pas, elle fait son possible pour satisfaire ses ravisseurs ; elle sait qu’en leur racontant sa vie elle a des chances de s’en sortir ; ça… et le paiement de la rançon, bien entendu… Mais elle a peur. Qui sont ces gens ? Elle n’en a pas la moindre idée. Que veulent-ils vraiment ? Pas plus. L’homme reprend :
— La suite, dis-nous ta perversité.
Devant leur écran, les enquêteurs observent cette femme mûre, pulpeuse, au corps bien fait, soignée, la chatte rasée visiblement ouverte ; et se sentent un peu gênés. Pas évident de recevoir ce témoignage de vie intime. La pauvre. Mais le commissaire n’en démord pas. Il faut tout voir et découvrir le moindre indice. Jocelyne reprend :
— Ensuite, j’avoue que cette stimulation d’être regardée me manquait trop. Je suis devenue moins pudique. Ou plutôt je feignais une sorte de fausse pudeur.
— Qu’as-tu fait catin ?
— Notre jardin donnait sur un parc, pas très fréquenté, mais tout de même. Je ne savais pas qu’il était visité par certains couples et voyeurs en mal de sensations. Non, je ne le savais pas ; je m’installais sur ma chaise longue et je me plongeais dans un bon livre sans me douter de leur manège. Allongée au soleil, en mal de plaisirs, je me remémorais mon histoire avec l’inconnu. C’était mon petit jardin secret. Mon homme ne savait rien, il n’y avait d’ailleurs pas tromperie ; c’était juste comme ça, un petit truc sans conséquence. Un type, à peine vu, que je ne connaissais pas se branlait en cachette, à ma vue. Était-ce ma faute ?
— Tu ne t’es pas arrêtée là…
— Non, j’étais, je l’ai dit, en manque de reconnaissance, j’avais goûté à la joie de plaire, charnellement je veux dire, et j’étais en manque. Aussi, il m’arrivait de bronzer nue, juste recouverte d’un essuie de bain, afin de ressentir de nouvelles sensations. Souvent, ma serviette glissait et, le plus innocemment du monde, je la laissais montrer un sein, mes jambes. Quand j’ai compris que des gens se cachaient derrière la végétation du parc, j’avoue qu’au lieu de rentrer chez-moi, je me suis mise à jouer le jeu des voyeurs. Il m’arrivait de les voir, la bite à la main en train de se branler. Un jour qu’ils étaient plusieurs et se cachaient à peine, j’ai fait celle dont le coussin était à remettre en bon ordre ; je me suis mise à quatre pattes, les fesses bien ouvertes, et j’ai pris mon temps pour rendre sa forme à mon vieux coussin. J’ai juste eu le temps de les voir juter. Si mon mari s’était occupé de moi, il aurait vite vu, depuis la maison, sa femme bronzer nue et ces mecs, derrière la clôture, se masturber à leur aise. Mais Armand s’en foutait. Détail amusant, le fait de porter des lunettes de soleil était pour moi un sauve conduit. Je portais des lunettes, je n’étais donc pas tout à fait nue.
— Tu te fiches de nous salope ? Ce qui nous intéresse, c’est la suite.
— La suite ? Ben, il y a eu Jerry, ce type engagé par mon mari pour donner un coup de main à la maison et au jardin. Il a immédiatement remarqué mon manège. Au début, j’ai fait attention, mais c’était devenu plus fort que moi. Et est arrivé ce qui est arrivé.
— Vas-y ! crache le morceau !
— Ben, comme je prenais un jour mon bain de soleil, équipée de ma serviette – je me rappelle, j’étais sur le ventre – Jerry s’est mis à tourner autour de moi. Je sentais sa présence, ce qui me plaisait. De l’autre côté de la barrière, un voyeur était là qui me reluquait. Jerry lui fit un signe d’approcher et, tranquillement, a enlevé mon essuie de bain. J’étais à poil, nue comme un ver. Le cul à l’air. Vous êtes plus jolie comme ça, m’a-t-il dit et il s’est barré, emportant ma serviette. Que vouliez-vous que je fasse ? J’étais offerte aux regards. Le voyeur se rinçait l’œil, je me doutais bien de son activité lubrique ; alors, je me suis écarté les fesses afin de lui découvrir tous mes trous. J’étais tellement excitée que je mouillais comme une adolescente. Une fois sa branlette terminée, je suis rentrée, nue, chez-moi. Heureusement qu’il y a très peu de vis-à-vis, sinon j’aurais été le sujet des cancans du quartier.
— Et ce Jerry ?
— Il m’avait bien cernée. Il me disait que j’étais jolie, plus belle que toutes ces jeunes nanas ; que mon corps était superbe et qu’il donnait envie aux hommes. Avec Jerry, le nombre de voyeurs s’est accru. Certains tentaient de m’interpeller, mais je n’avais rien à leur dire. Jerry me disait qu’il fallait me libérer et profiter de mon plaisir avec plus de détermination. Il s’est mis à me donner ce qu’il appelait des « devoirs ».
— Quels genres ces devoirs ?
— Je me suis mise, selon ses conseils, à voyager nue sous mes vêtements et à écarter les jambes suffisamment pour laisser imaginer ma nudité. Je devais en permanence avoir la chatte rasée. Il m’a offert une perle montée en boucle d’oreille qu’il me fallait porter à une de mes lèvres de vagin. J’avoue que c’était joli. Mes décolletés devaient être plongeants ; ma forte poitrine, à demi visible en transparence, devait exciter les regards. Il m’a instruite sur l’art de me masturber en ville, au risque de me faire prendre. Un jour que j’étais garée le long d’un trottoir, je me suis branlé les yeux fermés. Jambes écartées, la jupe relevée, j’ai vécu un orgasme époustouflant alors qu’un piéton arrêté à quelques centimètres de ma bagnole faisait semblant de se renouer un lacet.
Ça a été de plus en plus loin. Il m’a inscrite sur Voissa et m’a filmée en train de faire des choses, et d’exciter les mecs. Mon devoir, comme il le disait, était alors de lire mes messages et d’y répondre de façon la plus suggestive du monde. Comme preuve de mon effet, je demandais aux types de m’envoyer des e-mails avec leur bite crachant sur mes photos. Je les incitais à être salaces et à m’écrire des histoires me mettant en scène. J’ai eu du mal au début, mais je me suis prise au jeu. C’était trop bon de faire fantasmer ces hommes ; certains me suppliaient que je leur donne un rendez-vous. J’en ai reçu quelques-uns dans le parc au fond du jardin.
— Mais qu’est-ce que t’as foutu d’autres ? Parle où on t’éclate.
— Non, non, je vous en prie, ne me faites pas de mal, je vous raconte tout, dans le moindre détail, mais après laissez-moi…
Jocelyne est trempée, elle répond à la demande de ces gens. C’est épouvantable pour elle qui, jusqu’à présent, vit son fantasme dans l’anonymat. Qu’allaient-ils faire de cette vidéo ? Qui allait la regarder ? La police ? Son mari ? La presse ?
— Alors continue salope.
— Un jour que mon mari était en voyage et que je devais recevoir la visite d’un peintre, Jerry a exigé que je le voie uniquement vêtue d’un string et de hauts talons. Il est donc venu à la maison, et moi qui prenais du bon temps au fond du jardin j’ai quitté mon transat pour aller lui ouvrir et lui montrer le travail. Mes seins lourds sous le nez. « Excusez-moi, je suis tellement confuse, je bronzais dans le jardin, ne m’en veuillez pas. » Il a à peine discuté du prix et s’est mis au boulot sans rechigner. J’avais instruction de tourner autour de lui, m’inquiétant sans cesse du moindre de ses besoins. Vous n’avez pas soif, par ce temps ? Besoin de quelque chose ? L’homme ne savait plus où se mettre et se demandait si ce n’était pas une invitation à me sauter. Mais je gardais une certaine ambiguïté. J’étais excitée, très excitée, je tremblais un peu. Mon plaisir était clairement de m’exhiber, de le voir les yeux écarquillés ne sachant que faire, suer jusqu’à disparaître dans les toilettes régulièrement. Pour finir, il m’a fait un prix et m’a glissé sa carte : « À la moindre occasion, appelez-moi. La moindre ? Oui, a-t-il répondu. Bon, j’aurai bien le bureau de mon mari à repeindre, on verra. Merci pour tout. Au revoir. J’espère… »
Jerry me parle toujours de mon initiation, mais je n’ai pas besoin de lui. Je peux, moi aussi, prendre des initiatives. Comme le jour où j’ai reçu à dîner des clients de mon mari, des banquiers, je crois. J’étais habillée super-sexy et pour tout haut, j’avais choisi de m’entourer la poitrine d’une sorte de voile suggestif. À un moment, je me suis excusée et dirigée vers les toilettes. Comme je m’y attendais, un homme m’a suivie. Faisant mine de rien, devant le grand miroir du hall, j’ai retiré ce voile laissant mes seins nus une minute le temps de me regarder la poitrine, de me toucher les seins et de les repositionner enfin dans leur fourreau. L’homme, rouge façon sauce tomate Buitoni, s’est excusé et s’est engouffré dans les toilettes. J’imagine bien ce qu’il a pu y faire. Son entrejambe était surdimensionné. Toute la soirée, il m’a cherchée du regard. Au moment de partir, il a bien essayé de me parler, mais j’ai coupé court le laissant sur sa faim. J’aime qu’on m’envie. J’aime faire ma salope. J’aime imaginer les hommes se branler sur mon corps. J’aime ça !
— Jocelyne, tu aimes voir les mecs se secouer la tige, tu te montres et tu regardes, mais aujourd’hui c’est ton grand jour. On va te la mettre.
— S’il vous plaît, non.
À peine a-t-elle dit ces paroles que deux hommes masqués apparaissent dans le champ de la caméra. Ils ouvrent leur braguette et sortent leur engin. Le premier enfourne sa bite dans la bouche de la captive. De la main gauche, elle la saisit et se mit à la sucer ; illico, le second type fait de même et Jocelyne se remplit de ces deux membres agissants. Elle se met à baver, passant d’une bite à l’autre et terminant par les deux ensemble. Sa respiration s’accélère et trouve son rythme. Des mains lui massent les seins. Visiblement, chacun apprécie. Enfin, celui qui semble le plus directif lui dit de se lever et de se foutre à quatre pattes.
— Je vous en prie… pas de violence…
— T’en as pas marre de voir les autres se branler ? T’as pas envie de te faire baiser ; une bite, une vraie dans ta chatte de salope ?
— Euh… si…
La prenant par-derrière Jocelyne prend visiblement son pied ; de temps à autre elle regarde la caméra. Elle halète et gémit.
— Et toi, je veux te sucer pendant que ton copain me prend. Et regarde-moi pendant que je te lèche le chibre. Comment trouves-tu mes seins ? Vas-y, ils sont à toi.
Jocelyne apprécie de plus en plus ce gars qui la prend comme une chienne, balançant son cul contre les couilles du gonze, elle jouit enfin à se tordre. Le type lui-même n’en peut plus, il sort sa queue gonflée de plaisir et, d’un jet magnifique, envoie la sauce sur le dos de sa proie. Chacun reprend sa respiration et la vidéo se termine sur quelques vociférations du type.
— T’as intérêt à nous envoyer le pognon mec, sinon, cette vidéo sera mise en ligne et je te promets que tu perdras tout ce que t’as. À bon entendeur !
Au sein de l’équipe de flics, c’est l’effervescence. L’espèce de réduit dans lequel a été tournée cette vidéo, ils le connaissent ; ils l’ont vu, au sous-sol de la victime. Jerry, le fameux Jerry, vient d’être arrêté et placé en garde à vue pour chantage et séquestration. Il se disait que le notaire de mari, par peur du scandale, serait prêt à cracher le blé. Quant à Jocelyne, elle n’aurait jamais imaginé que son « initiateur », aidé en cela par un branleur du fond du jardin, soit responsable de son kidnapping.
Gênée de retrouver son mari en tête à tête après de pareils aveux, la mâture se fait injurier :
— Espèce de… traînée, pute, tu n’es qu’une pute, une vide couilles. Si c’est ça qui te fait fantasmer, je te promets que tu vas déguster. Il suffisait de le dire, je vais m’occuper de ton cas, j’ai quelques bons projets, demain nous partirons passer le week-end en Bretagne et je te préviens que ta valise sera inutile, une brosse à dents et un string, c’est tout. Salope, je vais t’exhiber moi, chienne !
Jocelyne esquisse un sourire ; l’affaire prend une tournure tout à fait intéressante.
— Je t’en prie Armand, pas de violence.
L’affaire est close. Loin de tout ce tumulte, au commissariat, un des deux flics astreints au visionnage de la vidéo place dans son sac une copie de celle-ci. Il jubile et a hâte de retrouver son épouse. Il faut que je la montre à ma femme se dit-il ! Elle aime ça !