Vers minuit, je demande tout bas à Lucia :
— Tu crois qu’on peut aller dormir ?
— Non, on arrive dans un port.
— Pour être vendues ?
— Mais non, on va d’abord débarquer. Ce n’est qu’ensuite qu’ils vont nous conduire à l’endroit où doit être vendues.
— Oui, et on est belles, hein ? Donc…
Elle lève les yeux au ciel en poussant un énorme soupir.
D’accord, je fais l’enfant (enlevé par des pirates !)
Le port est très peu éclairé. Le bateau se dirige vers une masse sombre, un hangar. Lucia m’explique :
— Ils vont certainement cacher le bateau dans ce bâtiment. Là, on aura peut-être l’occasion de s’enfuir.
Tout se passe comme elle le dit, sauf que les pirates nous attachent l’une à l’autre avec des menottes. On marche dans le port désert, jusqu’à une vieille voiture américaine. Un des deux ouvre le coffre et nous jette :
— Montez !
J’essaie de discuter :
— Je dois terriblement faire pipi Monsieur, je vous le jure devant Dieu.
Pourquoi j’ai dit ça ? Mystère, mais ça les impressionne un peu : si c’est devant Dieu, ça doit être sérieux.
Il me répond :
— Allez-y toutes les deux, vous avez trois minutes.
Il est fou ! Devant eux ! Lucia a déjà relevé sa jupe d’uniforme et baissé sa culotte. Ensuite… elle fait pipi. Elle me dit sèchement :
— Pisse !
— Oui, oui…
Je baisse aussi ma culotte, m’accroupis et miracle, j’y arrive.
Pas de papier de toilette chez les pirates, on remet nos culottes et ils nous poussent dans le coffre en disant :
— Il y a une bouteille d’eau. Ne faites pas de bruit et tout ira bien. Par contre, si on vous entend, vous serez attachée et on vous enfoncera vos culottes dans la bouche.
Lucia lui répond :
— Nous ne ferons aucun bruit.
Comme on a l’habitude de dormir ensemble, on se met en cuiller, elle devant, moi derrière et fouette cocher. Bon, l’expression un peu malheureuse, car il n’y a pas de cocher et j’espère qu’il n’y aura pas de fouet non plus.
On est fort secouées dans le coffre… Au bout d’un moment, Lucia prend ma main pour me donner la bouteille, en murmurant :
— Bois…
L’eau est tiède, mais j’ai terriblement soif. On roule des heures…
Je finis par somnoler, malgré les secousses.
La voiture s’arrête un peu plus longtemps que pour prendre de l’essence. Le coffre s’ouvre, je suis éblouie par la lumière. Deux hommes me sortent de là. On se trouve dans une très grande cour entourée de bâtiments dont certains sont en ruine. Peut-être un vieux fort colonial. Ils sortent Lucia aussi et nous mettent à toutes les deux un collier de métal, en disant :
— Il vaut mieux ne pas essayer de l’enlever, à moins d’aimer les décharges électriques.
Ensuite il écrit un chiffre sur le côté droit de notre cou, au-dessus du collier. Il nous dit :
— Quand vous entendrez « rassemblement », vous devrez vous rendre au centre du fort. Vous aurez cinq minutes pour obéir. En attendant, vous allez où vous vous voulez. Il y a de la bouffe et de l’eau au réfectoire.
C’est la fin de l’après-midi et il fait encore chaud, des dizaines de jeunes femmes sont couchées ou assises à l’ombre. Dire qu’il y a une bonne ambiance serait exagéré, mais certaines filles parlent entre elles. Elles ont des vêtements sales et ne sont pas coiffées, sinon on pourrait se croire avec des filles venues pour un casting de Miss Univers, car elles sont toutes minces et belles. Ils ne vont vendre que du premier choix. Lucia se dirige vers un groupe de Blacks et de Métisses. Les filles se sont plus ou moins regroupées par couleur. Blacks, Arabes, Blanches… Elles discutent en anglais et une des filles vient des Antilles. Lucia et elle se mettent à discuter à toute vitesse en créole. Elle ne va quand même pas m’abandonner pour cette fille ?
Je me tortille un peu, la main sur la chatte. Elle me demande :
— Tu dois pisser, c’est ça ?
— Ouiii…
— Et tu n’oses plus parler ? Parfois, j’ai l’impression d’être avec non seulement avec une gamine, mais qu’en plus, elle est un peu demeurée.
Ça fait rire les filles autour de nous. Elle s’adresse à sa nouvelle copine :
— Gen twalèt isit la ?
— Nou piss nan yon kwen.
C’est ça, du créole. Il y a des mots qui sont proches du français, mais je ne comprends rien.
Lucia me dit :
— Suis-moi.
On va près d’un mur côté soleil dans un coin où il y a peu de monde, à part des gardes. Il y en a partout, impossible de se cacher.
Elle se trousse baisse sa culotte et pisse.
Un soldat qu’on n’a pas vu siffle un bon coup, puis jette :
— Joli cul !
— Merci Monsieur, répond-elle.
Lucia a fini, elle remonte sa culotte en me disant :
— Et alors ?
— Mais tout le monde me regarde !
— Alors ne pisse pas, serre les fesses.
Impossible. Je fais comme elle, rouge comme une pivoine. Les gardes m’encouragent : « Pppssssiiiiiitttt… ».
Au moment où j’y arrive, le liquide m’éclabousse les chevilles, tandis que les gardes applaudissent. Bonjour l’intimité !
Lucia y va de son petit commentaire :
— Mona dans son grand numéro de chochotte.
Elle ajoute plus gentiment :
— On va manger ?
— Oh oui !
Dans le réfectoire, nous découvrons une grande table avec des sandwichs un peu défraîchis, des portions de Vache qui rit, des bananes et des bouteilles d’eau. Après s’être servies, on va dans la cour pour pique-niquer à l’ombre. On mange et on boit… Ça nous permet de nous sentir un peu mieux. Pour la centième fois, sûrement, je demande à Lucia :
— Qu’est-ce qui va…
Elle me coupe :
— Si tu me demandes encore une fois ce qui va nous arriver, je te donne aussi la fessée.
J’m’en fous de sa fessée, la seule chose qui compte, c’est qu’elle me rassure.
Une jolie rousse assise pas loin se met à rire. Elle me dit :
— On va être envoyée dans un immense laboratoire afin de servir de cobayes pour de très douloureux traitements expérimentaux.
Paniquée, je lui dis :
— C’est vrai ?
Lucia et elle se mettent à rire. La rousse lui dit :
— Elle a quel âge, ta copine ?
— En général huit ans, mais parfois c’est encore moins.
Elles se remettent à rire. Qu’elles sont connes ! Je leur dis :
— Mais on va être vendues, c’est horrible !
La rousse répond :
— Horrible ou pas, personne ne va nous abîmer.
C’est vite dit, ça ! Lucia va près d’elle et elles discutent. Moi, je n’écoute pas, je panique et je suis jalouse… Celles qui ont faim ou soif continuent d’aller se servir. Il y a un peu une ambiance qui ressemble à celle des derniers jours de classes… vous savez, quand il y a une tombola pour gagner les objets perdus que personne n’a réclamés.
La rousse s’appelle Suzy, elle a été enlevée alors qu’elle était en voyage de noces à Agadir. Quelle horreur ! Enfin, nous, les pirates c’est pas mal non plus.
Pour dormir, on va où on veut. La rousse nous montre un coin où il y a de la paille.
*
Le lendemain, nous nous réveillons tôt, collantes dans nos vêtements de la veille. On va au réfectoire, il y a du pain, des fruits du thé. Suzy est toujours là. On entend une voix qui doit provenir d’un haut-parleur : « 117 et 118, infirmerie, vous avez 5 minutes ». C’est nous ! Suzy nous indique l’endroit et en deux minutes, on y est.
On suit des flèches « infirmerie ». La porte d’une grande pièce aussi délabrée que le reste est ouverte. Trois soldats sont attablés. L’un d’eux a une fille sur les genoux… Ils boivent de la bière et rigolent. On entre. Lucia qui ose tout, en général, ne dit rien. Pour finir, un des gardes fait semblant de nous remarquer et demande :
— C’est vous, les 117 et 118 ?
— Oui, Monsieur.
— Bon, déshabillez-vous. Prenez une douche et lavez-vous soigneusement.
On ne demande pas mieux. Je remarque qu’il y a quelques cannes en bambou disposées à différents endroits. Je crois qu’on a intérêt à obéir.
On enlève nos vêtements et on les met sur une chaise. On se lave avec plaisir, mais il faut s’essuyer avec une serviette pas très propre. En sortant de la douche, on constate que nos vêtements ne sont plus là.
Moi, je suis dans la position de la « Venus pudica », un bras sur les seins, la main sur la chatte. Lucia est évidemment plus à l’aise.
En soupirant, la femme quitte les genoux du garde et nous dit :
— Asseyez-vous sur la table gynécologique.
Après qu’on se soit assises, elle vient avec une seringue. Aïe ! Je déteste les piqûres. L’infirmière commence par moi, c’est pour une prise de sang. Je détourne les yeux. Si je regarde, je tombe dans les pommes !
Elle ne désinfecte pas et aspire mon sang tout en continuant à parler aux hommes. Je sens à peine la piqûre.
La fille demande :
— Johnny, tu veux marquer les filles ?
— Oui, je branche le fer
Marquer ? Je regarde Lisa, affolée, mais elle hausse les épaules.
L’homme branche un appareil, qui ressemble à un fer à souder. Oh mon Dieu ! On va être marquées au fer rouge !
Après quelques minutes, il retire son appareil et nous montre un dessin en métal chauffé au rouge. Le dessin est fin, heureusement, il n’y a que des lettres : GSS. Il nous dit :
— Vous serez encore plus belles avec cette belle marque sur le derrière.
Il me regarde, je l’implore :
— Non, pitié Monsieur !
Il se retourne vers les autres en disant :
— Venez me la tenir. Je sens qu’elle va bouger, celle-là.
Ils se lèvent et me couchent sur le ventre sur la table gynéco, pendant que je crie et que je me débats. Et puis, je sens une horrible douleur sur le haut de la fesse gauche.
Je crie encore plus fort. J’ai l’impression que je vais m’évanouir. Hélas, non. On me met un pansement gras sur la brûlure puis des sparadraps pour faire tenir le tout. J’ai été brûlée au fer rouge : quelle horreur et quelle douleur ! Bande de barbares sanguinaires !
C’est le tour de Lucia. On ne doit pas la tenir et elle pousse juste un petit cri. Ouais…
Après avoir été marquées comme du bétail, une des infirmières nous demande :
— Vous voulez une deuxième marque ?
— NON !
— Alors mettez ces vêtements et tirez-vous.
Il s’agit de robe blanche sans manches. Au moins, on n’est plus nues.
On sort… et on passe le restant de la journée à discuter avec les nouvelles copines de Lucia. On va manger et boire… Dès que je bouge, la brûlure au fer rouge se rappelle à mon mauvais souvenir.
Le soir, on va se coucher dans un coin. Plus que jamais, je suis Lucia comme son ombre. Une des filles lui demande :
— Qu’est ce qu’elle a, à te coller comme ça ?
— C’est la fille la plus peureuse du monde et elle a l’impression qu’il n’y a que moi qui sois capable de la protéger.
La fille me regarde et me demande :
— C’est vrai que tu es la fille la plus peureuse du monde ?
J’ai le courage de répondre :
— Oui, c’est vrai…
Ma fierté ? Quelle fierté ?
On dort. J’essaie de ne jamais me trouver sur ma fesse gauche.
A suivre.
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