Dès le lendemain matin, on va voir le restaurant. Il est tout en longueur, juste au-dessus d’une grande plage de sable entourée de rochers. Volcaniques, me dit Lucia. Il y a un petit escalier en bois pour descendre à la plage. C’est vraiment beau et bien situé… mais je le trouve très grand. Moi, j’imaginais un petit restaurant carrément sur une plage, juste pour Lucia et moi. Ici, il faudra sûrement du personnel. Lucia me dit :
— Alors ?
— Beau et bien situé, mais il me semble si grand.
— On prendra du personnel.
C’est bien ce que je pensais !
Dès le lendemain, elle a rendez-vous le notaire pour signer le compromis de vente. Moi, je vais flirter avec mon nouvel ami qui m’offre des glaces…
En fin d’après-midi, je retrouve Lucia. Elle est ravie. On va dans un restaurant, manger des mangoustes… Oui, je sais, c’est langoustes… Une réminiscence de ce que je disais quand j’étais petite.
Quand on est de retour dans notre chambre à l’hôtel, Lucia me demande :
— Est-ce que tu veux t’occuper de la comptabilité ?
— Oh moi, les chiffres…
— Alors gérer les fournisseurs ?
— … Euh…
— Accueillir les clients ?
— C’est que je ne parle pas le créole et avec les gens, je ne suis pas très à l’aise. J’ai envie d’un peu me changer les idées, après ce qu’on a fait.
— D’accord, je vais te laisser t’amuser pendant une semaine. Ensuite, tu travailleras. On n’est pas en vacances.
— Je peux avoir de l’argent de poche ?
— Tant que tu ne travailles pas, non ! J’ai pratiquement tout dépensé pour l’achat du restaurant. Je te rappelle que c’était ton rêve, un restaurant sur le bord d’une plage.
— Oui, mais…
— Tu te feras tout de suite inviter, si tu te balades. Comme moi à Barcelone. Grandis un peu Mona.
*
Le lendemain, on passe chez le notaire. Oui, je l’accompagne. Ensuite, on va à notre nouveau restaurant avec un petit entrepreneur. Le but, c’est entamer des transformations. Entre autres faire d’une annexe, qui sert actuellement de garage, une chambre pour nous. Au début, ce sera vraiment camping.
Dans les jours qui suivent, elle engage une grosse cuisinière black, Maria, et deux serveuses créoles et métisses, Flora et Stefie.
Elles appellent Lucia « Madame » ou « Patronne ».
Madame-Lucia-la-patronne me demande :
— Tu es décidée à travailler avec moi ?
— Bien sûr, tu sais que je ne rêve que de ça (enfin, d’un petit restaurant sur une plage, juste elle et moi.)
— Il faut qu’il y ait une hiérarchie, les filles t’appelleront Mademoiselle Mona.
Cool, ça sonne bien et c’est agréable d’avoir du personnel. Je les fais un peu courir pour m’apporter une chose ou l’autre !
On ouvre le lendemain et rapidement, le monde arrive.
Lucia me dit :
— J’en ai marre que tu passes ton temps à la plage. Je veux que tu travailles ! Qu’est-ce que tu vas faire ?
— … Euh…
— Tu pourrais aller au marché le matin, avec Maria.
— D’accord.
*
Le lendemain, je suis réveillée très tôt par Lucia qui me dit :
— Debout, tu dois aller au marché !
Je bâille en disant :
— Il est tôt…
— Tu te lèves et tu y vas.
Bon, bon. Je vais au restaurant. En me voyant arriver, Maria me fait des grands signes en disant :
— Dépêchez-vous !
Elle utilise la vieille camionnette que Lucia a achetée. On va au marché…
Je lui dis :
— Il faut d’abord que je déjeune, commence sans moi. Ah oui, donne-moi de l’argent, j’ai oublié d’en prendre. Tu mettras ça dans ton compte.
Je vais m’asseoir à une terrasse pour commander du café avec des pâtisseries. Mmmh, j’avais faim… Je suis bien au soleil.
Deux métis qui passent me disent :
— Salut beauté, bon appétit.
— Merci Messieurs.
— On peut s’asseoir avec toi ?
— Oui…
Ils sont sympas. Je leur explique que je tiens un petit restaurant avec une amie. Ils vont me faire de la pub. Ils me parlent d’une plage bien cachée entre deux avancées rocheuses où il y a moyen de se baigner nus. À ce moment-là, Maria arrive en traînant un énorme caddy. Elle me dit :
— On doit y aller, Mademoiselle.
— Dans cinq minutes, Maria.
Elle attend en râlant… Au bout d’un moment, elle me dit :
— Je dois travailler, moi, pour préparer le repas de ce midi.
Oui, bon… Un des deux garçons m’écrit son numéro de téléphone, sur un bout de papier. On s’embrasse. Je retourne à la camionnette avec Maria. Je lui explique :
— Ils vont faire de la pub, pour le restaurant.
Elle hausse les épaules. On rentre en silence. Bonjour l’ambiance !
Quand on arrive, il est 10 h 30. Lucia, qui attend dehors, dit :
— Vous êtes tard.
— Demandez pourquoi à « Mademoiselle » Mona, Madame. Moi, je n’y vais plus avec elle.
J’essaie de me justifier auprès de Lucia :
— Je n’avais pas déjeuné… et puis j’ai discuté avec des jeunes gens qui vont faire de la pub pour le restaurant.
— Viens avec moi.
On va dans son bureau. Elle va encore me passer un savon ! Elle me jette :
— Le marché, tu n’aimes pas, t’occuper des papiers non plus. Tu es incapable d’accueillir les clients. Quand tu es avec des inconnus, tu te tortilles en regardant tes pieds. De toute façon, tu ne parles pas le créole. Alors tu vas faire quoi ?
— Je vais réfléchir et…
Elle me coupe :
— Non ! Les deux serveuses ne suffisent plus pour le soir et ça coûterait trop cher d’en engager une en plus. Alors, à partir de maintenant, tu dois les aider.
Quoi ! Je réponds :
— Mais… euh… je suis ton associée…
— Une associée qui ne fout rien ! Alors, tu aides les serveuses.
— Mais serveuse, rien que le soir ?
— Oui, tu travailleras de 17 h à minuit.
Ça fait quand même 7 h de travail… Je lui demande :
— Je peux y réfléchir ?
— Non et la discussion est close. Tu commences aujourd’hui à 17 h précise.
Je m’apprête à lui dire « Non, mais ça va pas la tête ? » Mais autant être lucide, ce qu’elle fait, j’en suis incapable. Par contre, servir dans un restaurant, ça doit être assez cool. Lucia ajoute :
— Dix-sept heures précises, Lucia. Il y aura un uniforme pour toi sur le lit.
La totale, quoi ! Je n’ose pas aller à Castries, alors je vais me balader sur la plage en contrebas. Il n’y a pas grand monde, je m’ennuie. Je préfère les plages de Castries où j’ai déjà des amis. Bah, j’irai demain…
À 16 h 45, je vais dans notre chambre. Un uniforme à ma taille m’attend sur une chaise. On l’a choisi ensemble. C’est-à-dire que moi, je voulais qu’on habille les filles un peu sexy : une mini-jupe rose, un tee-shirt avec une publicité pour le resto et cerise sur le gâteau, une casquette rose. Lucia m’avait pourtant dit :
— Tu as vraiment des goûts de chiotte par moment !
Résultat, j’enfile une robe noire et un tablier blanc. Elle a des goûts vraiment originaux, elle… À 16 h 55, je vais dans le bureau de Lucia. J’ouvre la porte. Il y a déjà un couple. Elle me dit sèchement :
— Tu sors immédiatement et tu attends que j’aie fini !
Un moment, je croyais que j’étais aussi un peu la patronne, ici !
Bon, j’attends dans le couloir. Maria, la cuisinière, arrive. Elle est surprise :
— C’est donc vrai ! Mademoiselle Mona est devenue serveuse. Il va falloir travailler à partir de maintenant !
Je ne réponds rien. Elle part en pouffant.
J’attends 1/4 d’heure. Le couple sort et me regarde en souriant. Il n’y a rien de drôle ! Lucia me fait entrer et me dit :
— Ça te va super bien, l’uniforme.
— Il est triste cet uniforme. Tu sais Lucia…
Elle me coupe :
— Tu es une serveuse maintenant. Tu dois m’appeler Madame et me vouvoyer comme les autres. D’accord ?
NON !
— D’accord ?
— Oui Madame
— Bien. On va aller le dire aux filles.
On va dans la salle du restaurant. Les filles dressent les tables. Ça a l’air de les ravir, me voir dans le même uniforme qu’elles.
Lucia leur explique :
— Mona va vous aider, le soir. Comme elle n’a jamais fait ça, vous devrez lui dire ce qu’elle doit faire.
Flora lui demande :
— Elle sera obligée de nous obéir, Madame ?
— Oui…
Ça leur plaît ! Bon, j’avoue que je les ai parfois fait courir. Donc là, elles vont peut-être se venger.
Stefie essaie d’en savoir plus :
— On pensait qu’elle était votre associée, Madame, c’est ce qu’elle disait.
— Non, c’est une amie en dehors du restaurant, mais ici, traitez-la comme une apprentie. Elle va devoir être obéissante.
— On ne doit plus l’appeler Mademoiselle Mona ?
— Bien sûr que non.
Mais pourquoi elle me fait ça ? C’est quand même moi qui ai réussi la mission ! Enfin, la moitié de la mission.
Elle interrompt mes pensées, ou plutôt mes ruminations, en disant :
— Tu as encore le choix, Mona. Si tu préfères, occupe-toi de la comptabilité, mais la moindre erreur peut avoir des répercussions graves.
— Je déteste ça.
— Alors dis clairement aux filles que tu feras ce qu’elles disent.
En regardant mes orteils nus dans des chaussures noires (l’uniforme !), je dis :
— Je ferai ce que vous dites.
C’est Stefie qui me répond :
— C’est bien Mona et ne t’en fais pas, en peu de temps, on fera de toi une serveuse stylée.
Garce !
Eh ! Si je veux, je pars. Non, je dis des bêtises. Je vais faire ça un moment et puis chercher autre chose. Genre vendeuse. Flora me dit :
— Et alors tu rêves ? Aide-nous à dresser les tables.
— Oui, oui…
— Oui qui ?
— Mais…
— OUI, QUI ?
— Mais, Madame n’a pas dit que…
— Non, mais comme tu n’es qu’une apprentie, il faut nous obéir, un point c’est tout. Compris ?
— Oui, Mademoiselle Flora.
Bah, après tout, je serai libre le matin, le midi et une partie de l’après-midi.
On termine de dresser les tables, les premiers clients arrivent. Il y a déjà des habitués. Une jeune cliente métisse me demande :
— Tu es la nouvelle serveuse ?
— Oui, Mademoiselle.
— Une serveuse blanche, c’est sympa.
Mouais… I y a quand même des choses agréables. Je sens les regards des hommes sur mes jambes nues et mes fesses bien visibles sous l’uniforme. Ce qui n’empêche pas que je doive obéir à Stefie et Flora… Oui, j’ai eu tendance à jouer un peu les patronnes avec elles au début. Stefie me dit sèchement :
— Qu’est-ce que tu attends pour débarrasser la 4 et la 16, Mona ?
— Oui Mademoiselle Stefie, tout de suite.
Serveuse, c’est sportif, on va et on vient sans arrêt avec des plats et des assiettes. C’est vraiment fatigant. Je suis bientôt en sueur et j’ai des auréoles sous les bras. Un moment, j’appuie mes fesses sur le bord d’une table inoccupée pour me reposer un peu, mais j’ai aussitôt à une remarque acerbe de Flora :
— Ne mets pas tes grosses fesses sur les tables, Mona, des gens vont manger là !
Ça fait rire quelques clients qui l’ont entendue. Mes fesses sont rondes et belles, pas grosses !
A suivre….
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