La vie sexuelle de Dieu
Chroniques inexistentielles
« La femme est la seconde faute de Dieu. »
Friedrich Nietzsche
« Dieu est mort, Nietzsche est mort,
et moi-même je ne me sens pas très bien »
Woody Allen
***
Chapitre 0. Sodomie introductive.
Depuis quelque temps déjà, Dieu est mon voisin. Et je sais que ce qu’il aime le plus, c’est bouffer des chattes. Comment je sais cela : voilà bien le vrai dessein de ces chroniques véritables. Car je tiens juste à dire la vérité, moi. En vrai. Je ne sais pas vraiment dire comment cela est arrivé mais cela est. Il habite une petite maison avec des volets verts à quelques pas de la mienne, et, je ne sais pas, mais il vient souvent chez moi. C’est bizarre de dire que Dieu habite une petite maison avec des volets verts, je crois. Mais la vérité peut sembler bizarre, des fois. Et sembler n’est pas être. Des fois.
Il est arrivé un soir d’été morne où je batifolais avec une désespérée providentielle, avinée et ramassée l’après-midi même sur les trottoirs vides comme moi de la ville. Ce jour-là, cramponné à ses hanches je ne sais pas trop pourquoi, je farfouillais de ma queue raidie par l’effroi le trou de son cul offert par le destin aux délires grotesques de ma tête tout embuée de stupeur. La lassitude de l’instant étendait alors ses ailes fielleuses d’ennui sur presque tout. Voire sur vraiment tout. La pénombre visqueuse de la petite chambre était juste à vomir. Tout en continuant à piler de la merde avec mon gland douloureux aux parois rudes du boyau, je me surprenais à compter les mouches assoupies et hagardes comme moi et comme tant d’autres qui sautillaient de poses moles en poses inutiles aux murs tristes de la pièce. Mais comme elles bougeaient tout le temps, fallait que je recommence mes comptes à chaque fois. Ça c’était un peu chiant. Faut dire que la chaleur de l’air suffoquait depuis plusieurs jours les moindres recoins du quartier, et, les souffles rauques de la fenêtre ouverte ne parvenaient qu’à faire transpirer un peu plus le silence plat de ces heures stériles. Nul refuge, nul instant, rien de plus que les soupirs étirés brûlants d’un embarras sans fond où tout et tous sombraient comme la folie sourde qui emplissait nos âmes inertes et avachies au fond de je ne sais trop quelles cavités de nos corps arbitraires plantés dans ce décor apocalyptique de vides décombres et de limpide décadence…
Le soir tombait comme au ralenti : chiant à crever. C’est alors que, par un foutu miracle météorologique ou astrologique ou qu’importe, une foutue bouffée de vent glacial s’engouffra dans l’exiguïté de la foutue pièce telle un foutu archange annonciateur. Le claquement de mâchoire de la fenêtre qui venait de voler en éclats se répandit en autant de perles de miroir dans l’air saturé et mou comme pour prédire l’aboutissement prochain de mon œuvre en cours. Surprises, les lèvres de l’anneau rectal où mon vit folâtrait s’ébrouèrent d’incontrôlables audaces, qui, je ne savais le dire, cherchaient tour à tour soit à éjecter ma barre, soit à l’avaler tout entière ou encore, s’essayaient à l’immobiliser dans de vaniteuses et loufoques contorsions de lutteurs antiques suants et virils.
Tout ému par ces soudaines vigueurs jointes aux glaciales morsures du vent froid qui tourbillonnait dans mon dos, j’accélérai mon limage sans même y avoir songé. Les lames du merdique store se mirent à vrombir. Les mouches folles d’inédite rage heurtaient les murs de leur angoisseuse détresse. Mes oreilles palpitaient de leurs bras de noyés l’air agonisant et tout saturé d’électriques striures verticales qui tournaient et tournaient en chavirant dans des allures désespérées de naufrage. Mes yeux gonflaient mes orbites comme des andouilles. Mes ongles entraient si fort dans la chair que le sang jaillit et excita un peu plus les assauts des mouches sur nos corps puants tendus maladroits vers l’ultime résolution de cet amour tectonique aux allures impatientes de catastrophe. Les orteils de mes pieds s’écartelaient en de splendides éventails andalous et battaient et rebattaient le sol flasque qui semblait comme se solidifier petit à petit, mais d’une solidité de glace révolue que nul soleil n’avait encore jamais percée, nulle joue chauffée d’humaines tendresses… Puis, hâtive comme une merde au cul le matin, ce sol de marbre veineux tout gonflé d’un sang fou circulant en tornades dans les canaux grands ouverts de mon cerveau tout prêt d’éclater en cette ultime explosion qui aurait donné enfin à ma tête les dimensions de l’univers, ce sol qui depuis peu semblait perdre ses allures de polaire banquise, ce sol si soudain et si froid et si définitif surtout, dur, bouillant, volcanique, criant et hurlant comme du cristal et suppliant d’inachevés cailloux filants tels des météores à la vitesse du cheval au galop dans le ciel merdique d’une nuit vide et inutile, ce sol impatient de tant de troubles impatients et troublé de tant d’impatiences troublantes, ce sol céda, se liquéfia, et le monde chavira pour, tout entier, sombrer dans ce subit océan de tendresse et de détresse mêlées aux relents flasques de ma sauce prête à jaillir. Alors, m’abandonnant aux déroutes inachevées de cet instant, je lâchai les volutes de l’irruption de mon gland aux profondeurs grotesques de ce ventre ouvert et chaud comme celui de la terre où l’on entasse pêle-mêle les cadavres et les urines, les rires et les souvenirs, les espoirs et les peurs et tous les herbiers futiles ou graves d’improbables sentiments, palpitants comme des soleils troublés à l’obscurité avariée de mes ténèbres.
C’est alors que, tout en me rappelant en mon for intérieur du dedans ce moment où, les plaisirs les plus purs nous astreignent avec l’évidence et la force désinvolte d’une loi divine à nous plier aux règles liées de l’hygiène et de l’amabilité pour trouver dans les suites immédiates à ces ébats, un moyen correct de s’essuyer, l’on frappa à ma porte. Et alors, je l’ouvrai…
– Bonjour, je suis Dieu et je suis trempé. Puis-je entrer ? … J’ai une bouteille.
De toute évidence, dehors il pleuvait et il avait une bouteille dans sa main. Il disait donc vrai.
– Vous n’avez pas de maison ? je demandai, stupide.
– Si, à coté, mais je m’emmerde trop ce soir et j’ai pas le cœur à me masturber. Alors j’ai pris une bouteille.
– C’est quoi comme bouteille ?
– Je sais pas vraiment. Mais y a de l’alcool dedans. On m’y a donné tantôt, alors ça ira bien je pense…
Et il est entré comme ça. C’était la première fois que je rencontrais Dieu.
***
Chapitre 1. Levrette et conscience.
À peine franchit-il le seuil de la pièce qu’il s’immobilisa recta béat devant l’improbable tableau qui s’étalait à ses yeux béats. Aux miens aussi d’ailleurs. Les genoux encore mous et le ventre répandu paresseux sur le dossier épuisé du fauteuil en cuir râpé qui supporta tantôt nos ébats sans gloire, ma valeureuse – faut bien dire – et anonyme compagne n’offrait d’elle à l’insalubrité ambiante qu’une impeccable vision sur les suprêmes merveilles de son cul, son cul blanc comme neige écrirait sans doute un écrivain scrupuleux et soucieux d’apporter à la justesse pointue de ses images le concours d’une luxuriance poétique de bon aloi seule à même de transfigurer sa prose tendue et alerte en ces majestueux transports qui humidifieront très vite les plus retorses des ménagères affairées ou tendront d’efforts impurs les élastiques des plus chastes caleçons abandonnés stupides aux aléas peu hygiéniques des si nombreux fluides corporels qui irriguent et fuitent quelques fois de nos corps concourant certains, chacun à sa manière, à la fabrique de ces monceaux improbables d’imaginations et de certitudes que nous chérissons et brodons en les chimériques bouquets de nos si misérables et si petites vies… Si petite vie et si blanc cul qui enserrait en son écrin de soie pure l’œil noir et pur de l’anus assouvi qui s’élargissait un peu en les délicats pétales rouges usés des peaux malmenées par les révolus labeurs amoureux ou les antiques minutes d’une constipation rugueuse, allez savoir ? Ce beau coquelicot surplombait fier et vif un haletant vagin, gonflé et brillant, brûlant sans doute, tout proche de hurler au monde les attentes qu’il ne savait articuler, il semblait au potelé bambin abandonné aux troubles de ses urgents et informulables appétits, agités brouillons comme lui par les si inconnues et si éternelles tempêtes de l’Être… Mais, j’allai bientôt l’apprendre, le Néant est, cela est tout à fait certain, tout aussi agité et absurde.
Ému de son trouble, Dieu s’agenouilla conquis et humble comme devant la plus absolue des défaites au pied de ce trône de chair sans paroles. Les paupières mi-closes, il huma ce derrière comme l’on se remplit les narines des splendeurs d’une prairie que l’étroitesse du regard ne suffit à embrasser tout entière. Les crépitements de la pluie au dehors semblaient ponctuer de diamants les délicats balancements de cette délectable méditation.
– Puis-je embrasser ce trésor ? Manda-t-il à l’heureuse.
Un râle angevin lui répondit. Ce qui fit suer un peu plus les murs déjà tout palpitants de tant d’impatiences contenues et, bien plus qu’une approbation divine, ce fiévreux appel toucha le cœur généreux et dévoué de Dieu. Ses lèvres amoureuses se posèrent sans impatience sur ces chairs appelantes qui suppliaient affreux de toute l’étendue de leurs doux et douloureux plaisirs ces dévotes attentions qui semblaient, mais sembler n’est pas être, savoir d’elle tout ce qu’elle ignorait d’elles ainsi que de tous les foutus restes de l’univers. Fallait voir moi je dis. De ses mains presque jointes, il écarta un peu les grosses lèvres du vagin pour que sa langue mieux le pénétra. Les vagues du dos de la suppliciée se creusaient à chaque assaut un peu plus et dégénérèrent bientôt en une poignante tempête. Des soupirs plus stridents que l’écume exigèrent très vite que l’on pénétra ce conduit.
– Pardonnez mon trouble, fit Dieu en se tournant vers moi tout en laissant un doigt évasif en l’orifice, je ne voudrais abuser de si belles et si bien préparées langueurs en la demeure de mon si opportun hôte. Ces soupirs réclament vos ardeurs et ma présence, encore inconnue de la bienheureuse que voilà, semble l’abuser et je ne saurais plus longtemps tromper ses atermoiements. Pardonnez ce furtif égarement : je vous laisse, nous boirons la bouteille une autre fois.
– À dire vrai j’ai un peu soif et vous me rendriez un très noble service : je suis fourbu. Je finissais juste de l’enculer lorsque vous sonnâtes à ma porte et je crains pour l’heure de ne plus être en état de fourrer à nouveau, même si ce vagin je vous l’accorde semble être des plus délicieux. Mais sembler n’est pas être et vous rendrez un grand et valeureux service en acceptant sans délai cette offrande. Puis-je ouvrir la bouteille et commencer à boire en vous attendant ?
– Mais je vous en conjure : faites et ne vous tourmentez point pour si peu. Fit-il pudique en sortant sa bite par sa braguette ouverte. Vous avez un tire-bouchon n’est-ce pas ?…
Je ne suis pas un très grand connaisseur ni même un grand amateur de bite, mais ce qui me frappait en apercevant ainsi aussi subrepticement celle de Dieu, c’était son impeccable et presque incroyable rectitude. Mais à quoi bon douter lorsque l’évidence surgit aussi indéniable devant nos yeux : la bite de Dieu, d’une grosseur et d’une longueur fort bien proportionnées l’une à l’autre, était d’un port et d’une stature étonnante. Droite comme un i ou comme un troufion anxieux à l’inspection, elle ne montrait aucune courbure de la moindre espèce, pas la moindre inclinaison ou dévers d’aucune sorte, elle était à elle seule une sorte d’appel universel et définitif à la haine de toutes attitudes courbées et surgissait de ce corps de taille un peu moyenne, maigre et un peu voûté et semblait, mais sembler n’est pas être, le parfait contraste de la silhouette paresseuse et un peu molle de son propriétaire. Avant qu’elle ne disparût tranquille comme un soleil au crépuscule en l’impatient orifice, j’eus le loisir de voir que Dieu n’était pas circoncis. Je pense que ce détail n’a pas la moindre importance et j’ignore absolument pourquoi je le notai. Mais maintenant que c’est dit, c’est dit… Allez savoir ?… Toutes les vérités ne sont pas toujours utiles, il en est des qui ne servent à rien du tout et qui pourtant subsistent et surnagent inexpliquées en les canaux saturés et mouvants de nos cerveaux calamiteux et fatigués de tant et de tant d’inconnu et de connu si bien mélangés que le réel se brouille et se brouille si bien qu’il ne subsiste de lui à la fin que l’infect bouillon tiédasse de nos vies dont il faut bien se contenter et dont on ne sait plus vraiment quoi dire… Mais on dit… N’importe quoi en vrai… Cela rassure peut-être… À moins que ce ne soit autre chose ?… Je sais pas trop en fait…
Tout en limant l’heureuse, Dieu vint interrompre ces importantes circonspections par les siennes, de circonspections.
– Vous avez déjà remarqué à quel point la levrette était tout à fait propice à la méditation introspective ? Un face à face où l’on se noie presque dans les yeux de l’autre et où l’autre nous regarde et nous scrute de même, et nous tout pareil, nous oblige chacun à nous fabriquer une façade de circonstance, une apparence, entraîne de façon tout à fait nécessaire nos esprits et nos pensées sur les complexes et inextricables considérations antagonistes de l’Être et du Paraître. Et on pense plus vraiment à ce qu’on fait en fait… Libéré par ce merveilleux moyen – la levrette – du regard de l’autre, nous pouvons et devons nous engager en toute sécurité et sérénité dans les loisirs introspectifs les plus profonds qui soit. Regarde bien et écoute. Il n’y a que ce dos pâle, maculé de ces quelques maigres flocons noirs de grains de beautés, lisse, paresseux et définitif comme l’ennui, le découragement, la honte ou le désespoir qui ondule aux intrusions distraites de ma queue, et, les infinies variations de ses mouvantes évolutions ne sont en fin de compte que les infinies variations de ma conscience qui, mouvante, se dessine ainsi sous mon regard avide. Et c’est par l’intermédiaire actif de ma bite, ce prolongement érectile et émouvant de ma conscience, que ce miracle se produit. Nul autre miroir que cet écho vide et lisse et paresseux et définitif de ma conscience qui se meut à mes yeux en ce dos, et immédiatement, le sentiment très clair de n’exister que dans le propre vide de ce dos. Car le vide est propre. Le vide de ce dos, mu par l’action à-vide de ma queue en cet à-vide vagin, ce si vide trou… Vide comme sont vides tous les trous en fait. Un trou, en définitive, c’est un petit morceau de vide entouré par quelque chose. Le trou est donc la plus parfaite représentation de ma conscience : c’est un vide à l’intérieur de quelque chose qui questionne sans relâche ce vide même. Le vide, le rien, est la seule et l’unique condition de possibilité, absolue et nécessaire, de toutes les consciences. La conscience n’est qu’un creux au milieu de mon corps pourtant si plein de merde et de boyaux. Un creux, juste un creux, et le seul qui brille. Car pour qu’il y ait un trou, il ne faut pas seulement quelque chose autour, il faut surtout qu’il y ait rien à l’intérieur de cet autour. Il faut qu’il y ait rien pour faire un trou et un trou pour qu’il y ait quelque chose, moi-même ou même un monde où il y ait moi-même. Si nous pensons juste, nous sommes tous issus d’un trou : cela est absolument certain et définitif. Tous issu du rien qui jadis nous fit. Allons-nous mesurer un jour la portée de ceci ?… Et moi j’aime à fourrer toutes sortes de trous. C’est évident…
Moi je buvais mon verre un peu anxieux à ce moment-là. C’était vrai que c’était pas mauvais et qu’y avait de l’alcool dedans. Pas si mauvais mais pas si bon non plus… Je ne savais pas trop quoi penser du coup. Le doute m’envahissait. Ce qu’il y avait de certain avec Dieu, et même avec son vin, c’était bien le doute… Mais comment pourrais-je douter de mon propre doute ? Il doit bien être le seul nécessaire en ce monde ?… Je vais me resservir un verre, tiens.
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