SENSITIVE ACADEMIA (3)

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Pierre Triarde


initiationsoft


SENSITIVE ACADEMIA

3 – Cyc1e 1

L’école se composait d’une vingtaine de bâtiments positionnés en arcs de cercle. Au centre du campus se trouvait le Dôme récréatif, lieu de toutes les perditions. Je n’eus pas vraiment l’occasion de me divertir dans la mesure où mes six premiers mois à l’école ne furent qu’une longue succession de cours sur la biologie humaine et le contrôle de soi. Le plus dur étaient les séances d’athlétisme qui me laissaient, le soir venu, exsangue au fond de mon lit. Le régime alimentaire de l’école me pesait aussi. Moi qui avais l’habitude d’engloutir toutes sortes de nourriture à toutes heures du jour et de la nuit me retrouvait réglementé à deux repas quotidiens. Scarlett ne me lâchait pas d’une semelle. C’est elle qui m’accompagnait lors des marathons sur la plage. C’est elle aussi qui supervisait mes exercices d’athlétisme dont le but était de me faire perdre mon ventre et muscler les différentes parties de mon corps. Et je dois avouer que la métamorphose ne me déplaisait pas. Malgré notre baise mémorable le premier jour de mon arrivée à l’école, les relations avec Scarlett restaient maintenant académiques dans la mesure où les règlements de l’école stipulaient qu’il ne pouvait y avoir de relations sexuelles entre les élèves du cycle 1 et ceux du cycle 2. Pour une raison que j’ignorais, les étudiants des cycles 2 et 3 n’avaient de surcroît pas le droit de révéler aux élèves du cycle 1 la teneur de leur enseignement. Tout cela me paraissait étrange et quand je posais la question à Scarlett, elle me disait qu’un jour, je comprendrais. Pour le moment le mystère demeurait entier et il y avait des jours où je me demandais ce que je foutais dans cette école de tarés. Un soir du cinquième mois, Scarlett me fit venir dans sa chambre. Son tuteur du cycle 3 s’y trouvait aussi.

Derick Von Kronen était un gaillard d’un mètre quatre-vingt quinze pour une centaine de kilos. Ce qui me surprit le plus chez cet homme était son visage de statue grecque. Derick s’avança vers moi pour me serrer la main et me confier avec un fort accent allemand.

Scarlett m’a beaucoup parlé de toi ! Elle te décrit comme un étudiant volontaire qui ne baisse pas la garde !

Je fais de mon mieux ! rétorquai-je simplement.

Un esprit sain dans un corps sain ! laissa tomber l’homme doctement. Déshabille-toi s’il te plaît ! Scarlett fait en autant, la leçon doit être claire pour notre jeune ami.

Je ne voyais pas de quelle leçon Derick voulait que je sois le témoin mais je m’abstins de le lui demander. Dans cette école, j’avais au moins appris une chose, c’est que moins on posait de questions, plus grande était votre tranquillité. Je me mettais donc à poil et me retrouvai face à Scarlett, nue elle aussi.

Qu’est-ce que tu vois ? me demanda Derick.

Une ravissante jeune femme dans son plus simple appareil ! dis-je amusé.

Scarlett me sourit tendrement.

On dirait que Scarlett te fait de l’effet ! ironisa l’éducateur. Qu’est-ce qu’on t’a appris sur l’orgasme ?

Que l’orgasme masculin est unique alors que celui de la femme peut-être multiple !

Multiple et multiforme ! me corrigea l’homme. L’orgasme féminin peut-être déclenché par l’excitation directe du clitoris mais aussi par la pénétration. Si l’orgasme clitoridien est intense et court, l’orgasme vaginal est lui, tout aussi intense mais plus long. Le seul écueil à cette belle dynamique, c’est que la plupart des hommes éjaculent avant que la femme ne succombe à l’orgasme vaginal. Tu vois ce que je veux dire Anton ?

Le contrôle de soi ! dis-je pas très sûr de ma réponse.

Le contrôle de soi ! confirma  Derick. Le dur apprentissage de l’esprit à résister à des tensions extrêmes. Scarlett, mets-toi à genoux que nous montrions à notre jeune ami les effets d’un tel contrôle.

Je vis mon binôme s’agenouiller sur la moquette. Derick se dévêtit à son tour puis se plaça derrière Scarlett.

Je ne pense pas qu’une telle démonstration soit nécessaire ! dis-je soudain très mal à l’aise.

Derick me fit signe de me taire. L’angoisse m’étreignit lorsqu’il pénétra Scarlett. J’avais presque oublié que dans l’organisation tordue de cette école, Scarlett possédait deux binômes, ma personne en cycle 1 et Von Kronen en cycle 3. L’expert en contrôle de soi n’avait pas vanté ses mérites, l’homme était bel et bien aussi imperturbable qu’un robot domestique. À ses pommettes rubicondes et ses lèvres gonflées, il n’était pas difficile de voir que Scarlett prenait son pied. Von Kronen la besognait depuis quatre…cinq … six… presque sept minutes quand elle se cambra soudain en criant comme une folle. Je vis son corps onduler comme si je le regardais à travers un jeu de miroirs déformants. Von Kronen se soulagea à son tour en grognant. Le trépan énorme de Derick se retira des profondeurs avec un petit plop humide.

Contrôle de soi !déclara-t-il à peine essoufflé par sa démonstration. Provoquer l’orgasme de sa partenaire avant de se laisser emporter par le sien.

Au fond de moi, je sentis quelque chose se briser. Je n’avais pas supporté que cette espèce de gorille se répande dans le ventre de celle que je croyais être mienne. J’avais beaucoup de mal à admettre cette situation mais je ne pouvais rien dire. L’Académie était ainsi construite sur les relations de binômes insérés sur trois cycles et il était préférable pour moi de l’admettre sans trop faire de vagues.

Au détour d’une allée qui conduisait au Dôme, Scarlett me rejoignit en me prenant par le bras. Elle me sourit timidement.

Je viens de terminer mon cours de contrôle ! Si tu veux, nous pourrions nous promener un moment. J’ai quelque chose à te dire !

Scarlett posa un doigt sur ses lèvres. Ses yeux bruns me dévisageaient sans ciller. Nous prîmes le chemin qui menait à la forêt. La pelouse du campus laissa progressivement la place à des arbres plusieurs fois centenaires. Sur leurs branches couvertes de mousses s’accrochaient des fougères. L’atmosphère se fit soudain plus moite en même temps que le sol exhalait une puissante odeur d’humus.

Prends le chemin à ta droite ! me précisa Scarlett. Je t’emmène voir le panorama au sommet du Chounkry.

Je m’exécutai. Je ne savais pas ce que Scarlett avait de si important à me dire mais le simple fait de grimper jusqu’au sommet de la montagne pour me le révéler était une marque de péril imminent. Le chemin raide qui gravissait la montagne était encombré de racines glissantes. Nous ne pouvions pas nous arrêter quelques secondes sans que des essaims de moustiques s’en viennent se gorger de notre sang. Nous atteignîmes le sommet après une heure de marche.

On s’arrête là ! souffla Scarlett couverte de sueur.

Une partie de notre éducation à l’Académie consistant à interpréter les odeurs, il me fut facile de déceler l’état d’excitation de Scarlett. Elle-même n’ignorait pas l’attraction que son corps nimbé de transpiration produisait sur moi. Nous nous regardâmes un moment en sachant qu’il nous était impossible de nous toucher ; un élève de cycle 1 ne pouvait pas avoir de relation sexuelle avec son binôme de cycle 2. Expliquer pourquoi, c’était en partie soulever la question de savoir pourquoi l’éducation au sein de chaque cycle était aussi hermétiquement scellée.

Qu’est-ce qu’on apprend en cycle 2 ? lui demandai-je pour la énième fois.

Tu n’as pas à le savoir, tout comme je n’ai pas à savoir ce qui se passe en cycle 3.

Von Kronen ne t’a pas lâché le morceau ?

Von Kronen respecte les règles ! Que me reproches-tu  enfin ? De me faire sauter par mon binôme de cycle 3 ! Derick m’encadre depuis mon arrivée à l’Académie. C’est un bon élève et un bon coup si tu veux tout savoir !

La révélation de Scarlett me fit l’effet d’un coup de couteau dans le ventre.

Tu ne t’es jamais demandée à quoi servait cette école ? répliquai-je crânement. Fabriquer des bêtes de sexe, tu peux me dire à quoi rime ce bordel ? Quelle tâche allons-nous devoir exécuter une fois notre éducation terminée ? Je ne pense pas qu’autant d’argent et de temps soient injectés dans l’Académie pour former une bande de putes et de gigolos de luxe.

Dis-moi ce que tu vois ? me rétorqua-t-elle sur un ton de défi.

Du sommet du Chounkry, nous avions une vue panoramique étalée sur trois cent soixante degrés. L’île n’était pas grande mais les trois-quarts de sa superficie étaient couverts d’une jungle épaisse. Au pied du Chounkry se trouvait Sensitive Academia enkystée dans son écrin de verdure. De l’autre côté de l’île miroitait la piste de l’aéroport. Le reste de l’île n’était qu’un patchwork de mangroves et de forêt dense.

Nous sommes pris au piège ! laissai-je tomber comme une évidence. Il n’y a que l’océan à perte de vue et dans toutes les directions.

Le jour de ton arrivée à l’Académie, la directrice à dit que ta présence à l’école avait provoqué le renvoi du binôme avec qui je travaillais avant toi.

Je suis désolé pour ton binôme mais ce n’est pas moi qui ai demandé à me retrouver sur cette île !

Je la regardai droit dans les yeux pour qu’elle comprenne bien que le renvoi de son ami n’était pas de ma faute. Et c’est là que je découvris que des larmes coulaient sur ses joues.

Harris n’a pas été renvoyé. Il a été assassiné par la milice de l’école !

Si je la dévisageais cette fois, c’était de stupéfaction.

Qu’est-ce que tu racontes comme connerie ! Tu veux me faire flipper, c’est ça ?

J’ai vu de mes yeux la milice arrêter Harris Streckmann et lui tirer un harpon en pleine poitrine. Ce soir là, nous nous étions donnés rendez-vous au Dôme pour manger un morceau lorsque j’ai vu deux hommes de la milice assassiner froidement Harris. Les deux tueurs ne m’ont pas repéré car je me trouvais à ce moment précis dans une zone d’ombre entre deux arbres.

J’aspirai, péniblement, l’air chaud qui montait des rocailles. Ainsi donc, il n’était pas possible de quitter l’Académie sans en avoir achevé les trois cycles. Un problème pendant la formation et c’était la mort en retour. Le problème d’Harris Streckmann, ç’avait été mon arrivée à l’Académie. Scarlett ne pouvait pas avoir deux binômes de cycle 1, alors quoi de plus naturel que d’en éliminer un pour le maintien de l’équilibre !

On rentre, fis-je en lui passant mon bras autour de la taille.

Pour la première fois en cinq mois d’école, je me sentis vraiment mal dans ma peau. Et dire que sans le vouloir, j’avais été le responsable de la mort de ce garçon. Grand-mère Hilda ne pouvait pas ignorer la dynamique très spéciale de Sensitive Academia ! À quoi donc jouait cette vieille salope ?

La fin des cycles arriva en même temps que les premières pluies de la mousson. Les élèves fêtaient leur passage dans le cycle suivant, la directrice ayant annoncé un taux de réussite de cent pour cent. Le Dôme bruissait des râles et des soupirs des soixante hommes et femmes galvanisés par la démesure de leurs rêves. Je n’avais pas envie de venir à la fête mais paradoxalement, ce fut Von Kronen qui m’y décida. Demain à l’aube, il quitterait l’Académie et il ne voulait pas s’en aller sans passer un dernier moment avec chacun d’entre-nous.

Du fauteuil où je me trouvais à siroter un mélange de rhum à la grenadille, je me délectais du corps à corps de mes amis où se mêlaient les odeurs fauves de leur sueur. La fragrance était puissante, opiacée, musquée. Devant moi baisait la noire Luna avec un grand costaud encore plus noir qu’elle. Se démenait sur la piste la marmoréenne Carlotta dont la minijupe de cuir rouge moulait les deux lobes affriolants de ses fesses. Igor, le mâle au mat toujours dressé naviguait toutes voiles dehors au grès des courants phéromonaux. De là où je me trouvais, j’avais l’impression de piloter un vaisseau en route vers les étoiles. Rien ne m’échappait, je voyais tout, j’entendais tout, mes narines captaient toutes les odeurs et ma langue toutes les saveurs. Derick Von Kronen était allongé de dos sur une table, la voluptueuse Cynthia accroupie au dessus de son visage. Avec une orbite aussi peu elliptique, la vulve de la jeune fille se trouvait à moins d’un centimètre de ses lèvres. Scarlett déboula furibarde de voir son binôme si profondément hypnotisé par la lune de la belle pythonisse. Elle enroba de salive l’index de sa main droite puis le planta sans sommation dans la fente ouverte.

Cynthia réprima un hoquet de surprise. Elle ne s’attendait pas à ce qu’un doigt aussi agressif la poignarde aussi sauvagement.

Dégage de là ! lui cracha Scarlett à la figure.

La fille trop surprise pour répondre se redressa sur ses deux jambes. Ne comprenant pas la réaction de Scarlett, elle alla vite se consoler dans les bras d’un autre homme. Ce dernier en profita pour remplacer le fin stylet qu’avait été le doigt de Scarlett par son chibre vibrant de tensions. Ainsi mise à mort par le supplice du pal, Cynthia se renversa en arrière en offrant son opulente poitrine à la bouche de son bourreau.

Pas mal le coup du doigt ! rétorqua Derick en connaisseur.

Je suis une experte en improvisation ! l’entendis-je répondre à son binôme.

Je n’aurais peut-être pas dû boire autant de rhum à la grenadille, l’alcool commençait à me taper sur le système. Lorsque je me réveillai aux premières heures du matin, j’avais la tête prise dans un étau. Le dôme n’était plus qu’un tombeau vide où le silence avait repris ses droits.

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