Solos de chienne

Amélie

Mat et No ont fait des progrès très rapides. Ils se sont glissés dans leur nouvelle peau animale, en ont adopté tous les usages en si peu de temps que je me demande presque si ce n’est pas leur vraie nature. Je leur ai simplement adapté de discrètes protections sur les genoux et sur les paumes des mains, car le quatre-pattisme râpe un peu, même en leur permettant de ne pas toujours mettre genoux à terre.

Ils m’obéissent si bien que je n’ai plus guère l’occasion de les punir et je regrette de ne plus avoir de prétextes, hormis mon bon plaisir, pour faire rougir leur arrière-train de toutous.

Comment se comporteront-ils sous un regard extérieur ? La réponse à cette question entame la dernière étape de leur chiennerie. Mat en enregistrera ses sensations, je les retranscrirai. Pas forcément fidèlement, comme d’habitude.

Ensuite, eh bien c’est une autre histoire.

Mat

Maîtresse Amélie nous a emmenés, No et moi, dans sa villa, à l’extérieur de la ville. Nos congés d’humains nous permettent d’y poursuivre nos vraies vies de chiens. Maîtresse nous a convaincu de prolonger l’expérience dans des conditions toujours plus strictes, cela n’a pas été difficile de nous convaincre. No et moi aimons le pouvoir que Maîtresse exerce sur nous. Lorsqu’elle nous a permis de parler entre nous pour prendre la décision de prolonger le week-end ou pas, nous sommes rapidement tombés d’accord pour convenir que nous aimions être dominés. Ce qui nous a poussés à accepter et voir où ces trois semaines nous mèneraient.

La maison de Maîtresse Amélie est située dans un endroit assez tranquille, entouré de quelques maisons dans le voisinage, d’une forêt et d’une rivière en contrebas du jardin. Oksana s’occupe de nous lorsque Maîtresse est absente. C’est est une immigrée illégale, entrée par l’intermédiaire d’un réseau de prostitution, que Maîtresse cache et essaie de régulariser. Elle travaille en partie pour Maîtresse Amélie et fait le ménage dans son appartement en ville et dans la maison où nous sommes maintenant. Oksana n’a rien d’attirant à part ses lèvres qui dessinent un beau sourire un peu triste, slave, malgré et à cause des épreuves qu’elle a endurées. Ce n’est pas un garde-chiourme, juste la nounou d’un chenil d’un drôle de genre. Elle applique les consignes de Maîtresse, même si elle ne les aime pas toujours du fait de son histoire personnelle.

Depuis que nous sommes à la maison, elle introduit un godemichet gonflable dans notre anus après notre promenade du matin et la toilette, godemichet qu’elle gonfle pour nous dilater, à chaque fois un peu plus, et empêcher qu’il ressorte. Ce plug est pourvu d’une queue en poils de je-ne-sais-pas-quoi pour faire canin et masquer le système de clapet antiretour. Maîtresse nous le retire et ensuite nous fiste, à chaque fois de plus en plus profondément. Maîtresse dit que notre univers ne doit pas être limité, que nous serons toujours des chiens, mais que cela ne deviendra qu’un des aspects de notre futur tel qu’elle le conçoit. De plus, nous devons être préparés à satisfaire nos différents Maîtres et Maîtresses de diverses manières. Notre cul doit être accueillant et habitué à recevoir nos propriétaires d’un soir ou plus.

Il y a presque onze jours que nous sommes en dressage et maintenant nous sommes de bons chiens. Nous pouvons apprendre d’autres choses. Maîtresse nous explique qu’elle nous louera ou nous prêtera et dans ces cas-là nous devrons nous comporter aussi bien que nous le faisons avec elle.

Deux jours après, un homme et une femme très élégants, habillés comme pour poser dans un magazine de mode sont venus voir Maîtresse. J’avais l’impression de les connaître, mais sans être capable de me souvenir où je pouvais les avoir vus. L’homme était un beau brun, le visage aux traits fermes, assez grand mais pas spécialement musclé. Je l’aurais classé dans les beaux ténébreux. La femme était brune également, élancée, et me rappelait une star de ciné du temps de la splendeur hollywoodienne que je n’avais connue qu’à travers les ciné-clubs.

Maîtresse nous a fait mettre aux pieds, puis nous a mis nos laisses. Elle a vanté les mérites de notre dressage tout en nous faisant prendre les poses. Elle a proposé aux visiteurs de nous promener dans le jardin. La femme s’est empressée d’accepter la laisse de No. L’homme était réticent, car seule la femelle l’intéressait. Maîtresse lui a répondu que nous étions inséparables, il nous prenait ensemble ou pas du tout. La femme a appuyé le propos de Maîtresse en disant qu’elle s’occuperait très bien de No pendant une soirée ou plus. J’ai compris qu’ils étaient venus nous louer comme Maîtresse nous avait prévenus de cette possibilité. Tout en nous promenant, Maîtresse leur a catalogué nos limites dues aux limites de notre dressage actuel a-t-elle dit, pas de relation sexuelle, même protégée, sauf entre No et moi, mais ils pouvaient utiliser des accessoires et nous fister, pas de punitions trop violentes, ceci et notre inexpérience expliquaient le prix très raisonnable qu’elle leur consentait a-t-elle ajouté. Ils ont quand même marchandé. La femme-star de ciné était acharnée, me trouvant soudain plein de défauts et arguant que seule la soirée du samedi comptait et devait se terminer tôt le dimanche. Le dimanche serait repos puisque nous ne serions qu’avec eux deux pour récupérer de la party de la veille. Maîtresse nous a loué, avec promesse de nous relouer lorsque nos capacités seraient plus développées, pour un tarif très raisonnable mais mystérieux. Nous sommes devenus des escorts d’un genre particulier, des escort-dogs. Maîtresse nous a dit que nous devions être impeccables pour lui faire honneur et qu’elle puisse nous louer plus cher dans l’avenir, lorsque nous serions au top de nos capacités. Je ne sais pas de quelles capacités elle voulait parler.

Le lendemain, vers vingt-deux heures une splendide limousine est venue pour nous embarquer. Le chauffeur a remis un chèque à Maîtresse. Il n’a manifesté aucune émotion en nous menant en laisse jusqu’à l’automobile. Les voisins habitaient trop loin pour nous apercevoir, malgré la limousine dont les éclairages intérieurs nous rendaient visibles. Le chauffeur nous a fait monter à l’arrière de l’auto. C’est ce genre de voiture à rallonge dans laquelle les passagers installés à l’arrière se font face en sirotant des boissons alcoolisées sorties d’un Minibar réfrigéré. Comme dans les films. Nous étions couchés sur le plancher au milieu de nos propriétaires du week-end. Monsieur en smoking nœud papillon noirs et chemise blanche et Madame en robe de soirée, largement fendue sur les côtés et décolleté vertigineux, dont les pans plissés couvraient les seins et se nouaient sur la nuque pour dévoiler la totalité du dos jusqu’à la naissance des fesses. Ils étaient à la fois magnifiques et très tape-à-l’œil, j’étais presque sûre qu’ils étaient dans le milieu du cinéma pour porter des tenues aussi peu mettables. J’ai finalement retrouvé à qui me faisait penser Madame : Jane Russell, à cause de la robe fendue dévoilant de magnifiques jambes comme celles de « Les hommes préfèrent les blondes ». Monsieur, également brun, était savamment mal rasé ce qui contrastait virilement avec son smoking. Madame et Monsieur ne se sont adressés à nous que pour nous dire de suivre exactement leurs ordres ou les ordres de ceux ou celles qui tiendraient nos laisses, ainsi tout irait bien. Si nous avions besoin d’une promenade, nous devions frotter notre joue contre leur jambe et leur pied.

J’étais angoissée lorsque nous sommes descendus de la voiture. Pour la première fois, nous étions exposés sans la protection de Maîtresse. Je ne savais pas comment j’allais réagir face à tous ces regards. J’avais pensé à regarder le sol pour ne pas les voir, mais je ne pourrais pas les ignorer.

Madame a pris la laisse de No et Monsieur la mienne, nous nous sommes dandinés sur les quelques mètres du gravier de l’allée qui restaient à parcourir pour atteindre le perron. Les marches, très larges, très peu pentues, furent simples à gravir.

Deux serveurs ont ouvert une immense baie vitrée à notre passage, ils m’ont matée sans plus ; mes mamelles qui se balançaient dans tous les sens en gravissant les marches de l’escalier ne pouvaient pas les laisser indifférents, j’aurais été vexée du contraire. Je n’avais pu m’empêcher de jeter un coup d’œil dans leur direction en montant les marches.

Le bruit de la salle de réception m’a assailli. Il ne s’est pas atténué à notre entrée. J’ai relevé la tête et j’ai regardé droit devant : « regarder le sol ne change rien, je suis nue à quatre pattes, chienne en laisse volontaire. Regardez-moi tout est défi dans mon regard », ai-je pensé.

Il y avait beaucoup de monde, tout le monde semblait habillé comme pour une cérémonie. La plupart des gens avaient le regard tourné vers Madame dont la démarche féline captait tous les regards. Les portables photographiaient ou filmaient l’entrée. J’ai entendu Madame souffler à Monsieur « tu vois bien qu’il me fallait un chien ». Mais ils ne regardaient pas vraiment No et moi, nous faisions juste partie du décor, des accessoires. Bien sûr ils nous voyaient, ils nous mataient un instant, nous étions le trait d’audace, la touche érotique. Comme un vêtement très ou trop osé. Mais personne n’a crié au scandale ou à la pornographie, ils étaient juste indifférents ou blasés. Pourtant No bandait vraiment bien. Je crois que j’étais déçue et vexée. Je n’ai pas vu d’autres humains à quatre pattes, mais quelques filles aux corps magnifiques et totalement nues à l’exclusion de leurs escarpins à hauts talons assuraient le service. D’autres, dans la même tenue, assises à côté de vieux messieurs solitaires, tentaient une conversation que j’imaginais salace. Enfin nous avons fait halte.

Monsieur et Madame ont reçu maintes félicitations pour leur entrée. Beaucoup de monde se pressait autour d’eux, autour de Madame en fait, monde auquel elle semblait se frotter avec délectation. J’étouffais au milieu de toutes ces jambes agglutinées dans ce peu d’espace. Une fille assurant le service des boissons a failli me planter son talon aiguille dans une main. Elle a à peine murmuré un mot d’excuse inaudible. J’ai failli la mordre, après tout je suis une chienne. Vue de loin, leur indifférence m’avait vexée ; de près, tout ce petit monde avait l’air de se foutre éperdument qu’un couple d’humains soit traité comme des chiens, cela semblait normal, banal, courant. Pas une main ne s’est égarée sur mes rondeurs, pourtant d’une taille suffisamment conséquente pour ne pas être ratées. Je m’attendais à avoir honte de ma situation dégradante et j’avais honte qu’on m’ignore.

Monsieur a pris la laisse de No des mains de Madame et lui a dit qu’il sortait prendre l’air avant que nous soyons étouffés. Je crois surtout que l’assemblée s’intéressait uniquement à Madame, qui en ronronnait de plaisir, et que lui sentait bien qu’il poireautait inutilement, ignoré autant que nous l’étions. Il faisait frais sur la terrasse, mais au moins l’air était respirable. Monsieur nous a dit que si nous avions besoin d’une promenade c’était le moment. Je me suis frotté à sa jambe et à son pied. Nous allions descendre dans le parc quand une jolie femme fort peu vêtue, mais avec élégance (j’aurais pu dire fort élégamment dévêtue) aborda Monsieur. Elle était jolie et blonde, un peu éméchée, assez grande ou suffisamment petite pour que sa vulve, toisonnée de blond et dévoilée entre deux pans de sa robe fendue jusqu’au nombril, soit juste exposée au niveau de ma truffe. Manifestement, cette toison venait d’être souillée récemment, des remugles s’échappaient par les pans de la robe savamment découpée et quelques taches blanches les ornaient telles des décorations d’une ancienne combattante de la baise vite-faite dans un coin mal éclairé. Le haut de sa robe était si minusculement ajusté qu’il devait lui être interdit de tousser sous peine d’exhiber un sein pendulaire ou même les deux. À moins que cette découpe n’ait été prévue dans ce but. Je l’imaginais tousser sur commande pour exhiber un sein, ou deux « kof, oh, désolée un sein m’a échappé, kof, kof, excusez-moi, voilà que le deuxième s’évade ; le premier kof a dû m’enrhumer ».

J’ai compris que Monsieur était haut placé dans le milieu de l’érotisme et de la pornographie dont le cinéma, y compris traditionnel, car la jeune femme le draguait avec insistance dans le but évident d’obtenir un quelconque rôle. Monsieur restait muet tandis qu’elle lui vantait ses capacités multiples. Dans une fiction, elle affirmait qu’elle pourrait facilement remplacer une des serveuses nues ou des accompagnatrices aussi nues, mais causantes. Qu’étaient-elles ? Des danseuses de strip-show ? Des escortes ? Des prostituées de luxe ? Des actrices de porno ? Comme nous quittions le gravier de l’allée pour l’herbe du parc, elle a affirmé qu’elle pourrait facilement prendre ma place au bout d’une laisse. Monsieur lui a répondu pour la première fois :

— Ça, j’en doute.

— Et pourquoi donc ? relança la fille aux seins vagabonds.

— Vous allez voir.

Monsieur nous a amenés au pied d’un arbre, la terre était souple. Nous nous sommes accroupis comme nous y avions été éduqués et nous avons pissé sous les yeux de Monsieur et de la fille.

— Et demain matin, ils auront droit à la grande promenade, ajouta Monsieur.

La fille était un peu choquée par ce qu’elle voyait. Et elle n’avait pas encore décodé la dernière phrase. Puis elle réalisa.

— Vous voulez dire qu’ils… comme de vrais chiens !

— Ben, oui, comme de vrais chiens. Et ils font tout comme de vrais chiens, ça et boire, et manger, et baiser. Vous pensez toujours que vous pourriez ?

— C’est impossible ! Ce sont deux de vos acteurs de porno trash, se scandalisa la fille au point que ses seins faillirent fuir d’effroi.

— Ils n’ont pas le droit de parler, comme de vrais chiens, sinon ils vous diraient leur vérité. Mais non ce sont juste des gens qui vivent leur sexualité déviante jusqu’au bout. Toutes les heures de tous les jours. Alors, vous ne m’avez pas répondu ?

— Non, bien sûr que non, je ne peux pas faire ça, dit-elle en manquant de s’étrangler et se retenant de tousser pour éviter toute débandade de ses attributs destinés à l’effet contraire.

— Bien ! Je retiens tout ce que vous pouvez faire et jusqu’où. Laissez-moi vos coordonnées quand nous serons revenus.

J’appréciais Monsieur de plus en plus. Cette mademoiselle je-sais-tout-faire me courrait sur le haricot. Si elle croyait arriver à remplacer deux semaines de dressage intensif non-stop par cinq minutes de répétitions, non, mais ! On a sa fierté tout de même ! Même nue à quatre pattes et au bout d’une laisse ! Même ignorée par tout le gotha du porno ou de je-ne-sais-quoi-d’autre, qui plus est !

Au retour Monsieur resta sur la terrasse. Madame minaudait toujours entourée de sa cour d’admirateurs. Une autre jeune femme est venue nous rejoindre. Habillée beaucoup plus simplement d’une robe légère, mais non translucide, dos nu, partant du cou et arrivant au genou, de simples ballerines à talon plat, elle dénotait. D’autant qu’elle n’avait pas fait de grands efforts de maquillage, laissant son visage, sa blondeur et ses yeux bleus apparaître dans une simplicité qu’elle seule arborait dans cette soirée. Monsieur était visiblement énervé par l’attitude de Madame et de la précédente candidate, car il a apostrophé la nouvelle arrivante avant qu’elle ne dise un mot.

— Vous aussi vous voulez un rôle ?

— C’est que j’en ai déjà un, je suis votre secrétaire, Nancy. Enfin par votre, je veux dire secrétaire dans votre société.

— Vous voulez une promotion, une augmentation, une prime alors, demanda Monsieur plus détendu.

— Non, juste discuter. C’est une occasion rare de pouvoir parler au patron. Surtout avec de si beaux chiens à ses pieds.

— Vous nous draguez ? Mais au fait, comment êtes-vous entrée ?

— En tant que secrétaire, c’est moi qui envoie les invites ! Je me suis auto-invitée, comme toutes les années d’ailleurs. En fait je drague, oui. Mais je suis lesbienne et il y a un paquet de jolies filles ici, et nues de plus… Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre qui est attiré par les filles comme moi. Et chaque année, je ne repars jamais seule !

— Ah oui ? Je les vois plutôt en train de charmer le vieux bonhomme !

— Leur portefeuille, leur pouvoir. Mais croyez-vous vraiment que le vieux bonhomme les intéresse ?

— Vous marquez le point, concéda Monsieur. Mais moi, je n’ai aucun intérêt de votre point de vue non plus.

— Bien sûr que si, dit la secrétaire en baissant le regard vers moi et fixant ma poitrine avec insistance.

Enfin, mes attraits reconnus !

— Ah ! Vous marquez un deuxième point, mais annulé par l’interdiction que ces chiens ont d’avoir du sexe avec des humains.

— Quel dommage ! Avec une poitrine aussi prometteuse… Même pas un peu de perversité bestiale dans cette soirée ? dit-elle en souriant.

— En y repensant, la propriétaire de ces bêtes n’a pas interdit certaines choses qui pourraient vous convenir…

— Houla, vous voulez dire qu’ils appartiennent à quelqu’un ? Comment dois-je comprendre cela ?

— Il faut un mot d’explication. Cette jeune femelle comme ce jeune mâle ont choisi d’être chienne et chien, mais de manière permanente. Ils ont donc comme tous les chiens du monde une propriétaire qui s’occupe d’eux, les nourrit, les héberge, les dresse exactement comme de vrais chiens… comprenez-vous ? Et je les ai empruntés contre une somme d’argent pour le temps du week-end, mais surtout pour cette party, je voulais frimer, comme pour les filles nues, comme pour la bagnole à rallonge. Je suis un riche producteur, entre autres de porno, vous le savez, queue du diable ! Mais la propriétaire des chiens a mis des contraintes et restrictions à leur utilisation. Voilà.

— Wouah ! C’est… j’ai pas de mots.

— Eux non plus, interdiction de parler.

— Bien sûr. Ils aboient ? demanda la fille faussement ingénue.

— Pas essayé, mais comme je ne comprendrais pas ce langage…

Elle riait franchement.

— Vous disiez que certaines choses pourraient ne pas être interdites… relança la secrétaire toujours riante et faussement ingénue.

— Il ne leur est pas interdit de lécher, ce qui pourrait vous procurer quelques menus plaisirs. Et je sais qu’ils ont été préparés et éduqués au fisting, vous avez des mains fines, de jolis bras aussi fins donc…

— Vous êtes bien tentant ! Pouvons-nous nous isoler ?

— Il y a plein de pièces dans cette baraque, il suffit d’en trouver une de libre ce qui risque d’être moins facile à faire qu’à dire, plaisanta Monsieur.

— Votre compagne ne risque-t-elle pas de chercher votre attelage canin ? rétorqua la secrétaire tandis que nous montions les marches.

— Son statut de starlette lui interdit la solitude dans une telle soirée. Et elle a mon numéro de portable !

Le couloir était moquetté ce qui fut un soulagement pour nos genoux et nos paumes de mains. Maîtresse nous avait mis des protections légères et discrètes qui avaient fini par être usées à cause du frottement répété.

Monsieur entr’ouvrit doucement une première porte. Occupée, dit-il. Il répéta la manœuvre trois fois, sans être repéré par les occupants pris dans des ébats très occupants, avant de trouver une chambre libre.

— Ouf ! dit-il en se tournant vers la secrétaire, c’était l’avant-dernière. Entrons.

Il ferma à clef derrière nous.

— N’y voyez pas un piège, juste un peu de tranquillité et d’intimité pour vous, expliqua Monsieur.

— Vous allez assister à nos ébats ?

— Ça vous gênerait vraiment ?

— En fait, pas tant que ça, votre métier fait de vous un voyeur blasé et moi je suis une exhibitionniste frustrée donc nous sommes faits pour nous voir. Pour nous entendre, en revanche il n’y a que moi qui risque de crier, dit la secrétaire en commençant à se déshabiller.

Elle a appuyé ses fesses sur le bord du lit et écarté largement les cuisses. Monsieur lui avait donné ma laisse. Elle m’amenait vers elle en tirant sur celle-ci. Je la trouvais jolie. Je comprenais ce qu’elle attendait de moi. Elle a écarté ses lèvres. Son sexe était humide. Je léchais tout ce qui se trouvait à portée de langue. Son goût et son odeur musqués m’excitaient. Elle respirait fort. Je lui mordillais le clitoris que je sentais bien ferme sous ma langue. Je jouais avec comme une chienne avec un petit os. Elle glapit. Elle s’est laissé glisser au pied du lit puis s’est étendue sur la moquette. Elle jouait avec ses seins, tirait sur la pointe. Monsieur a approché No. Bon chien il lui a aspiré immédiatement un téton. Monsieur commentait :

— Une bouche est une bouche, peu importe son sexe !

La fille n’a rien dit et qui ne dit mot… gémit son approbation encore plus fort. Elle me tenait la nuque de peur que j’abandonne ma tache, mais il n’y avait aucune chance. Ma bouche était collée sur ses lèvres, ma langue happée par sa vulve, je la buvais, décidée à la boire jusqu’à son dernier cri de jouissance. Ma langue n’était pas aussi longue et aussi râpeuse que celle d’une chienne, mais elle était agile et connaisseuse de la nature féminine. Elle s’immisçait dans les replis et les méandres de son intimité en décuplant les humeurs et les sécrétions déjà abondantes. En levant les yeux, je voyais le membre de No tendu raide comme un manche de pioche. Il aspirait toujours le sein comme s’il le dévorait, les chiens sont voraces. La fille semblait vouloir lui offrir plus encore que ce dont elle disposait en en écrasant les bords. Ses cris se sont faits plus fréquents et plus forts, plus longs, plus rauques, plus « aaah ». Elle jouissait. Elle jouissait fort. Elle a voulu m’arrêter en serrant les cuisses et se débattant, mais je l’aspirais toujours, elle devait jouir encore, encore plus. Je gobais et mordillais le clito. Un autre orgasme l’a pris, elle a relâché la pression sur mes joues et s’est ouverte comme la corolle d’une fleur au matin. Son corps secoué s’est soulevé brièvement puis s’est détendu d’un seul coup dans un râle. Je me suis détachée d’elle.

La fille haletait encore.

Monsieur a permis à No de monter sur mon dos. J’étais trempe, mouillée jusqu’au haut des cuisses. J’exagère un peu, mais si peu. La verge de No tenait raide contre son ventre, tellement bandée qu’il ne pouvait pas la faire pénétrer dans ma chatte, elle glissait en permanence entre mes fesses. Nous n’avions pas droit aux mains et Monsieur l’a compris. Il a guidé la verge de No dans mon sexe.

Impact.

Claquement.

La bite de No m’a projeté dans la salle de réception. Un magnifique doberman au pelage noir lustré, muscles saillants, sur mon échine me burine. L’assemblée est enfin muette, captivée, stupéfaite, pendue à cette immense langue rose qui bave sur mon cou, au souffle chaud qui disperse mes cheveux. Ces pervers endimanchés contemplent la saillie d’une chienne, qu’ils croyaient jouet, par la bête qui couve en eux. Mon orgasme monte dans le silence lourd de tous ces regards avides, de ces souffles courts, de ces respirations moites. La bête me défonce à grands coups de boutoir, je me retiens de pousser des cris d’humaine ; mentalement j’encourage mon dogue à me faire sienne ; chienne quoiqu’il advienne ! Ses pattes me griffent, je gémis, je crie des sons désarticulés. Non, aucun mot ne sortira de cette gueule grande ouverte. Juste un profond râle de jouissance primale, pure, débarrassée de toute contrainte…

J’ai joui quasi instantanément après la pénétration de No, la secrétaire m’étirait les seins, Monsieur me flattait la nuque. No s’est retiré et a lâché une énorme rasade de foutre sur mon fessier. Nous avions vraiment très envie.

Je me suis de suite sentie moins vexée par l’indifférence que les convives avaient manifestée à mon endroit plus tôt dans la soirée.

— Vous parliez de fister ? la fille se remettait de son orgasme et relançait son organisme.

Monsieur nous fit mettre à côte à côte, culs face à la demoiselle.

— Un cul est un cul, deux à votre service, dit Monsieur. Je crois qu’il y a tout ce qu’il faut dans un tiroir d’une table de nuit près du lit. Mais leurs fondements sont bien déjà fondés à vous recevoir.

Il lui a transmis deux gants en latex sortis de la table de nuit ainsi qu’un tube d’une crème que je supposais lubrifiante. Je ne vis plus rien, mais je sentis qu’on m’écartait les fesses puis qu’on m’enduisait le cul de crème. La fille m’introduisit deux ou trois doigts tout en appliquant un mouvement de rotation à son pistonnage. Elle devait appliquer le même traitement à No, car elle demandait à Monsieur de bien lui écarter les fesses.

Je sentis que Monsieur s’occupait à nouveau de mes fesses et m’obligeait à me prosterner vers l’avant de manière à ce que mon fessier soit complètement offert à la sodomie. La fille me pénétrait de plus en plus. La sensation de possession m’a brûlée et m’a déchirée tout à la fois lorsque les os du métacarpe ont franchi la frontière de mon anus et a déclenché un violent désir dans tout mon être. La fille me possédait inexorablement, avec une lenteur qui rendait cette domination bien plus puissante. Cette pesanteur implacable ressemblait à un bulldozer poussant l’orgasme vers mon cerveau, je me sentais impuissante, sans volonté et j’aimais, non j’adorais ça. Plus que ça. Bien plus. Mes reins adoptaient le même rythme lent et oscillant que la progression de la main qui me possédait. J’avais l’impression de jouir à chaque déhanchement. J’avais envie de crier malgré l’interdiction. Hurler pour m’insulter. Me rabaisser. C’était trop bon, je n’y avais pas droit, pas une chienne comme moi. Je gémissais. J’entendais No gémir autant que moi. Sa tête allait et venait, droite, gauche, ses reins bougeaient autonomes. Nous, pauvres chiens, pantins déjantés empalés sur les deux bras d’une jeune lesbienne nue.

La fille arrêta de pousser. J’aurais aimé que cela continue. J’étais bien, mais frustrée. Monsieur dit :

— Parti comme c’est vous pourriez arriver jusqu’au coude !

— Mi-bras c’est bien assez, j’ai peur de ne pas pouvoir m’arrêter. C’est une sensation extraordinaire ! Il faut que je me retire ou je risque de ne plus pouvoir le faire ensuite, j’ai une envie folle de les défoncer sans répit ! C’est dingue !

Monsieur me caressa la vulve et dit que j’étais très poisseuse. Il toucha la bite de No et sentit que du sperme coulait de celle-ci. Il conclut que nous appréciions d’être enculés par ses bras si fins.

Elle s’est retirée néanmoins, aussi lentement qu’elle m’avait prise, laissant en moi un sentiment d’inachevé et d’abandon.

Un bip de portable a rappelé Monsieur à ses obligations.

— Un SMS de ma femme, elle me cherche moi et mon chenil ! En tout cas, si vous le souhaitez vous pouvez postuler pour un rôle d’actrice dans la société en vous recommandant de moi. Pas besoin d’audition !

Monsieur nous a fait descendre les marches lentement. Il s’est d’ailleurs montré extrêmement prévenant envers nous pendant toute la durée de notre location. Location est le mot le plus juste pour décrire notre relation. Pourtant même si c’est dégradant je n’arrive pas à me détester d’avoir aimé cette location. Et puis, être à quatre pattes n’est pas toujours la position la moins honorable.

Madame était très énervée par notre absence, par celle de son mari en tout premier lieu. Lorsque l’aréopage qui l’entourait s’était dispersé, elle n’avait pas apprécié de ne pas trouver sa présence et le lui faisait savoir. Je me demandais quels étaient leurs rapports. J’ai compris lorsque Monsieur lui a signifié bruyamment qu’« il serait temps que tu limites ton rôle de déesse dominatrice égocentrique et narcissique à nos films et à certains de tes admirateurs » puis il lui a tendu nos laisses en lui disant qu’il avait un besoin pressant et a planté sa furie au milieu d’une tirade.

Nous ne l’avons pas revu de la soirée. Soirée s’entendant fin de la party au petit matin. Madame a « couché » avec une des girls (comme quoi la secrétaire avait raison, les vieux bonshommes ne sont pas leurs seuls centres d’intérêt) sur laquelle elle a passé ses nerfs. La fille a reçu une belle fessée, une forte sodomie manuelle et une jolie prime pour tout ça. Mais comme Madame était d’humeur humiliante, la fille sodomisée a dû nous lécher entièrement avant d’avoir le cul libéré par la main de Madame. Nous avons été entièrement et consciencieusement léchés. Vraiment entièrement, Madame y a veillé. Ma vulve a gonflé et coulé de plaisir et No lui a éjaculé sur le visage que Madame lui a nettoyé en pissant dessus. Ce qui a justifié une autre très jolie prime malgré au moins un orgasme non simulé de la fille dont le plaisir aurait pu être défalqué de la prime, mais je crois que madame était trop occupée à jouir à ce moment-là pour s’en apercevoir. La fille a dormi, sans se laver autrement, sur la moquette avec nous, ce qui ne l’a apparemment pas trop dérangé. Madame était vraiment très remontée. Mais la prime a également remonté, une fois de plus. Sûrement parce que c’était l’argent de son mari.

À notre réveil, les filles, serveuses, accompagnatrices, tutti et quanti étaient parties ou toujours endormies avec un bonhomme, vieux et riche de préférence, ou une dame ou autre sexe si disponible. Personne pour servir un petit déjeuner. Madame a prolongé le contrat de la fille pour qu’elle trouve de quoi déjeuner pour tout le monde et continue à satisfaire tous ses appétits. La fille n’a pas demandé de précisions. Le montant du contrat devait être encore plus dissuasif. Toujours aussi nue, elle est descendue préparer petits déjeuners et gamelles.

À son retour, Madame n’a pas lâché sa proie. Elle a exigé que la fille partage notre déjeuner et non celui d’une dame comme elle. Visiblement la nuit n’avait pas atténué la rancœur de Madame envers la fille ou, plus certainement, contre son mari pour être à l’origine de la présence de la fille et de son absence à lui. La fille n’a pas discuté, elle s’est mise à quatre pattes et nous a imités avec application. Lorsqu’elle a eu terminé son bol, No lui a léché le visage souillé par le manque d’habitude et les remugles de ses prestations précédentes, pauvre No. Enfin, malgré ce cocktail de saveurs exotiques, il dardait à faire piquer un fard à une starlette du porno. La fille était aux anges, rouges démons ou blancs paradis je ne saurais dire. Je jetais des coups d’œil furtifs, Madame avait un air méchant ou mauvais en direction de cette fille comme si elle ne pourrait jamais trouver quelque action assez humiliante à lui imposer. Madame l’a chassée. La fille pour la première fois a protesté, elle devait récupérer ses vêtements, son vestiaire était vide et elle ne trouvait personne pour savoir ce qu’il avait pu se passer et où trouver ses affaires. Madame lui a répondu sur un ton cassant que ce n’était pas ses oignons, qu’elle lui avait donné un joli chèque d’un montant substantiel, qu’elle n’avait qu’à s’en servir pour s’acheter de nouvelles fringues, qu’elle devait débarrasser le plancher illico. Se faisant elle a sauté au visage de la fille et l’a presque griffée, elle l’a bousculé pour l’expulser de la chambre et l’a poussée dans les escaliers. La fille en pleurs n’a pas insisté. Madame est revenue dans la pièce en claquant violemment la porte, soufflant et éructant des insultes contre la fille ou son mari, je n’ai pas cherché à comprendre.

Un moment plus tard, le chauffeur de la limousine est venu nous récupérer pour nous ramener chez Maîtresse Amélie. Madame n’y a guère prêté attention et a lancé un « C’est bon, c’est bon, qu’ils s’en aillent ». Intérieurement, j’étais trop contente qu’elle n’ait pas eu le temps de s’en prendre à nous. Extérieurement, je n’avais pas de queue à remuer pour montrer mon bonheur de fiche le camp.

Le chauffeur a ouvert la porte de la limousine. Une musique punk-rock s’en échappait qui contrastait avec le snobisme bourgeois de la limousine :

Now I’m ready to close my eyes

And now I’m ready to close my mind

And now I’m ready to feel your hand

And lose my heart on the burning sands

And now I want to be your dog

And now I wanna be your dog

Now I want to be your dog

Well, come on

Monsieur était installé dos à la route. En face de lui, la fille nue que Madame avait chassée.

— J’assure une fonction de bus ce matin. Bus de l’amour en compagnie des Stooges ! Faire du punk en 1969, en pleine période hippie, il fallait oser, a dit Monsieur d’une voix bien pâteuse pour une heure si matinale.

À travers ses larmes, la fille souriait en direction du chauffeur.

Monsieur reprit :

— Édouard, maintenant que vous avez sauvé cette belle jeune fille d’une situation délicate, tel un parfait gentleman, pourriez-vous vous conduire en excellent chauffeur en ramenant tous nos passagers à destination ?

— Avec plaisir Monsieur.

La vitre de séparation entre l’avant et l’arrière du véhicule était restée baissée. La fille ne pleurait plus et regardait toujours Édouard par l’intermédiaire du rétroviseur intérieur. Machinalement, Édouard rajusta son catogan sous sa casquette.

— Ceci étant, mademoiselle, ajouta Édouard, vous ne devriez avoir honte de rien. Vous êtes une des incarnations de la beauté. La beauté ne devrait jamais être cachée. Elle devrait être admirée dans sa plus pure expression, la nudité, comme celle qui est la vôtre. L’humanité irait mieux si la beauté allait nue sans être inquiétée.

Nous avons été rendus à Maîtresse dans les temps impartis, par Monsieur et son chauffeur-philosophe.

ÉPILOGUE : Être ton dogue

No

Je me suis toujours demandé pourquoi l’image d’un animal tueur aussi pervers que la chatte, jouant de longs moments avec sa proie avant de l’achever (et quelques fois la laissant agoniser sans même la dévorer), était associée à la femme. Est-ce à cause du caractère ronronnant de la bestiole qui serait un leurre dissimulant son caractère sadique et fourbe et qu’il y aurait parfois un fond de réalité dans cette association ?

Et pourquoi dans le même temps, certaines femmes rejettent-elles si violemment le fait d’être chiennes comme une insulte, préférant être traitées de salopes plutôt qu’être comparées à cet animal fidèle qu’est la chienne ?

Lorsque Mat m’a exposé son jeu fantasmagorique, être chien tandis qu’elle serait chienne s’est imposé à moi comme une évidence. Dès lors j’ai suivi sans jamais mot dire, comme un bon chien.

Jamais je n’aurais pu l’accompagner en tant que chat, matou ou pire, minet.

And now I close my mind.

 

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