TAPIN

L’été 1993, Claire continue son expérience de prostituée à Toulouse.

Claire, née en 1966, a vécu intensément de sa puberté à sa grossesse, de 1979 à 1997, sa « libération sexuelle » avec de la délectation mais aussi maintes déconvenues. Le plus original c’est qu’à partir de 1983 elle a en permanence été en couple avec François « le cocu magnifique ». Ami de ce couple sulfureux mais incroyablement attachant, je tente de retracer au travers d’une quarantaine d’épisodes les expériences amoureuses réelles mais aussi « fantasmées » de Claire. Dans chacun d’eux nous aurons leur présentation par Claire elle-même et par les témoins et partenaires, « les autres ».

Claire

Le milieu de la prostitution m’intriguait. François s’y intéressait bien qu’il n’y a jamais eu recours. Il l’avait abordé pourtant de près en particulier jeune à Paris, à Toulouse et à l’époque de son service militaire à Montauban. Il avait beaucoup d’empathie pour les filles essentiellement exploitées et maltraitées et une profonde détestation pour les maquereaux, et les usagers irrespectueux. Animé par un profond féminisme et des opinions de gauche il soutenait le droit à la prostitution pour des « travailleuses libres » et un statut inhérent.

Il y avait toute sortes de putes. Au plus bas celles destinées à l’abattage, souvent des étrangères. A Toulouse suivant les périodes, des africaines, puis avec les années 1990 des filles de l’Est. Venaient ensuite les tapineuses qui comme les précédentes étaient soumises à leur mac. En haut du panier, les escorts ou call-girls plus ou moins indépendantes. Enfin, alors que la pratique était courante à l’Est depuis longtemps, les « occasionnelles » indépendantes, mères au foyer ou étudiantes. La tendance se développait dans nos terroirs en cette fin de XXe siècle. C’est la catégorie dans laquelle je me reconnaissais.

Si j’avais été une cochonne ou une coquine impénitente, je n’avais jusqu’à l’été 1993, eu de réelle démarche de prostituée, c’est un dire un service sexuel contre rémunération, que cinq fois en huit ans avec onze hommes. Donc pas du tout une pro. L’été 1993 il en va tout autrement.

John

John l’ami âgé de Claire dans sa période tepu se souvient :

Un soir du mois d’août 1993 on s’est retrouvé dans un café du centre-ville de Toulouse. Elle était superbe, hyper classe, en tailleur. Tous les mâles la déshabillaient du regard, j’étais très fier d’être aussi bien accompagné, mais certains devaient aussi croire que j’étais son père. Elle ne jurait que par Faïza, sa coach du bar américain, qui lui avait prêté. Elle m’a expliqué qu’elle allait faire du racolage et des passes en nomade dans le centre chic de Toulouse visant principalement, vu la saison, les touristes mâles en goguette. Mais elle avait quelques appréhensions et m’a demandé si je ne pouvais pas l’accompagner ou du moins la suivre. Cela tombait bien : j’étais en congé et n’avais pas de projet de vacances…

Une curieuse situation…

Moi, c’était surtout pour la protéger et être le plus possible avec elle. J’avais bien sûr tout fait pour l’éloigner du tapin mais sans succès… Néanmoins en tant que voyeur patenté j’ai aussi pris un plaisir pervers à son manège même si je n’en suis pas très fier avec le recul.

Combien a-t-elle eut de séances de racolage en ville ?

Au moins une dizaine en quinze jours. Elle commençait à déambuler à l’heure de l’apéro du soir puis cela pouvait durer jusque tard dans la nuit. A l’époque Toulouse était presque vide l’été, il n’y avait plus que les personnes âgées et les vieux ; les banlieusards n’investissaient pas encore le centre comme ce sera le cas avec l’arrivée du métro… Il lui fallait changer chaque fois de secteur pour ne pas se faire repérer par la mondaine. Elle avait chaque fois une coiffure différente, des perruques, et il en allait de même des tenues. Tout ou presque lui allait ! D’ailleurs je l’ai souvent prise en photo seule et parfois avec ses partenaires. Curieusement, la plupart, étrangers et exhibos il faut dire, m’autorisaient à les prendre en action, me considérant comme un voyeur pervers mais pas gênant…

Vous me dites une dizaine de séances en quinze jours, elle n’avait jamais eu cette cadence…

Effectivement. Pour lui éviter des allées et venues je l’ai fait dormir chez moi dans ma chambre d’ami. Je n’ai eu que calques câlins mais j’ai pu la photographier… On rentrait tard dans ma nuit et on émergeait en début d’après-midi. J’étais complètement rajeuni, une vraie vie d’étudiant bohème ! Pendant quelques jours je l’ai eu, façon de parler, presque à moi, j’étais vraiment amoureux. Le drame de ma vie : une seule fois vraiment empégué mais d’une demi-pute…

Vous vous souvenez de ses prestations ?

J’ai oublié plein de choses de ma vie mais pas cela. Je m’approche du départ mais je crois que mes dernières pensées seront pour elle. Je vous avoue que j’ai gardé d’elle une culotte et un porte-jarretelle imprégnés de son odeur qui me font office de doudous lorsque je déprime fort. Ali, qui faisait office de souteneur, lui a proposé un planning et des lieux clés. Elle a commencé par la très belle place Wilson là où il avait les hôtels chics, un cinéma classique et, dans une rue latérale, un cinéma X.

Pour la première, vers 19 heures, Claire s‘installe sur un banc du square Goudouli dans une tenue très coquine mais classieuse. Elle a peu de concurrence. Ce sont surtout des mamies qui occupent le secteur, quelques mères et leurs enfants, des papis sortis faire pisser leur chien et qui stationnent plus de coutume pour mater les cuisses de notre ingénue. Quant aux nombreux passages, des couples et des groupes d’hommes en recherche de distractions sexuelles.

La première soirée elle est très sollicitée par des jeunes, surtout des anglais, mais elle a retenu un bel homme de 50 ans qui l’a invité au restaurant. Comme Ali lui a dit, elle a fait attention avec la boisson, son point faible… Moi je reste à une table proche. Puis ils quittent leur table vers 21 heures, le gars semblant pressé. Elle me fait signe de les suivre, laissant son compagnon un peu interloqué. Elle lui raconte qu’elle est juive séfarade et que dans leurs mœurs, un homme de la famille devait toujours suivre la cocotte du clan, au cas où. Il en prit son parti m’interprétant comme un vieux pervers. Il logeait à l’hôtel mais avait à faire et certainement très envie d’elle : ce fut très rapide. Dès qu’il entre dans sa chambre il se débraguette, s’enfile un préservatif, la retourne, faisant glisser sa culotte, et la prend, fébrile, en levrette. Affaire conclue, il lui donne quelques billets et je repars avec elle, ravie de sa première passe nouvelle formule et moi de mes prises de vues que j’espère réussies.

Il est encore tôt, que faire avant la boite ? Eh bien nous allons au cinéma porno, le Zig-Zag, une institution. Comme les films tournent en boucle, il fallait repérer, les clients potables et rentrer avec eux. Son choix se porte sur deux cadres hindous qu’elle perturbe. Ces derniers ne s’attendaient pas à voir une telle poupée à cet endroit à la limite du sordide. Elle entre avec eux et s’installe au milieu des rangées dans la salle quasiment vide. Moi je m’assieds à l’arrière. Je n’ai malheureusement rien vu mais entendu. Placée entre les deux, ce fut branlettes et pipe et leurs glapissements. Ils rentreront en Inde en soulignant qu’en France il n’y a pas que du vin et fromage mais aussi de belles suceuses.

Fin du film, enfin plutôt fin de la décharge, car les images tournent souvent en boucle dans ce genre d’endroit. Nous voilà à nouveau dans la rue, la nuit est vraiment installée. Direction la boite BCBG, fréquentée par les artistes de passage : l’Ubu. Pas de problèmes pour rentrer malgré le filtrage car Claire ne fait pas prostituée de rue et de plus elle est accompagnée par un vieux monsieur tout ce qu’il y a de correct. Là elle se lâche, en profite pour danser et comme on lui paie pots sur pots elle commence à partir en vrille. Je mets le holà et l’a fait vomir aux toilettes des hommes, celles des femmes étant remplies de pisseuses. Comme elle est penchée sur le lavabo elle offre son arrière-train, avec sa jupette très courte, aux usagers. Deux gars qui l’ont remarqué sur la piste, deux costauds, des rugbymen anglais – Toulouse étant un fief de ce sport ! bien éméchés eux aussi rentrent et l’un s’exclame en se tripotant le sexe : « Oh, great ! The beautiful little bitch you bought a drink for ! » Il se débraguette prêt à l’enfiler, suivi de son collègue. Faisant office de souteneur de secours et tenant à ce que la petite gagne sa soirée. Je calme son enthousiasme et leur signifie qu’en payant ils peuvent : « If you want to fuck her, you have to pay ! » en leur précisant le montant d’une pénétration vaginale. Le premier gars me lâche des billets, largement au-dessus de la somme demandée, lui descend la culotte et se trouve prêt à l’enfourner quand je l’arrête à nouveau. « Compulsory condom ! » Là il s’énerve et me sort une autre liasse de billets de sa poche : « Here, don’t bother me anymore, and let us fuck this little whore ! »

Je ne pouvais faire plus, les deux hommes, même bourrés étaient impressionnants et moi trop freluquet. Revoilà ma Claire, estourbie sur le lavabo, recevoir, à tour de rôle, deux imposants « british mandrins » dans la foufoune. J’ai sous-estimé les rugbymen, car les deux ne lui ont pas joui à l’intérieur malgré leur état. La classe anglaise, j’étais fier de ma patrie ! C’en en fut évidemment assez pour la soirée pour Claire : trois passes, deux pipes et trois coïts ! Le lendemain, néanmoins, je l’ai grondé lui rappelant de faire vraiment attention à l’excès de boisson que la soirée aurait pu se passer beaucoup plus mal. Elle a aussi été très surprise de son pactole et la somme qu’avait donné deux mecs pour la bourrer sur un lavabo !

Un autre soir, toujours à place Wilson, c’est un couple d’Italiens qui l’aborde, mais là je n’ai pas pu suivre. Elle a passé la soirée avec eux à leur hôtel. Elle m’a raconté que cela avait été bien mais un peu long. Car lorsque le mec était vidé c’est sa nana qui la broutait et se faisait brouter. Il y a eu intermède gode et à nouveau une rude du monsieur après un pompier bien appuyé. Mais ils ont été généreux.

Nous sommes aussi allés au parc du jardin des plantes. Là quelques branlettes et pipes à des papis bourgeois et une culbute dans l’herbe, près de cage des singes (il y avait encore des animaux à cette époque), qui n’en pouvaient plus eux aussi et hurlaient à qui mieux mieux… Étonnant !

Enfin il y a eu aussi du peu brillant, des faits que l’on préfère oublier. Au moins deux passages au parking souterrain Victor Hugo à l’heure des retours de fêtes, dont une prise en main par un groupe de jeunes surexcités… Sur injonction d’Ali et pour évaluer ses compétences, on s’est retrouvé à Arnaud Bernard dans le quartier rebeu où elle a fait une soirée abatage – elle m’a dit au moins 10 enfilades – dans l’arrière d’une boutique de tissus dont j’ai été refoulé…

Le reste assez banal.

Vous avez pu recenser le nombre de partenaires et de rapports qu’elle a eu en cette dizaine de jours de suractivité ?

Je dirais au moins une trentaine de mecs, plus d’une vingtaine de coït sans compter fellations et masturbations.

Ensuite elle a arrêté ?

Pas de suite. A la fin août, elle est quand même retournée chez son mec François et ils sont partis en vacances en Espagne.

François ne se doutait de rien ?

Non à priori. Elle lui a dit qu’elle avait bossé quinze jours au noir dans un magasin de fringues – son amie Martine auquel il a posé des questions la couvrait, étant dans la branche – et le fric qu’elle ramenait l’arrangeait bien, l’argent n’a pas d’odeur même de sperme…

Claire

A Toulouse après les passes à l’hôtel et en ville et un expérience d’abattage, je vise le plein air.

En banlieue de la ville rose, le parc boisé de Laramée était, la nuit, l’endroit idéal pour toutes sortes de rencontres aussi bien pour les hétéros que pour les homos et de plus en plus fréquenté par les travelos ou « transgenre », le terme n’était pas encore courant. Comme c’est tout près de chez ma maman, je suis curieuse. En voiture un soir de septembre 1993 alors que je venais d’avoir 27 ans, en roulant lentement, j’observe le trafic. Tout ce va-et-vient m’inspire beaucoup. Les filles sont soit fixes, à pied, soit en « roulante », c’est-à-dire dans, ou près de leurs véhicules.

Il va de soi qu’il me faut tenter l’expérience, passer aux travaux pratiques. Je fréquente ces sous-bois toulousains au moins quatre fois. La plupart du temps je suis en jupette et dessous. La première fois je circule lentement en voiture. Un gars qui me suivait me klaxonne. Belle caisse et cadre chicos. Il me fait comprendre de m’arrêter, me dépasse et je me gare derrière lui. Il me demande mes tarifs : il veut juste branlette et pipe pendant qu’il me reluquera en dévêtue. Faux savoir que par peur du sida, les filles refusent les pipes sans protection ou les pratiquent avec préservatifs. Pour ma part pas question de sucer du plastique. Convaincu qu’on ne choppe pas le virus par cette pratique et vu que j’aime ce contact avec les sexes, je le pompe en le branlant mais n’avale pas.

Évidemment je reviens au parc boisé le soir suivant. Je me gare et j’attends le chaland. Un vient me voir à pied, il cherche une « poilue », il est servi ! Côté conducteur je baisse la vitre. Il souhaite que je le branle direct, la branlette sèche c’est le moins cher. Lui debout contre la porte, m’offrant son engin par la vitre ouverte, moi, restant assise jupe relevée et foufoune à l’air. Vraiment pas fatiguant.

L’avant dernière fois j’innove et quitte mon véhicule. C’est la nuit, mais un lampadaire n’est pas loin. Cette légère obscurité apporte à l’ambiance une tonalité troublante voire inquiétante. Je distingue très mal les hommes qui m’abordent. J’en refoule près d’une dizaine : ce soir je veux un truc original. Enfin un, très classieux, m’aborde très calme. On fume une cigarette et discutons. Avec sa torche il me parcourt, me demande si je suis nue sous mon imper, ce que je confirme : « Tu es celle que je cherche, tu ne fais pas pro, étudiante ? » Je confirme, cela me valorise, c’est mieux que chômeuse demi-pute.

Il me propose une sorte de petit jeu où, moi entièrement nue, on ferait une sorte de petit cache-cache sur un secteur qu’il avait repéré. Il prend le tarif le plus élevé : l’argent n’importe pas, seul l’aboutissement de son fantasme compte. Donc, lui me cherchant avec la torche moi le cul à l’air me débrouillant à travers les arbres – c’était un espace très nettoyé, il avait bien choisi mais je garde quand même mes ballerines au pied pour ne pas marcher sur du verre ou sur les très nombreuses capotes usagées qui jonchent le sol des environs… Pour lui faire le plus plaisir possible, j’essaie des poses complexes m’écorchant les cuisses sur l’écorce. Le petit jeu dure un petit moment quant à son goût je trouve sa pose préférée. Chevauchant une large branche surélevée, je fais des mouvements très suggestifs de mon postérieur où se détache ma large vulve qu’il éclaire de sa torche Il se tape une pignole de sa main droite, fixant la lampe sur mes formes de la gauche.

Mais la quatrième fois, qui sera la dernière, je me fais agresser par des « pros » d’une façon si violente que j’ai la trouille et n’y revins plus. De toute façon septembre se terminait et la fraîcheur arrivait…

John

J’interroge à nouveau John :

Claire mentionne qu’au cours du mois de septembre 1993 elle a eu affaire à son gynéco, a eu une soirée « infirmière » et des passes à Laramée.

Elle ne ment pas. De fait de retour d’Ibérie elle s’est tout de suite emmerdée dans les prairies collinaires gersoises. Donc elle repart « travailler » dans la ville rose. A la fin du mois, elle m’appelle et me dit qu’elle a découvert les passes au bois de La Ramée près de chez sa mère, que cela l’excite beaucoup de s’y essayer et si je peux l’accompagner. Évidemment je suis ravi tant j’ai peur de la perdre de vue.

Vous avez des détails sur cette période ?

Oui ce fut sa dernière expérience de vraie pute. De toute façon il fallait qu’elle arrête. Le gros souci, je l’ai déjà dit, c’est qu’elle picolait trop, vite et mal, à « l’anglaise » justement… Elle disait que cela l’anesthésié, passé un certain grammage, elle ne sentait quasiment plus rien même avec une sodomie et plus rien ne la gênait. Je l’ai accompagné au bois je crois au moins trois fois. Un soir elle a fait des pipes et s’exhibe en restant dans la voiture. Les deux autres fois elle est sortie, dont une en bas, porte-jarretelles et une fourrure que lui avait prêté Faïza. Enfin la dernière fois cela s’est mal passé car elle s’est fait agresser par un client saoul et agressif qui l’a violenté sur un capot de voiture et aussi par des vraies professionnelles…Mais j’ai encore fait de bonnes photos…

Vous l’avez perdue de vue ensuite ?

Hélas oui. Je n’avais pas ses cordonnées précises puis je ne voulais pas l’embêter. Claire m’a cependant appelé une fois courant 1994. Elle m’a dit qu’elle était en semi-dépression, repliée sur elle-même. Elle se faisait sauter de temps à autres par des gars du coin, cyniquement elle se voyait en « demi-pute rurale »… Bien pathétique que tout cela.

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