UN ÉTÉ 67
— C’était vraiment une belle personne… en plus d’être une belle femme.
J’étais perdu dans mes pensées, cette voix me rappelait quelqu’un. Je me retournai sans regarder réellement devant moi, les yeux toujours fixés dans des souvenirs lointains. Le masque sur la bouche et le nez, le bonnet sur le front et le crâne, ne laissaient deviner que le regard protégé par des lunettes de la femme qui m’adressait la parole.
Elle comprit que je ne pouvais pas la reconnaître.
— Michèle, Michèle Destrebois. Tu te souviens ?
Il ne me fallut pas longtemps tellement mes souvenirs actuels étaient plongés dans ce lointain passé. Je souris largement, fis un mouvement vers elle et me retins aussitôt.
— Désolée de ne pouvoir t’embrasser, Loïc, cria-t-elle un peu trop fort à travers son masque, cette merde fait de nous des mort-vivants… Mes condoléances pour ta mère. Je sais qu’elle voulait être incinérée, tu veux que je m’en occupe ?
Je ne disais rien, j’étais toujours KO debout. Perdre ma mère n’était pas une surprise, je m’y attendais. J’aurais voulu qu’elle parte quelques semaines plus tôt, avant que cette saloperie ne s’installe et nous sépare encore plus que la mort ne pouvait le faire. Quelle différence pouvaient faire deux ou trois semaines d’agonie et de coma ? Mais non… Quelle ironie que mourir isolée, lentement, de vieillesse en pleine épidémie de mort rapide.
Je remerciai Michèle en acceptant.
— Tu sais quoi ? me dit-elle. Passe me voir en consultation à mon cabinet après dix-neuf heures, il n’y aura plus de patient après toi, on pourra parler. Ça nous fera du bien, à toi comme à moi.
Elle me tendit une carte où figuraient ses coordonnées et celles de son secrétariat pour prendre rendez-vous.
Ma mère était une mère célibataire à une époque où ce n’était pas du tout évident de l’être. Elle n’était ni veuve ni divorcée, ce qui aurait été socialement plus acceptable ou plutôt moins choquant, pour la société du milieu des années soixante. Fille-mère comme on disait. Mais fille-mère par choix, et non en tant que fille vite troussée dans un recoin, derrière l’église, puis abandonnée dès la première absence des règles. Non. Bien sûr, j’étais trop jeune pour savoir tout ça et encore moins le comprendre. Moi ce que je savais, c’est que c’était la plus belle des mamans. Et c’est vrai qu’elle était belle, vraiment très belle. Je le voyais dans le regard des copains, ou dans les mots salaces et cochons de petits cons que nous étions et que les premiers émois sexuels commençaient à travailler, tellement qu’ils piquaient des magazines avec des femmes nues dedans, à la librairie du coin, même si on ne voyait pas leur sexe à ces femmes parce qu’il était gommé par la censure. Ou je le tirais des réflexions que je captais par hasard, dans les conversations de grandes personnes mais qui de grandes, en fait, n’avaient que la taille. Ma mère était institutrice, chez les filles, car à cette époque les filles étaient séparés des garçons, de l’école primaire jusqu’au collège. Être institutrice lui valait un peu du respect qu’elle n’aurait pas eu si elle avait été caissière, boulangère ou tout autre métier n’ayant pas la responsabilité d’âmes. Mais le fait qu’elle ne soit pas mariée, quand même, une institutrice avec un enfant, ce n’est guère convenable, faisait causer. Aussi elle veillait à ce qu’aucun homme ne franchisse le seuil de la maison sans une bonne raison, comme réparer la plomberie, ou l’électricité, ou sans qu’un témoin-chaperon ne soit présent. Elle se bâtissait ainsi une réputation sans tache et sans amant. Sans amant connu de la communauté. Mais les gens sont méchants. Ce qu’ils ne trouvent pas d’un côté, ils le cherchent de l’autre. Un de mes copains me le rappela, sans vraiment savoir ce qu’il disait. Mais son père l’affirmait, alors…
— Mon père dit que ta mère, c’est une gouine.
Cette phrase déclencha une énième bagarre où, une fois de plus, je défendais l’honneur de ma mère sans réellement savoir pourquoi, car j’ignorais totalement le sens du mot gouine. Sauf que ce mot sonnait porcin, comme couine, comme grouin, comme grouik. Alors c’était cochon ! Et que ce n’était pas dans le dictionnaire, enfin dans mon dictionnaire, le Petit Larousse Poche Expurgé. Donc que ce n’était pas un mot autorisé. Et donc, baston !
On finit par se faire séparer par l’instit, se faire tancer et sommer d’avouer le motif de cette chamaillerie (qui nous valut quelques bleus persistants), motif qu’aucun des deux ne moufta, fierté et honneur de la baston obligent, et enfin on termina collés pendant une heure après la sortie des autres, évidemment à faire des lignes. Ma mère me récupéra, m’enguirlanda et me condamna à la récitation, la pire des punitions possibles. Apprendre une récitation, une bien pourrie, bien longue, bien chiante, par cœur, puis la réciter non pas le lendemain, trop facile pour ma bonne mémoire, mais deux semaines plus tard. Deux semaines à me réciter tous les soirs cette foutue récitation pour être sûr de me la rappeler le jour venu. À ce moment-là, je me demandais si, peut-être, le père du copain n’aurait pas raison, il faudrait que je me renseigne sur le sens du mot « gouine ».
1967, j’avais douze ans, presque treize. 1967, année magique. Pour la musique. Pour l’amour. 1967, année du summer of love, l’été de l’amour. Trop jeune pour le vivre vraiment mais pas trop jeune pour en respirer l’atmosphère. Comme tous les étés, ma mère installait les rideaux à lanières plastiques aux deux portes d’entrée. C’était le signal du début de l’été. Les portes restaient ouvertes, sauf aux mouches, moustiques et autres insectes volants méditerranéens priés de rester dehors et sensés être renvoyés vers leur habitat naturel par ces défenseurs aux barrières multicolores. Les fenêtres étaient équipées de moustiquaires à guillotine de sorte que l’extérieur et l’intérieur pouvaient se fondre dans une seule ambiance parfumée de sensualité estivale. Encore aujourd’hui, le bruit des lanières de plastiques qui se mêlent sous l’effet de la brise d’été, l’odeur du thym, un mélange de romarin, de chèvrefeuille et de genêt enivrent ma mémoire.
Nous allions à la plage, toute proche. Ma mère ne conduisait pas, mais elle était amie avec la prof de français et latin du collège voisin où j’étais en cinquième. La prof de lapin français comme nous l’appelions, avait une 2 Cv Citroën, une dedeuche, décapotable comble des vacances. Et elle nous embarquait et nous trimballait à cinquante à l’heure max, ma mère et moi, jusqu’à la plage. Ma mère et Maïté étaient très amies. Vraiment très, très amies. Au point que l’été, et surtout en cet été 67, Maïté et sa dedeuche restaient souvent garées à la maison. La maison était une petite maison de fonction fournie par l’administration, prévue pour un couple avec deux enfants et donc largement suffisante pour nous deux. Il y avait donc une chambre d’amie qu’occupait Maïté. 1967 était encore l’année de Londres, Carnaby street, des mini-jupes, des robes courtes, des panties, tout un tas de choses qui libéraient les femmes de leur fichu sur la tête, leurs robes tristes avec interdiction de montrer le genou, leurs bas moches et j’en oublie bien d’autres. Année de la jeunesse et de la liberté qui grandissait. Maïté n’était pas jolie, même à douze ans presque treize, je me rendais compte que son menton en galoche, ses grosses lunettes à la Polnareff, son nez très proéminent, lui dessinaient un visage assez moche. Mais elle avait un corps superbe, et des jambes magnifiques et n’hésitait pas à les montrer. Ses jambes et ses cuisses, ses cuisses voluptueuses… C’était autorisé, toléré, supporté plutôt par l’éducation nationale et le reste de la population française. C’était la mode. Pour ne pas choquer l’éducation nationale, nos chères têtes blondes et les néo-féministes pas encore nées, elle portait un panty dont l’extrémité se dévoilait lorsque sa robe trop courte ou sa jupe trop étroite remontaient pour une raison ou une autre : elle se baissait sans plier les genoux pour attraper quelque chose, elle se hissait sur la pointe des pieds pour attraper quelque chose, elle croisait et décroisait les jambes sans attraper quelque chose. Non, là on voyait tout, comme dans Basic Instinct mais avant l’heure et sans loucher exagérément. Aujourd’hui ce ne serait plus possible, les bonnes mœurs veillent. Mais en 1967, on pouvait encore laisser choir divers objets et les ramasser sans se faire insulter par les réseaux sociaux. Et puis c’était l’été de l’amour, pas le long automne-hiver de la haine anonyme.
Pour m’occuper sur la plage, les deux femmes m’avaient chargé d’enduire leur dos d’huile ou de crème solaire. Je prenais ce rôle très au sérieux, mais j’avais douze ans presque treize et, si je l’ignorais encore, un changement était subtilement en train de s’opérer en moi et la peau des femmes en bikinis ne me laissait plus insensible. Je prenais ce rôle au sérieux car une prof, serait-ce une prof de lapin français, qui mettait en garde contre la nocivité du rayonnement solaire et notamment les ultra-violets, ça faisait peur, surtout quand elle s’adressait à ma mère en des termes visant sa plastique.
— Fais attention à bien mettre de la crème sur tes seins, Mylène. Les rayons UV sont mauvais même quand on ne voit pas le soleil, et avec la poitrine que tu as…
Ma mère souriait à ce genre de remarques car Maïté en faisait souvent sur la taille conséquente de sa poitrine.
— Je ne suis pas inquiète, Maïté, je sais que je peux compter sur toi pour la protéger et en prendre soin.
Les changements qui s’opéraient en moi m’aidaient à comprendre quelques-uns des sous-entendus que s’échangeaient les deux femmes. Je ressentais ces changements d’autant mieux et d’autant plus, que parfois, Maïté m’enduisait de cette fameuse crème protectrice et je ne ressentais pas du tout la même chose que lorsque ma mère le faisait. Pourtant les gestes étaient les mêmes, la crème était la même, j’étais le même. Seules les mains qui appliquaient l’onguent étaient différentes. Les mains et tout ce qui était au bout. Mais cette fois-là, je sentis mon sexe se raidir et taper furieusement contre l’élastique de mon slip de bain comme s’il voulait le déchirer pour sortir. C’était à la fois agréable et douloureux. Évidemment mon sexe déformait mon maillot de façon très visible. Cependant Maïté ne devait pas s’en apercevoir, j’étais assis en tailleur et elle s’occupait de mon dos. Je comprenais à moitié ce qui m’arrivait. Ce que je ne comprenais pas c’était pourquoi ça m’arrivait alors que ma prof me passait de la crème sur le dos. Et je ne savais pas quoi faire pour qu’elle ne se rende pas compte de mon état, mon torse et mon ventre n’étant pas encore protégé, lorsqu’elle passerait à la partie avant de mon anatomie
Discrètement je plaçais mon sexe en travers, de manière à ce qu’il ne risque pas de déborder du slip mais c’est là que je me rendis compte que j’avais un sexe adulte dans un maillot de bain d’enfant. Oh, il était couvert mon sexe, mais je ressemblais au bossu de Notre-Dame en version polaroid négatif, bosse à l’avant. Et en un peu plus jeune. Je ne savais plus où mettre mon sexe trop volumineux. Je ne savais plus où me mettre. Je ne savais pas quoi faire de ma bandaison, devais-je fuir ? Devais-je en être fier ? Je n’eus pas à choisir. Maïté me fit mettre sur le dos pour finir de m’enduire de crème. Je surveillais son visage avec angoisse, je vis un petit sourire apparaître subrepticement, puis elle se plaça entre ma mère et moi et sans rien changer à son attitude ni rien dire, me passa de la crème sur le torse. Sans rien changer, c’est inexact. Ses mains se firent plus douces et plus enveloppantes. Je n’avais jamais remarqué la finesse de ses doigts. Ils jouaient sur ma peau avec souplesse, douceur et fermeté. Aidés par la crème, ils glissaient sans effort me procurant des sensations inconnues, électriques. Mais son regard, son regard aussi avait changé. Il allait de mes yeux à mon bas ventre comme si elle surveillait mes réactions, comme si elle scrutait chaque soubresaut de mon sexe. Car je ne pouvais m’en empêcher, mon érection était à son maximum mais ma queue se soulevait au rythme de mes battements de cœur. Ma prof de lapin français m’enseignait à présent le voluptatem, le plaisir. Soudain, soit qu’elle ait détecté une réaction dans mon regard, soit qu’elle ait eu envie d’augmenter la pression, une main descendit sur mon ventre, s’aventura près de l’élastique, le soulevant à peine alors que ma queue se tendait, comme si elle voulait l’aider à se libérer de sa prison de tissu. Elle vit dans mon regard comme une supplique. Elle jeta un coup d’œil en arrière, ma mère écoutait la petite radio Optalix à transistors chanter les vestales vierges de A whiter shade of pale. Sa main plongea sous le tissu et saisit mon sexe, de l’autre main, elle posa un doigt sur ma bouche pour me signifier le silence, car je commençais à gémir un peu fort. Délicatement, elle me masturba en roulant mon sexe contre mon ventre et en le tirant et le repoussant. Je ne tardais pas à jouir, très fort, en arquant tout mon corps. Mon maillot était trempé de mon premier sperme, sa main aussi. Elle jeta un nouveau coup d’œil à ma mère qui était toujours étendue sur le sable à moitié endormie. Ma prof me sourit, passa sa main libre sur mon visage et dans mes cheveux, Elle me prit par la main et me dit « Viens, allons nous baigner ! ». Une fois dans l’eau elle m’embrassa sur la joue et me demanda comment je me sentais. Je lui répondis que j’étais un peu dévarié mais je me sentais bien et détendu. Elle me dit que si je me sentais perturbé il ne faudrait pas que j’hésite à lui en parler mais que c’était normal d’avoir une érection et d’éjaculer, comme je l’avais fait, lorsqu’une femme me caressait. Elle m’expliqua en quelques mots ce que je devais savoir sur le sexe de l’homme, sur mon évolution, sur le rapport aux femmes et un peu sur leur sexualité. Je m’enhardis alors et je lui demandai si je pourrais voir et toucher son sexe, car je n’avais jamais vu de sexe féminin et j’aimerais savoir comment c’était fait. Elle me promit qu’une autre fois ce serait possible. Je n’osais pas demander pourquoi pas maintenant.
Nous retournâmes sur la plage. Ma mère bronzait toujours au son d’All you need is love. Dans une attitude très masculine, Maïté la secoua un peu pour qu’elle trempe son corps dans la belle bleue. Je ne sus jamais si elle lui parla de la manière dont elle m’avait déniaisé. En tout cas, jamais une allusion ne fut faite. Pendant quelques instants, elle avait endossé, tour à tour, un costume de courtisane puis de père.
Le début de l’été 67 était merveilleux. J’étais comme un coq en pâte, les deux femmes me câlinaient, s’occupaient de moi, presque trop – les devoirs de vacances en cahier spécial avec deux femmes dans l’enseignement, ce n’était pas le pied ! Ma mère était franchement heureuse et je sentais autant que je voyais que Maïté la rendait joyeuse et heureuse, heureuse telle que je l’avais jamais vue. Rayonnante de bonheur. En fait, les deux ne cachaient guère leur bonheur, à l’intérieur de la maison. À l’extérieur elles restaient discrètes. Une main qui en attrape une autre, ou des mains qui se poursuivent mais ne se trouvent que dans un grand rire, ou qui caressent un peu de peau dénudée. Ou qui s’effleurent dans un soupir. J’avais douze ans presque treize et je découvrais ce qu’était l’amour. Et il n’était pas entre un homme et une femme mais je n’en faisais pas cas. Après tout, il n’y avait jamais eu aucun homme dans ma vie. Mais ma mère était tellement belle dans ses sourires lumineux de soleil… que je comprenais ma prof de lapin français de ne pouvoir résister à ses charmes, ses agapes comme elle disait. Je n’ai compris l’emploi de ce mot que bien plus tard.
La chaleur étouffante qui régnait incitait à la sieste, la sieste à l’amour, l’amour à l’épuisement, l’épuisement au repos. C’est ainsi que je découvris le corps des femmes. Je ne dormais pas, trop jeune, trop énergique. Des cris m’avaient alerté. Des cris que je ne savais pas de jouissance, ces cris qu’elles n’avaient pu retenir, ces jouissances qu’elles n’avaient pu contrôler. Trop fortes, trop intenses. J’avais écouté, j’avais compris, un peu, il n’y avait rien à redouter. Puis tout s’était apaisé. J’étais monté à l’étage pour je ne sais quelle raison, la curiosité n’y était peut-être pas pour rien. La porte de la chambre n’était pas close et même largement ouverte. Était-ce un courant d’air ? Le courant d’air du destin ou son invitation à la découverte. Les corps nus étaient enlacés et enchevêtrés dans les draps en bataille. J’étais fasciné, hypnotisé. J’étais gêné par la vision de ma mère nue mais par je ne sais quel processus mental, la présence d’une autre femme nue à ses côtés, me désinhibait. Les seins lourds de ma mère se soulevaient et s’abaissaient régulièrement emportant avec eux une des mains de Maïté qui tentait de se maintenir sur un des mamelons. Les visages des deux femmes se faisaient face comme si elles échangeaient leurs rêves dans le mélange de leurs souffles. Je m’approchais pour voir des perles de sueur qui coulaient encore aux commissures de leurs lèvres et aux coins de leurs yeux, dans leurs cous et sur leurs fronts. Je m’approchais plus encore pour entendre leurs respirations apaisées. Je voulais observer leurs sexes, sans honte ni fausse pudeur. Je n’en vis pas grand-chose, dissimulés qu’ils étaient par une abondante toison et par leurs cuisses serrées. J’allais partir un peu désappointé de ne pas savoir encore à quoi ressemblait une vulve féminine quand ma prof s’agita et se tourna légèrement dans le lit, écartant un peu plus largement les cuisses et me révélant enfin le mystère que je cherchais à percer. Était-ce pour tenir la promesse qu’elle m’avait faite quelque temps auparavant ? Était-ce le simple fruit du hasard ? Je restais là à contempler cette déchirure, ce sexe féminin, les grandes lèvres, les petites qui étaient ouvertes et semblaient humides. Dans un geste audacieux je me hasardais à toucher, en pensant, « après tout, chacun son tour ». C’était doux et humide comme je l’imaginais. Elle réagit et gémit, était-elle consciente, rêvait-elle ou bien était-ce le fait de l’avoir touchée ? J’avais envie de réessayer mais je n’osais pas de peur de la réveiller. J’en restais là. Il y avait plus, je le devinais. Cette ouverture je la voyais, je la désirais, je voulais l’explorer, y plonger mais bien sûr je ne savais pas. Je ne savais rien mais, désormais, j’avais très envie d’apprendre. Avant de quitter la chambre, je regardais une dernière fois ma mère et le très beau sourire sur son visage endormi encadré de cheveux fous. Je sus que l’amour physique rendait beau, heureux et désirable.
Nos voisins avaient une fille de mon âge, Michèle Destrebois, et ma mère se proposait pour la garder durant le mois de l’été lorsque ses parents travaillaient, leurs congés étant terminés. Une dedeuche a quatre places, pour aller à la mer c’est impeccable lorsqu’on est quatre. D’autant que Michèle était une boule en latin. Une boule étant une tronche, une bonne élève, la prof de lapin français l’adorait car c’était une des rares élèves à bien suivre ses cours. Le revers de la médaille c’est que les autres élèves l’asticotaient un peu. Quand je dis « asticotaient », j’emploie les termes d’époque. Elle en bavait. Je m’abstenais de participer à ce harcèlement, étant donné les relations entretenues par la prof et ma mère qui m’auraient aussitôt valu une dénonciation et sûrement une condamnation à la récitation. De plus, Michèle était mignonne. Mais les garçons pré-pubères s’en foutent, ils préfèrent tirer les couettes, les nattes ou à défaut les cheveux. Plus tard, ils tirent autre chose, ce n’est pas forcément mieux. Sauf quand ils commencent à devenir pré-ados comme moi et sensibles à certains sourires. Donc à l’été 1967, Michèle et moi nous entendions assez bien. Ce que j’ignorais c’est que Michèle était en train de devenir une pré-ado. Elle et moi étions en avance dans notre développement sexuel.
Ce dont je me souviens, c’est que le jour où ses parents l’ont amené à la maison, Happy together passait à la radio, je savais assez d’anglais pour comprendre le titre. Heureux ensemble. Heureux présage.
À part aller à la mer que pouvions-nous faire ensemble ? Avec une fille ? À cette époque, elles ne jouaient pas au foot. Il y avait les jeux de société… et nous avons commencé, insensiblement, petit à petit, à érotiser ces jeux. Simplement. En ajoutant quelques gages. Bien innocents. Au début. Un bisou par ci, un bisou par là. Un vêtement en moins pour faire le bisou, puis un deuxième. Et puis, si on jouait au docteur et à l’infirmière ou la malade ? Au papa et à la maman ? Heu non, j’ai refusé (en fait, j’ai accepté mais bien plus tard). Et voilà comment on se retrouve à jouer à Adam et Eve, en version mini ou bien à leur tout-tout-début quand ils avaient douze-treize ans, s’ils les ont eus un jour. Nous adorions le moment où nous baissions notre garde, où nous révélions notre intimité à l’autre. Pour dire les choses crûment, chaque fois que je baissais mon slip, je bandais. Mais chaque fois que Michèle me le baissait, j’étais proche d’être en feu. « Come on baby, light my fire ». Elle apprit rapidement à manipuler ma queue pour la rendre raide comme un pieu à tel point que parfois, je ne la sentais plus. J’avais l’impression qu’elle s’était envolée. « Girl, we couldn’t get much higher ». Ou me l’avait-elle volée ? On dit que c’est le rêve des filles de s’attribuer le sexe masculin. Car si Michèle était une première de la classe, elle était travaillée tout autant que moi par sa sexualité naissante. Plus, peut-être. Je dirais même plus sûrement, les filles sont en avance sur les garçons paraît-il. Elle était émerveillée par le développement qu’elle pouvait provoquer en me branlant légèrement, puis plus énergiquement puis enfin par le liquide qui jaillissait et la récompensait de ses efforts physiques en même temps que je me relâchais, épuisé. Elle était aux anges quand elle me faisait éjaculer. Moi aussi, soit dit en passant. Je suppose que l’étude de mon anatomie juvénile a suscité sa vocation médicale par la suite. J’avais quant à moi découvert ses points sensibles. Ses seins n’étaient pas encore très développés mais sensibles bien que peu attrayants de mon point de vue, mais son clitoris existait et un frottement bien réalisé lui procurait du plaisir et même quelques sécrétions. Nous étions donc en avance dans notre développement sexuel et en profitions comme deux petits garnements, que d’aucuns qualifieraient de pervers, mais en cachette avec une grande complicité, presque amoureuse. Tant et si bien qu’elle m’étonna le jour où elle me dit qu’elle allait me sucer. Je me demandais d’où elle sortait ça. Et puis sucer quoi d’abord ? Elle répondit qu’elle avait entendu son père demander à sa mère de le sucer. Et qu’elle avait compris qu’il s’agissait du sexe (elle était intelligente, je vous dis !).
Sucer mon sexe.
Ah.
« The time to hesitate is through »
Donc elle allait me faire pareil parce que si sa mère le faisait à son père, c’est que ça devait être bon
Mais attention, il faudrait que je me lave bien-bien partout pour ne pas sentir le pipi. Je m’astiquais donc au plus propre que je pus, je ne voulais pas avoir l’air bête au moment crucial et répandre le goût d’urine dans la bouche de Michèle. Et nous essayâmes. Je n’eus aucun problème pour raidir dans sa main. « Come on baby, light my fire ». Mais lorsqu’elle m’introduisit dans sa bouche je sentis ses dents et ça me refroidit considérablement. Débandade. « You know that I would be a liar ». Elle ne se découragea pas et pompa mon gland mou du bout des lèvres. « Hum, c’est doux, c’est agréable » fit-elle. Mais je n’étais pas rassurée pour mon intégrité physique. Nous en sommes restés là. L’expérience fut pour moi désastreuse, pour elle agréable et pas décevante. Cependant elle voulut réessayer. Je lui demandais de faire attention à ses dents. Ce qu’elle fit. Je fermais les yeux au moment de l’introduction et j’évitais de penser à des choses désagréables comme une guillotine par exemple. Ce fut une réussite. Une réussite totale. « Try to set the night on fire ». Je jouis d’une manière que je n’avais pas connue et Michèle fut enchantée malgré le fait que j’arrosais un peu son visage et tachais, mais à peine, sa robe. Ça l’avait même plutôt amusée.
Assez pour qu’elle baptise mon gland « son bonbon rose fourré » et qu’elle veuille rapidement recommencer.
« You know that it would be untrue
You know that I would be a liar
If I was to say to you
Girl, we couldn’t get much higher
Come on baby, light my fire »
Les enfants pensent que les adultes ne voient rien, ne se rendent compte de rien. Ma mère et Maïté avaient repéré nos petits jeux depuis bien longtemps. Un garçon et une fille qui passent autant de temps ensemble, pensez donc ! Bien sûr, elles ne savaient pas jusqu’où ces jeux allaient mais elles se doutaient bien qu’il y avait du touche-pipi là-derrière. Elles avaient été jeunes avant nous. Elles ne pouvaient pas deviner que Michèle adorait mon « bonbon rose fourré ». Mais je ne me doutais pas que Maïté était suffisamment perverse pour parvenir à le comprendre. Perverse n’est pas le vrai bon mot. À vrai dire, il n’y avait pas de réelle perversion chez elle. Elle aimait le sexe à l’extrême, sans tabous ni limites. Elle était libre. D’aucuns diraient que c’était une salope, une traînée mais parce que c’était une femme, une femme dans les années soixante qui plus est. Comme elle restait discrète… seuls et seules ceux et celles qui la connaissaient auraient pu l’affirmer mais évidemment ils ou elles n’auraient rien dit de tel. Et moi, je n’ai pu le comprendre que bien plus tard. En revanche, les adultes ne se méfient pas assez des oreilles des enfants.
— C’est une petite coquine cette Michèle, elle est bien en avance pour son âge !
— Ecoute-toi, répondit ma mère, on dirait que tu décris une version miniature de toi-même !
— Hey, je ne sais pas, avec son air de sainte nitouche… je crois qu’elle et ton fils sont allés bien loin dans les jeux de touche-pipi. Et c’est elle qui mène la danse, si tu veux mon avis.
— Ton avis d’experte ! Laisse-les faire, ils se découvrent, ils découvrent leurs corps et leur sexualité…
— Oh, loin de moi l’idée de les en empêcher bien au contraire, tu me connais !
— Tu es une sale vicieuse, et arrête de me peloter les seins.
— Tu m’excites, tes gros, tes énormes seins m’excitent. J’adore les toucher, les malaxer. Hum, tu sais que je ne peux plus me passer de toi ? Je ne sais pas comment je vais faire à la rentrée sans tes nichons à sucer tous les soirs pour m’endormir.
— Fais comme moi, n’y pense pas, on a encore un bon bout d’été.
J’entendis les gémissements de ma mère pour toute réponse suivi du bruit de glissement de tissu sur la peau et le sol.
— Et ton petit bonhomme doit être frustré car la petite Michèle, de ce côté, elle n’est pas encore trop équipée, reprit ma prof.
— Il n’y a pas que les seins chez une femme, souffla ma mère. Mais tu t’intéresses beaucoup à mon fils, dis-moi !
— C’est le seul mâle dans le coin, et tu sais que j’aime aussi les hommes, dit-elle en riant. Et il a une belle queue, ton fils.
— Comment tu le sais ?
— Ne me dis pas que tu n’as jamais vu ton fils en érection dans son maillot de bain ou dans son slip ? D’ailleurs tu devrais lui acheter des sous-vêtements d’une taille supérieure à mon avis, parce que ça déborde !
— Tu es vraiment bien une vicieuse obsédée, toi !
— Oui, et c’est pour ça que je te plais, non ?
L’été s’étiolait mais la passion qui habitait la maison ne faiblissait pas. Au contraire la chaleur qu’elle dégageait semblait vouloir compenser celle que perdait l’été. Mes doigts s’aventuraient plus souvent entre les fesses de Michèle, ma bouche découvrait un peu plus ses lèvres inférieures qui gagnaient en pilosité, mes oreilles s’accoutumaient aux cris de plaisirs féminins adolescents et je devenais plus viril, n’hésitant pas, lorsque les vagues couvraient sa pudeur, à baisser son slip de bain pour marquer ma pseudo-domination. Elle répliquait aussitôt de la même manière, en résultaient quelques luttes qui un jour nous firent perdre toutes ces fameuses pièces de tissus dans la mer. Nos adultes étaient loin, elles ne s’aperçurent de rien lorsque nous sortîmes de l’eau, nus comme des vers, puis nous dûmes marcher jusqu’aux serviettes à la vue de tous, fort heureusement peu nombreux et assez éloignés. Nous restâmes allongés sur les serviettes, nus et serrés l’un contre l’autre le temps de sécher avant de nous rhabiller. Je bandais sans relâche tout du long, mais je découvris que les petits poils du bas ventre de Michèle perlaient d’une humidité dont l’eau du bain n’était pas responsable. Je me serrais plus fort contre elle et elle contre moi. Nous ondulions l’un contre l’autre, nos mains plantées dans nos fesses, nos regards rivés l’un dans l’autre. Soudain Michèle se mit à gémir, je voulus stopper mais son bassin se plaqua plus fort, ses reins oscillèrent plus vite, ses doigts se crispèrent plus intensément, ses yeux me percèrent plus profondément. Puis ce fut à mon tour de gémir, nous soufflions ensemble. Je sentais mon sexe durcir encore. Un frisson me parcourut l’échine. Michèle plaqua sa bouche contre la mienne mais ne ferma pas les yeux, pas plus que je ne détachais mon regard du sien. Unis par nos regards, nous jouîmes ensemble, j’éjaculai sur son ventre, elle lâcha son cri dans ma bouche.
Nous étions presque un couple.
Nos jeux désormais loin de leurs débuts enfantins, étaient facilités par les absences répétées de Maïté et ma mère qui s’isolaient fréquemment pour laisser libre cours à leur propre passion. Maïté ne se dissimulait plus et ma mère ne cherchait plus à repousser ses gestes de tendresse ou même ses attentions intimes. Elle les acceptait, souvent même les cherchait ou les sollicitait. Les mots comme les gestes se faisaient plus précis, plus pressants, plus intenses. Pour la première fois je les entendis s’échanger des « je t’aime » enflammés. Pour la première fois, je les vis s’embrasser, à pleine bouche. Avec passion, sans retenue, sans se cacher. Pour la première fois, j’entraperçus ma mère jouir dans les bras de sa maîtresse car, en cachette, pour une unique fois, je regardais les deux femmes faire l’amour.
Il me semblait que l’approche de la fin de l’été les rendait désespérées, comme si leur relation devait être emportée avec le départ de l’été.
— Il vaut mieux qu’il nous entende dire qu’on s’aime, qu’il nous voit nous aimer que nous déchirer, qu’il voit l’amour et la tendresse que la colère et haine, dit simplement Maïté lorsque ma mère s’inquiéta que je les ai surprises en train de se câliner avec une grande fougue.
Elle me fit approcher d’elles. Ma mère se tenait sur les genoux de Maïté, elle-même assise sur une chaise. La tête de ma mère reposait contre la joue de ma prof. Je crus y voir une larme briller. Elles étaient enlacées dans les bras l’une de l’autre. Sur l’instant je n’y fis pas attention mais elles avaient certainement échangé des caresses intenses car leurs tenues étaient en désordre, dépenaillées comme je ne les avais jamais vues auparavant, de manière officielle bien sûr.
— J’aime ta mère, Loïc, ce n’est pas courant mais c’est possible. Elle m’aime aussi tout autant et nous sommes heureuses, tu t’en rends compte. Mais dans la vie de tous les jours, ce n’est pas encore accepté que deux femmes s’aiment. C’est pour ça qu’il faut être discret mais quand on s’aime ce n’est pas toujours possible, d’être discret. Hélas, ce n’est pas toujours possible de s’aimer. Il faudra que tu sois très discret car ta maman et moi dépendons un peu de toi maintenant que tu sais. C’est d’accord ?
Je n’hésitai pas à répondre oui, mais je ne percevais pas du tout les implications de leur amour. Comment aurais-je pu ?
L’été 67 s’achevait. Non pas l’été car nous étions encore qu’au début de septembre, la rentrée scolaire était proche, et le rideau de plastique multicolore retourna rejoindre le grenier marquant ainsi officiellement le début de la fin. Les insectes trouvaient que finalement, ils étaient mieux dehors. L’été de l’amour se terminait. La parenthèse merveilleuse se refermait sur cet été d’une vie pour une année exceptionnelle dans une vie. « A day in the life » claironnait le sergent poivre des Beatles dans le poste à transistors. Mais la radio de 1967 avait encore de belles choses à chanter.
Michèle me reçut à son cabinet quelques jours plus tard, un peu après dix-neuf heures. Son bureau entre nous constituait une distance sociale officiellement acceptable, un masque sur la bouche suffisait pour nous séparer. Une sur-blouse était obligatoire.
— Je suis arrivé trop tard pour elle, dis-je. Avec toutes les mesures actuelles…
Je ne pouvais pas continuer.
— Ça n’aurait rien changé, elle ne t’aurait pas vu. Ne te reproche rien.
Je ne voulais plus y penser.
— Et toi, comment se fait-il qu’à soixante-cinq ans tu sois encore là ? demandais-je.
— En fait, j’avais pris une retraite anticipée mais avec le virus, j’ai repris du service pour aider, ça a permis de mettre des toubibs en activité sur les points chauds et moi, j’ai repris les consultations classiques. Et toi, marié, des enfants, des petits enfants ?
— Rien. Toi ?
— Pareil. Elle sourit puis reprit. On aurait dû rester ensemble, tu ne crois pas ?
— Les études, les carrières, toi médecine, et bosseuse, moi flemmard comme j’étais, ça n’aurait pas marché… Et puis on a passé cinq années merveilleuses, de la quatrième jusqu’au bac, les plus romantiques de la vie ! Mais je ne t’ai jamais oubliée, on n’a rien oublié, ça compte aussi.
— Tu sais quoi ? me dit-elle, il faut que je te dise. J’ai jamais pu rester avec un mec sans lui avoir fait passer le test du « bonbon rose fourré » auparavant !
— Tu déconnes ?
— Non, non, je t’assure. Il fallait à chaque fois que je goûte son gland. La gueule de certains, je te dis pas ! Pardon, est-ce que je peux te sucer ? Ah, y en a qui étaient contents mais d’autres… pschhh, une folle !
— Et au final, c’était efficace ?
— Le pire était quand je les recalais ! Là, c’était la méga-folle ! Ma conclusion ? C’est à treize ans que les mecs ont le meilleur goût ou plutôt, qu’ils laissent le meilleur souvenir, dit-elle en éclatant de rire puis en me souriant complice.
— Nostalgique ?
— Non, il ne faut pas regretter une époque mais être heureuse d’avoir la chance de l’avoir vécue. Rends-toi compte qu’il y a une génération qui aura commencé par vivre l’amour avec une capote dans la tête et qui s’apprête à ne plus pouvoir se faire de câlins sans surveillance… putain, Loïc, franchement… Nous on a su ce que c’était d’aimer en étant libres, on a pu s’aimer sans se poser de questions. Au moins pendant un temps, on y a goûté malgré tous les interdits… mais eux ?
— La vie devient obscène toute seule, plus besoin de gardiens des bonnes mœurs, fis-je désabusé. Dire qu’on traitait ma mère de… Et avec Maïté ! Obligées de s’aimer de loin, un covid sociétal…
Je soufflais et je me tus. J’étais amer et un peu injuste.
Michèle brisa le silence de sa voix douce, presque enfantine, mais déterminée.
— Je ne sais pas s’il y a quelqu’un là-haut qui écrit le scénario mais si c’est le cas, quand j’y serai, j’ai bien l’intention de lui en toucher deux mots !
Michèle a tombé le masque sans tomber la protection. Elle était mourante, d’une longue maladie comme on dit. Comme elle ne pouvait rester sans rien faire, autant mourir en aidant les autres.
— Je ne devrais pas faire ça a-t-elle dit, mais c’est peut-être la dernière fois qu’on se voit… dignement… et j’ai tellement attendu, espéré ce moment… te revoir était si… je ne sais pas dire. Alors si tu veux bien, j’aimerais qu’on se prenne dans les bras et qu’on s’étreigne.
— Je le veux vraiment aussi. On refermera l’histoire de belle manière, dis-je d’une voix cassée.
Nous nous sommes enlacés. Fort, comme de jeunes pré-ados sur la plage, un été 67. Longuement. Très longuement. Pour la durée d’un été. Pour la durée d’une vie.
Belle histoire, jolis souvenirs … qui en font remonter aussi chez votre lecteur qui avait 14 ans en 1967 !!
Elle s’appelait Laurence et c’était aussi un bord de la mer
La narration est très bonne, l’essentiel de l’érotisme est respecté. J’aime aussi les approches sensuelles de la séduction qui sont claires et progressives. Elles mettent le lecteur en condition faisant monter en lui le désir. Le corps de femmes dans la quarantaine et plus , est bougrement attirant et on sent que la jouissance réclame sa part dans chaque rapport. Les relations entre femmes m’ont toujours attirées et comme tout début les approches sont hésitantes et ciblées. Lorsque l’amie ou bien l’autre nouvellement chassée se rend compte que l’attaque ou l’approche de l’autre est en cours ,les réactions ,émotions nouvelles si elles sont bien relatées sont très jouissives.
Texte pas vraiment porno mais belles imbrications de découvertes heureuses et malheureuses avec divers échos dans notre présent.
Un peu trop romantique ? ou un peu trop subtil ?